Onze : L'aurore avant le chaos [réécrit]

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   Chapitre flash-back : partie 1


        Ce jour-là, mon partenaire Joe, s'était montré particulièrement distant envers moi, et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Peut-être que ses échecs répétés au cours de ces derniers entraînements avec les autres loups de la meute l'avaient agacé, voire avait fini par plomber son moral. La pression que son père, l'Alpha, lui imposait devait aussi tendre à le rendre angoissé. Pour autant, j'avais l'impression qu'il ne s'abandonnait au mécontentement que lorsque nous étions tous les deux. Je lui en avais parlé à de multiples reprises, car ce n'était pas la première fois que je ressentais cette gêne, mais Joe avait toujours réfuté mes paroles. J'avais simplement tendance à exagérer et à prendre les choses personnellement. Après l'avoir quitté, étant donné qu'il retournait s'entraîner à la chasse avec d'autres jeunes lycans, dont ma meilleure amie faisait d'ailleurs partie, je m'étais abandonnée à mes insécurités. Je ne pus me détendre qu'étant de nouveau seule, grimaçante. J'étais habituée à la froideur et au rejet des autres membres du clan, je n'avais jamais été considérée comme l'une des leurs. Mais jamais mon partenaire ne m'avait fait sentir comme ça.

        Le soleil commençait sa descente dans le ciel grisâtre, et le sentiment de solitude s'abattait aussi sur moi. J'avais tenté de le retrouver au cours de la journée, questionnant les rares personnes qui acceptaient de me voir, sans succès. Personne ne savait, personne ne voulait oser quémander l'attention du futur Alpha pour l'informer de mes recherches. Une Delta dans la fleur de l'âge, avec qui j'avais échangé très peu de fois, finit par m'apprendre qu'il comptait rester en forêt jusqu'au soir. Elle me conseilla de m'occuper autrement, malgré les réticences de son compagnon qui, à ses côtés, tentait de la faire taire. 

        Le rejoindre m'était impossible. J'étais trop précieuse, disait l'Alpha. Trop dangereuse, me hurlait ma mère lorsque me voir devenait trop dur pour elle.  Mortelle pour les humains, qui hurleraient à la mort si ils découvraient ce que j'étais et de quoi j'étais capable. Néfaste pour les lycanthropes, qui me considéraient comme maudites et tenteraient de m'exécuter si je dérapais ne serait-ce qu'une seule fois. Selon le Conseil, comprenant tous les vieux loups de la meute, mon pouvoir était trop grand, trop important pour eux et je devais être protégée à tout prix. Grâce à cela, les autres loups me laissaient tranquilles, et les dominants de la meute tentaient régulièrement d'asseoir leur autorité sur moi pour me rappeler quelle était ma véritable place.

           Pendant des siècles, les loups comme moi avait été reniés, assassinés, nous, brûlés par les humains comme par les lycanthropes. Tous ceux qui connaissaient notre existence nous redoutaient. Nous étions les loups maudits par la déesse Luna, enfants destinés aux nuit d'encres, à la violence et à la mort. À cause de tout cela, j'avais grandi recluse chez moi durant les dix premières années de ma vie, à l'écart de tous les Gammas de mon âge et sans la moindre interaction avec l'extérieur. En plus de chercher à protéger les autres de mon futur funèbre, l'Alpha de la meute avait surtout cherché à éviter qu'un loup trop superstitieux me tue dans un accès de rage.

          Habituellement, j'aurais suivi les règles et serais rentrée chez mes parents dès que j'avais vu le jour se coucher. Cependant, une angoisse m'avait saisie. Je tentai de sentir l'odeur de mon partenaire, afin de le croiser avant de retourner auprès de ma famille. Mes sens n'avait jamais été très développés. Bien que je n'avais jamais rencontré d'humains, on m'avait dit plusieurs fois que mon odorat et mon ouïe était aussi faible qu'eux. L'Alpha m'avait entraîné à perfectionner ces sens mais j'étais restée très mauvaise. Cette fois-ci pourtant, je sentis quelques bribes de l'odeur de Joe. Elle était faible, car datait de quelques temps déjà. Je fus surpris par la senteur qui envahit mon nez ; elle était mêlée avec une autre et je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qu'elle était. Je me rapprochai inconsciemment de l'orée de la forêt. Cette fragrance inconnue m'intriguait trop pour ne pas chercher à en savoir plus.

Mine [en cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant