Chapitre 2, Partie 4

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— Je n'ai pas connu mon père, et ma mère est morte quand j'avais deux ans. C'était une vagabonde miséreuse ─ en tout cas, c'est ce que disaient les villageois. Le boulanger m'a dit qu'elle allait de lieu en lieu, sans jamais s'installer nulle part bien longtemps. J'ai été placée dans une famille du coin sans enfants, mais quand ils ont commencé à avoir les leurs, ils n'avaient pas besoin d'une bouche de plus à nourrir. La mère et le père, les Kiltren, m'ont envoyée au lavoir jusqu'à ce que je sois assez grande pour louer ma propre chambre à l'auberge.

— Hmm. Eh bien, avec un nom tel que Vane, vous êtes probablement une bâtarde de basse extraction. Des yeux plutôt uniques, en revanche, peut-être une mère de lignée étrangère. Les îles sont pleines d'humains aux yeux exotiques, comme les vôtres, dit Dame Serena sans le moindre regret.

Elles étaient secouées par la carriole qui bringuebalait sur le terrain accidenté et inégal. Un soubresaut plus brutal que les autres inclina la voiture à tel point que Ciardis et Serena vinrent buter contre la cloison. Le temps qu'elles se redressent, la colère de Ciardis s'était envolée et elle avait repris le contrôle de son humeur.

Rien de ce qu'avait dit Serena n'était faux ni nouveau à ses oreilles. Les moqueries des enfants du village pouvaient être cruelles. « Petite bâtarde, cul-terreuse », lui lançaient-ils souvent. Parfois, ils allaient même jusqu'à inventer des rimes à leurs chansons pour se moquer d'elle pendant la récréation, lorsqu'ils la voyaient passer pliée en deux sous le poids du linge de la journée. Chaque soir, quand elle se retrouvait seule, loin des regards scrutateurs, elle pleurait avant de trouver le sommeil. Ces insultes lui faisaient mal à l'époque et c'était toujours le cas.

Dame Serena lui dit en la dévisageant :

— Cela arrive même aux meilleurs.

Avant que Ciardis ait pu méditer là-dessus, elle reprit :

— Écoutez, Ciardis, être dame de compagnie, ce n'est pas seulement maîtriser l'art d'un instrument, le son de sa voix et le plaisir que provoque sa présence ─ qu'il soit visuel ou autre. Les dames de compagnie sont plus qu'un beau bijou au bras de leurs maîtres... elles sont utiles. Toutes les dames rendent des services à leurs maîtres. Par exemple, en ce qui me concerne, je suis douée pour la projection. La projection est mon talent magique. Tout ce que mon maître, Seigneur Cannon, souhaite voir, que ce soit concret ou imaginaire, je le lui présente.

Serena ouvrit la paume. Lentement, une vive énergie bleue se forma ─ elle s'éleva en tournoyant au-dessus des lignes de sa main pour se changer en une minuscule tornade de lumière bleue, de la taille d'un chaton. Elle ne tarda pas à se solidifier, prenant la forme d'une Serena miniature, bariolée et vêtue d'une robe somptueuse. La miniature entama une valse dans la paume de Dame Serena, sous le regard émerveillé de Ciardis. Serena dit :

— Je peux choisir la taille que je veux.

Elle agita la main en direction du banc et, soudain, la miniature sauta de sa paume. L'instant d'après, sa version en taille réelle se matérialisa, assise juste à côté de Ciardis.

La version grandeur nature de Serena adressa un clin d'œil à Ciardis avant de se dissiper aussi rapidement qu'elle était apparue. Serena annonça avec fierté :

— J'ai également le rang de maîtresse tacticienne. On ne devient pas officier militaire par la seule magie, mais grâce à mes facultés de mémorisation et à ma capacité à projeter des modules d'entraînement, j'ai formé avec brio les soldats du seigneur Cannon aux tactiques militaires.

— Mais... mais moi je n'ai aucune magie, dit Ciardis, toute penaude.

— En effet, et c'est ce qui rendra votre vie plus compliquée, répondit Serena sans ambages. Certaines dames de compagnie ne maîtrisent pas la magie, mais leurs compétences pratiques sont sans égales. Kira, dame de compagnie et assassin, est si douée dans l'art du couteau qu'elle a tué trois princes à la demande de son maître. Et Miranda, dame de compagnie et artiste, construit des automates si réels qu'ils servent à attirer les clients dans toutes les boutiques de sa maîtresse.

Comme Ciardis s'agitait, mal à l'aise, Dame Serena ajouta :

— Bon, que pouvez-vous faire pour nous ?

Alors que Ciardis ouvrait la bouche pour répondre, Serena l'interrompit d'un geste de la main.

— Et ne me parlez pas des savons.

Le trajet vers la cour de Sandrin serait long.


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⏰ Dernière mise à jour : Oct 05, 2015 ⏰

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