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Chapitre 10

Après cette courte nuit, le soleil se leva à l'horizon et la jeune femme poussa un grognement lorsque ce dernier l'éblouit une fois les montagnes dépassées. Elle se leva de son siège qui s'était fait inconfortable et se dirigea vers son armoire pour adopter une tenue plus convenable que sa robe de hier soir.

Vêtue d'un jogging, d'un tee-shirt et d'un gilet, elle chaussa ses baskets et saisit les clés de son appartement avant de sortir. Après avoir refermer la porte, elle descendit les escaliers à toute allure comme simple échauffement et sortit de l'immeuble pour s'élancer sur le trottoir, gardant un rythme digne de ce nom. Sa course matinale était quelque chose de quotidien chez elle, une chose nécessaire pour éviter qu'elle ne souffre d'un manque d'exercice. Garder une forme d'enfer était une des armes nécessaires quand chasser était son métier.

Dans un rythme régulier, ses pieds foulèrent le béton et de la vapeur s'échappait de sa bouche à chaque expiration. Les personnes autour d'elle la regardaient parfois étrangement mais elle ne s'en souciait guère et se concentrait à regarder devant elle en évitant les obstacles.

Après plusieurs minutes de course, la fatigue apparut et cela lui parut étrange. Elle qui avait déjà couru des heures avant de ne voir apparaître le moindre signe de fatigue !

Abréger son jogging du matin lui semblait la meilleure idée, mettant la faute sur sa nuit nostalgique, et elle décida de passer par central parc pour rentrer à son appartement miteux qui se trouvait dans les bas quartiers de New-York.

Le béton sous ses pieds fut troqué contre de la terre et les immeubles qui l'entouraient furent camouflés par les arbres et leur important feuillage. Les oiseaux chantonnaient non loin et gazouillaient dans une fontaine tout en profitant du doux soleil matinal pour réchauffer leur petit corps. Tout ça était bien trop idyllique à son goût, si bien qu'elle fut tentée de jouer avec la météo ...
Seulement la tête n'y était pas et elle continua de courir en gardant un bon rythme pour rattraper le fait qu'elle ne courait pas aussi longtemps que prévu.

En passant près du centre du parc, elle remarqua sur un banc un visage familier. Un visage qu'elle détestait voir et qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs siècles. C'est décidément la période des retrouvailles ces derniers temps, grommela-t-elle en se remettant à courir, espérant que ce démon ne la remarque pas ...

- Lilith ! Quelle merveilleuse surprise !

La jeune femme fut tentée pendant un instant de poursuivre sa route en ignorant totalement cet homme qui représentait la désinvolture en personne. Mais à quoi bon ? Il est plus têtu que n'importe quel démon, c'est vous dire ...

- Samaël, ton ironie me désespère ! le salua-t-elle en se tournant finalement vers lui.

Elle croisa ses yeux orangés et ils lui firent se remémorer tous leur moments passés.
L'homme s'esclaffa en retrouvant sa vieille amie et, adossé avec nonchalance sur le banc en bois, détailla du regard le corps dont il avait pu profiter pendant une courte période de son éternelle existence.

- Je te fais remarquer que je déteste Lilith comme prénom, c'est bien trop en rapport avec ... ma vie d'avant, éluda-t-elle brièvement en lui lançant un regard meurtrier.

- Pourtant tu le portes si bien ... Angel ne devrait pas te rappeler d'avantage l'univers que tu as quitté autrefois ?

- Sommes-nous obligé de parler de mon passé ? râla d'une voix claire et cassante la jeune femme tout en le regardant avec mépris, cet homme que l'on surnommait l'ange de la mort.

Un véritable bon à rien oui !

Le démon à la carrure imposante se leva avec souplesse et s'approcha de sa semblable tel un prédateur de sa proie. Leur corps se trouvèrent vite à quelques centimètres l'un de l'autre et elle put sentir à présent l'odeur forte et presque envoûtante de cet énergumène au regard séducteur (qu'elle nommerait de déplorant).

- Tu as raison, à quoi ça sert de se remémorer les vieux souvenirs lorsqu'on peut en créer de nouveaux, lui murmura-t-il d'une voix suave tout en déposant sa main sur sa joue glacée.

À peine eut-il le temps de déposer ses doigts crasseux sur la peau laiteuse de la demoiselle que celle-ci attrapa d'une main ferme le poignet du pervers, si fort que ce dernier peina à retenir un gémissement.

- Dans tous les cas, mon futur est déjà tout tracé et il est loin de toi, je peux te l'assurer. Tu devrais déjà te satisfaire de m'avoir eu une fois et tu es un abruti si tu pensais pouvoir avoir plus. Je ne me satisfais pas d'aussi peu, lâcha-t-elle en demeurant aussi froide et impassible qu'un mur.

- Ah oui, parce que cet Adam parvenait à te combler peut-être ? cracha Samaël, brûlé à vif par la jalousie et vexé du manque de respect de la démone à son égard.

Évidemment, il avait agi sans réfléchir, bien plus occupé à ramasser sa fierté par terre qu'à tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Les mots qu'il venait de prononcer déversaient en la créature un ouragan qui détruisit sur son passage son masque de froideur habituel. Le regard noir de sorti, Samaël frémit à sa vue en se préparant à implorer son pardon. Bien vite, Angel se rappela l'endroit dans lequel ils se trouvaient et elle maudit les humains une énième fois dans sa vie.

- Samaël, dit moi la raison de ta venue ici avant que je ne t'arrache le cœur pendant que tu es encore vivant pour sentir son dernier battement dans ma main.

- Je n'ai pas de cœur, fit remarquer l'homme en tentant de reprendre contenance.

- Évidemment ... Mais douterais-tu de mes pouvoirs par hasard ? commença-t-elle tout bas, d'une voix sensuelle qui avait déjà envoûté tant d'hommes et de démons.

Elle glissa un de ses doigts le long de sa joue alors que ses lèvres frôlaient l'oreille du démon à chaque parole. Tout à coup, elle s'arrêta et recula tout en gardant son doigt placé sous le menton recouvert d'une barbe de quelques jours.

Remarquant son regard fuyard, elle enfonça son ongle manucuré dans la chaire, assez pour y laisser une marque et le sang en découla, ainsi elle lui fit remonter son regard jusqu'à ses yeux pénétrants.

- Douterais-tu du fait que je pourrais te rendre humain le temps de te tuer de la même manière que j'utilise avec eux ? prononça-t-elle en se délectant de la peur qu'elle parvenait à lire dans le regard de l'homme, peur qu'il tentait tant bien que mal de masquer.

- Non Lilith ... Angel ! s'empressa-t-il de rectifier en voyant son regard noir pointer à nouveau le bout de son nez.

- Bien, alors je t'écoute ! s'impatienta-t-elle.

- C'est Lucifer qui m'a ordonné de me rendre à New-York.

- Et pour quelle raison ?

- T'aider à tuer Seth Carter.