Azhar - La syrienne et le voyou. { CORRECTION }

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Ibrahim est ailleurs et cela se fait ressentir dans son travail. Il n'arrive pas à penser à autres choses. Toujours sous le choc, il tente de se remettre les idées en place. Il ne cesse d'imaginer Azhar, avec un autre homme. Depuis que son père a annoncé qu'un homme avait l'intention d'épouser Azhar, il n'a pas dormi une nuit complète.

Azhar avec un autre homme. L'image déclenche en lui des envies de meurtre. De mauvaise humeur, ses collègues préfèrent l'éviter. Tant mieux car, il n'a pas envie de faire semblant aujourd'hui. Trois rendez-vous ce matin, un dossier à rédiger cette après-midi et deux visites. Une journée bien chargée mais, tout cela n'arrive pas à lui ôter de l'esprit qu'un homme à l'intention de venir faire ce que lui n'a jamais pu faire.

La journée à été longue. Sur le chemin du retour, il s'énerve et insulte les autres automobilistes. Ibrahim n'a aucune intention de rentrer mais son père tient à ce qu'il soit là lorsqu'il annoncera la nouvelle à Azhar. Il va l'observer, sonder sa réaction. Il compte surtout enquêter sur cet homme. Il est hors de question qu'elle tombe entre de mauvaises mains. Même si au fond, il sait qu'elle ne peut pas tomber sur pire que lui-même.

Sa mère contrairement à lui, ne cesse de sourire. Elle a étalé les photos du mariage de Azra puis celles de Mounir sur la table, s'imaginant déjà organiser celui de Azhar. Son père, beaucoup plus réaliste, ne prend aucune décision sans l'accord de sa nièce. Lorsque Azhar rentre du travail, la tension en lui monte d'un cran.

Elle marche difficilement à cause de son attelle mais, elle s'est remise des autres blessures presque trois semaines après son accident. Il se souvient encore de ce jour. Il était à son travail, lorsque sa mère a appelé totalement effondrée pour annoncer le décès de la mère d'Azhar et l'accident de celle-ci. Elle ne le sait pas mais, il a veillé longtemps sur elle depuis.

Azhar ne semble se douter de rien. Comme d'habitude, elle se rend dans sa chambre afin de poser ses affaires. Puis, elle prend une douche avant de rattraper ses prières. De temps en temps elle lit, il aime la regarder lire. Parfois, elle s'installe sur le fauteuil et parle des heures au téléphone avec Amine. Ça l'énerve parce qu'elle ne rit jamais comme ça, lorsqu'elle parle avec lui. Elle ne rit jamais, en sa présence.

AZHAR

« Azhar, j'aimerais te parler de quelque chose, me dit mon oncle.

- C'est grave ?

- Non, mais c'est très sérieux. Viens t'asseoir ma fille. Ibrahim va rester avec nous. »

Je regarde Ibrahim assis en face de moi, silencieux. Lui ne me regarde à peine.

- Un homme est venu me voir il y a quelques jours, il m'a dit que son fils voulait se marier. Il m'a parlé de toi. »

Je regarde mon oncle, puis Ibrahim qui garde le silence. J'écoute attentivement ce qu'il me dit. Un mariage. Comme beaucoup de femmes, j'ai toujours voulu me marier et avoir des enfants. Mais, il ne s'agit plus d'un rêve ou d'une envie c'est sérieux, très sérieux.

« Je ne sais pas quoi dire.

- Tu n'as pas à répondre maintenant, intervient Ibrahim.

- Il veut te rencontrer mais, je ne fait rien sans ton accord.

- Je vais y réfléchir.

- Prend ton temps. »

Je quitte la pièce et me réfugie dans la chambre. Encore surprise par la nouvelle, je m'installe sur le lit et l'attend. La connaissant, je sais que dans quelques instants, ma tante va passer la porte avec un catalogue de robe de mariée. J'aurais souhaité me tromper mais, lorsqu'elle entre avec un sourire jusqu'aux oreilles, je comprends que contrairement à mon oncle elle imagine déjà mon mariage.

« Tu ne dois pas trop réfléchir. Ça fait mal à la tête et tu es encore fragile à cause de ton accident.

- Je suis un peu choquée.

- Quelle robe tu aimerais porter ?

- [...]

- Ne me regarde pas comme ça. C'est juste pour savoir.

- Je ne sais pas encore, une robe blanche.

- Une robe blanche et une autre il te faudra plusieurs robes.

- Je ne vais pas me marier.

- Azhar, tu vas me prendre pour une folle ou alors tu vas penser que j'essaie d'influencer ton choix ce qui n'est absolument pas le cas car je t'aime comme ma propre fille et je ne veux pas que tu tombes sur quelqu'un de mauvais. Mais, il y a quelques jours, j'ai rêvé que tu te mariais.

- Avec qui ?

- Je n'ai pas vu son visage, mais c'était réel nous étions tous là et très heureux et toi aussi tu étais très heureuse.

- [...]

- Je te laisse le catalogue et n'y pense pas trop. »

Je n'ai rien dit à Kaïna et Sofia, je voulais garder cette information pour moi. Ibrahim était de mauvaise humeur, pour ne pas changer mais cette fois-ci, c'était différent. Tout cela avait un rapport avec moi, je le sens à la manière dont il me regarde. En fin de soirée alors que tout le monde dort, je n'arrive pas à trouver le sommeil. J'ai besoin de lui parler. C'est dangereux, si on nous surprend je ne pourrais pas trouver d'excuses. Mais, j'ai besoin de savoir. Je veux savoir si nous avons une chance.

Discrètement, je quitte mon lit. J'enfile mes chaussons et sort de la chambre.
Ibrahim ouvre, sur le point d'aller dormir. Il ne porte qu'un tee-shirt et un pantalon de jogging. Il me fait entrer et ferme la porte derrière lui.

« Q'est-ce que tu fais ici ?

- Je...Pourquoi tu réagis comme ça ?

- Comme quoi ?

- Depuis que ton père m'a dit pour cet homme...Tu es de mauvaise humeur.

- Ma vie ne tourne pas autour de toi Azhar.

- Bien, alors bonne nuit.

- Tu vas accepter ?

- Ça ne te regarde pas.

- Tu ne le connais pas.

- Je pensais te connaître toi mais, je me rends compte que je ne te connais pas. Tu ne te connais pas toi-même.

- Qu'est-ce que tu veux Azhar ? Que je te retienne ? Que je te dise de ne pas le faire ? Tu veux que je pose un genou à terre et que je te demande en mariage ? Ça n'arrivera pas Azhar, j'ai un défaut de fabrication je ne sais pas aimer. C'est comme ça et pas autrement alors, n'attend rien de moi.

- Merci, d'avoir été sincère. »

Il me regarde partir mais, cette fois-ci je ne pleure pas. Pas devant lui. J'ai compris qu'espérer ne sert à rien. Il faut des actes concrets. Je ne connais pas cet homme mais, il a eu le courage d'aller parler à mon oncle sans jamais m'avoir vue. C'est un homme comme lui que mon père aurait souhaité pour moi.

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