La nymphe sanglante

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Je ne sais pas pourquoi je suis là.
Je ne sais pas pourquoi ma famille est morte, et pas moi. Pour quelle raison Nathan et son amie les ont emportés, mais moi je suis restée là, seule. Personne ne m'a rien dit. On m'a juste placée dans cet hôpital. Mais les docteurs ne l'appellent pas ainsi. Ils disent que c'est un ''nazile'', que je suis ici parce que j'ai un problème dans ma tête, et qu'ils veulent m'aider à guérir. Mais je ne suis pas malade ! Les grands m'ont mise là parce que je ne veux plus parler. Parce qu'ils trouvent que mes amis sont bizarres.

Catherine, elle est très gentille. Elle veut que je l'appelle Cathy. Elle me regarde sans froncer les sourcils quand je lui montre mes amis. Elle me rappelle Maman avant qu'elle ne parte de chez Papa. J'aime bien Catherine, et elle aussi, elle m'aime bien. Même si son métier est dur à écrire. Psiquatre, je crois. Par contre, elle a une très mauvaise mémoire. À chaque fois qu'elle me voit, elle me demande la même chose : si je me sens bien, si je peux lui expliquer comment ma famille a disparu. Moi, je ne réponds jamais.

Alors aujourd'hui, elle m'a demandé si je pouvais l'écrire. J'étais d'accord, mais je voulais que personne ne regarde. Je lui ai montré mes amis, et elle a compris. Alors, je suis allée dans ma chambre avec du papier. J'ai fermé les rideaux, et là, j'étais vraiment toute seule toute seule. Alors j'ai commencé à écrire. Je fais ça depuis dix minutes. C'est Cathy qui m'a appris à lire l'heure.

Mon papa et moi, on était chez Tonton Hector, Tata Samantha et cousin Nathan. J'aime bien Nathan, mais il est trop petit, je peux pas jouer avec lui. J'ai presque sept ans, et il en a que quatre. Tonton est policier, et Tata ne travaille pas. Elle reste à la maison pour s'occuper de moi et de Nathan.

Mon cousin a disparu, une fois, près du parc d'enfants. Du coup, tout le monde était très inquiet, ils l'ont cherché partout pendant trois jours. Et puis la troisième nuit, quelqu'un a sonné à la porte. C'était mon cousin, tout content de sa balade. Personne ne sait comment il a fait, vu que même moi je suis trop petite pour sonner. Les grands l'ont tout de suite grondé, comme quoi il ne fallait pas partir tout seul. Mais il a dit : « J'étais pas tout seul ! Ambre était avec moi. » Il n'a voulu dire à personne qui était Ambre.

Le soir, je l'ai vu qui cachait sous son oreiller un petit caillou rouge, mais il n'a pas voulu me le montrer. Lorsque j'ai quand même voulu le prendre, il s'est mis à hurler très fort, qu'il ne fallait pas toucher la graine, que ça allait faire de la peine à Ambre et qu'il ne voulait pas lui faire de peine. Qu'il préférait me tuer plutôt que ça arrive.

Tata est arrivée et l'a grondé parce qu'il criait trop fort. Elle n'a pas entendu tout ce qu'il avait dit, sinon je pense qu'elle l'aurait grondé encore plus. Mais Nathan n'était pas content et ne voulait pas arrêter de crier. Alors, finalement, on m'a fait sortir de sa chambre, et Papa m'a dit que j'allais dormir dans sa chambre avec lui cette nuit.

Je ne me suis pas endormie tout de suite. Papa, Tonton et Tata étaient en train de discuter dans le salon, juste à côté de mon lit. Alors j'ai plaqué mon oreille contre le mur, et j'ai écouté. Tonton était inquiet. Il disait que le parc de jeux était un endroit dangereux. Que des grands y disparaissaient des fois, et des petits aussi. Mais les petits revenaient toujours, jamais les adultes. Et ensuite, les petits et leur famille disparaissaient. Papa riait très fort en leur disant que c'était n'importe quoi. Qu'ils devraient se réjouir que Nathan soit revenu. Je n'ai pas tout compris. Mais ça m'a fait très peur, alors je suis revenue dans mon lit et je me suis cachée sous la couette jusqu'à ce que Papa revienne.

Le matin, Nathan et moi on jouait dans le jardin pendant que Samantha faisait la cuisine. Mais il ne voulait pas jouer, à rien du tout. Il s'était juste assis devant un arbre, et il fredonnait une chanson compliquée, sans quitter le tronc des yeux. Parce que je m'ennuyais, je n'arrêtais pas de l'embêter, alors il m'a dit que j'étais bête et que je devais arrêter de parler. Je lui ai répondu que c'était lui qui était bête et que regarder une plante stupide n'était pas drôle. Il m'a regardée et m'a répondu que je devais me taire, que je ne comprenais pas le jeu. Alors je lui ai dit que si il m'expliquait le jeu, peut-être que je trouverais ça drôle et qu'on jouerait ensemble.

Don't Read at Night | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant