Le Temps du Pouvoir (La Lumière de l'Empire Tome 1 en Francais)

Chapitre 2, Partie 2

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Mais c'était impossible. Cela ne pouvait pas être vrai ─ les dames de compagnie ne quittaient jamais la cour et elle n'en portait pas la marque. Je vais lui vendre le produit et m'en aller, songea Ciardis.

Elle dit à haute voix :

— Je suis désolée, Dame Serena. Je... nous... ne recevons pas beaucoup de dames de compagnie si loin de la cour.

La dame éclata de rire et lui dit :

— Vous allez devoir apprendre à mieux contrôler les inflexions de votre voix, très chère. Vous m'en avez tellement appris en parlant pourtant si peu ! Vous ne me croyez pas, n'est-ce pas ?

Avant que Ciardis ait pu protester, Dame Serena retourna sa boutonnière pour lui révéler le signe authentique des membres de la Guilde des Compagnons.

Là, sous sa clavicule, était tracé l'emblème de la cour impériale ─ un lion rouge dressé, encerclé par une vigne vierge entremêlée, le symbole de la Guilde des Compagnons.

Ciardis ouvrit de grands yeux. Cette marque ne mentait pas. La femme était bien celle qu'elle prétendait être. Les yeux rivés sur les siens, Ciardis murmura :

— Vous le pensiez ? Quand vous m'avez demandé si je voulais être une dame de compagnie ?

La femme hocha la tête en souriant légèrement.

— Vous en avez le profil, et, pourrait-on dire, une allure exotique. Il est impossible que vous ne trouviez pas de maître convenable.

En entendant ces paroles, Ciardis se sentit défaillir. Avant qu'elle ait pu réagir, Dame Serena lui dit :

— Réfléchissez-y attentivement, Mademoiselle... ?

Elle regarda Ciardis en attendant une réponse.

— Ciardis, lâcha la jeune orpheline.

— Oh, même votre nom est adorable. Vous n'aurez pas à le changer.

Dame Serena regarda autour d'elle pour s'assurer que personne ne pouvait l'entendre, puis elle se pencha vers Ciardis et lui dit :

— Mon nom de naissance était Gertrude.

Ciardis réprima un petit rire lorsque la dame se redressa en souriant.

— Ah, vous avez le sens de l'humour ─ très bien. Vous en aurez besoin. Je vous parrainerai, jeune Ciardis, mais ce n'est pas une vie facile. Pourtant, les sacrifices en valent la peine si vous trouvez le bon maître.

Elle rejeta ses cheveux d'un geste altier et poursuivit :

— Nous partons avec la caravane demain matin, Ciardis. Faites vos adieux d'ici là.

Ciardis hocha la tête sans répondre et tourna les talons pour quitter la chambre.

— Très chère ? la rappela Serena d'une voix mélodieuse.

Ciardis se retourna. Dame Serena lui tendait une petite bourse.

— Vos trente-cinq shillings.

Ce ne fut qu'une fois hors de l'auberge que Ciardis réalisa que Dame Serena n'avait même pas envisagé qu'elle puisse refuser son offre.

Quand elle referma la porte et s'y adossa, elle se rendit compte que ses paumes étaient moites et qu'elle transpirait nerveusement. Elle essuya ses mains humides contre sa taille et glissa l'argent dans sa poche, tout en pensant avec admiration : Je doute fortement qu'elle ait jamais essuyé le moindre refus.

*****

Ce soir-là, Ciardis était assise dans sa chambre, en silence. Elle regardait autour d'elle, dans la lueur vacillante de la lampe, posant tour à tour les yeux sur les murs nus, les vêtements usés jusqu'à la corde suspendus aux patères et le matelas rembourré de chiffons.

Rien ne la retenait à Vaneis. Ses parents étaient morts depuis longtemps. Fervis Miller était un idiot et Sarah n'avait aucune intention de l'augmenter, même si elle lui prouvait sans relâche sa valeur. Ses meilleures amies étaient Mags, une jeune femme peu loyale, et Robe, qui remarquerait à peine son absence. Aucune famille, aucune amitié profonde et aucune propriété ne la retenaient ici, dans ce village reculé de province.

Comment la vie pourrait-elle être difficile quand on est une dame de compagnie choyée ? se demanda Ciardis tout en faisant le tour de sa chambre pour ramasser les quelques affaires qui jonchaient le sol, évaluant leur poids et leur valeur.