- Bonjour, vous comprenez ma langue ?


- Oui.


C'était un oui timide, elle semblait avoir des difficultés pour parler. Mais elle cherchait suffisamment de vocabulaire pour me parler. Elle désigna un plateau avec un plat recouvert d'un couvercle accompagné de couverts reposant sur la table qu'elle m'avait apporté.


- Manger.


Elle ouvrit le couvercle et un délicieux fumet embaumait la pièce. C'était un plat de viande mijoté. Une cuisine que je n'avais vu qu'en description dans les encyclopédie en ligne. Même dans les restaurants de luxe, les cuisiniers ne connaissaient plus ce type de cuisson, tellement c'est energivore. Le tout avec un pain maison. C'est une chose d'avoir l'image et la texture, le goût et l'odeur était enivrante. Je n'avais jamais connu que les briques de pain industriel. Je la remerciai chaleureusement. Jamais je n'avais eu la chance de goûter à un tel plat. J'essayai de réfréner mes envies de dévorer afin de pouvoir savourer ce plat. Puis je voyais mon hôte me regarder manger. Il y avait un tension dans son regard. Ses yeux noirs m'observaient non pas de la manière d'un majordome mais je décelais une espèce d'impatience. Je lui proposai poliment :


- Voulez-vous partager ce repas avec moi ?


Elle me regarda surprise. Et me répondit brièvement :


- Non ! Manger pour vous.


Je ne me faisais pas prier et avalais chaque bouchées lentement me régalant des saveurs que je découvrais. Après avoir nettoyé l'assiette, je me redressai repu de cette nourriture typique des montagnes. J'avais l'impression d'émerger d'un rêve. Un rot retenu signifia la fin de ma rêverie. Et je m'adressai à nouveau à mon hôte :


- Excusez-moi, vous n'auriez pas vu mes vêtements ?


Elle réfléchit un court instant puis elle affirma :


- Ils sont... Feu ?


Elle articula doucement les syllabes afin de bien se faire comprendre.


- Brûlés ? Rectifiai-je

- Oui ! Brûlés !


Je la regardai interloqué. Mes vêtements étaient des armures de combats et la plupart ignifugés. De plus j'étais dans une région froide où les températures extérieures dépassaient rarement les valeurs positives pendant plus de 3 mois. Je réfléchis brièvement, il est vrai que le matériel dont je disposais était une cible de convoitise légitime. Mais l'excuse était trop grossière pour être un simple subterfuge. Le repas commençait à me peser et je me sentis très lourd. J'attrapai un verre en métal et regardai sur mon profil droit mon visage dans le reflet. Je vis des cicatrices sur mes oreilles. J'avais été brûlé sur les surfaces ce qui allait rendre une identification difficile des scanners auriculaires. Mais pourquoi ? J'essayai de me redresser. Mais mon propre poids m'empêcha de me redresser. Ma vision devint trouble. Ce repas était empoisonné. Et ce n'était pas une des villageoises.


- Qui êtes vous ? Et qu'est ce que vous me voulez ?


Arrivai-je à articuler. Elle ne me répondit pas et mis sa main sur mon bras reposant sur la longueur de la table. Elle posa deux doigts pour sentir mon pouls. J'avais presque de la bave aux lèvres à force de lutter pour parler.


- Qui êtes-vous !? M'écriai-je


Je la regardai tandis que ma tête basculât dans le vide. Elle me rattrapa au visage et me posa délicatement sur un fauteuil de fourrures soutenus par une structure de bois de la forêt.


Je tentai une ultime fois de lui parler. Mais seuls des râles incompréhensibles sortaient de ma bouche. Puis elle s'installa devant moi. Elle s'attacha les cheveux derrière la tête et mis une paire de lunettes de protection.


- J'ai eu peur que le dosage soit mal fait. Mais je n'ai pas perdu la main. Vous êtes sous l'effet d'une combinaison de plusieurs drogues. On va commencer par la base. Vous clignez des yeux pour me répondre. Un pour un oui et deux pour un non. Allez y calmement. Est ce que vous m'avez bien compris ?


Je clignai une fois.


- J'aimerai que vous soyez attentif à tout ce que je vais vous dire.


Elle me regardait fixement. J'acquiesçai à nouveau.


- Juste pour remettre les pendules à l'heure. C'est moi qui vous ait transporté jusqu'ici. Votre piège aurait parfaitement fonctionné si je n'avais pas été immortelle et si je ne portais pas ce dérivateur de taser en permanence. J'aurai sûrement fini avec le reste de votre chariot.


Elle ouvrit son manteau et en dessous elle montra un dessous avec des tissages métalliques épais et montra un boîtier relié. Elle reprit ses explications :


- J'ai déjà été choqué électriquement et j'évite en général de renouveler cette expérience douloureuse, mais je n'aurai pas cru que vous vous serviriez vous-même d'appât. J'ai reçu une décharge qui m'a mise au sol pendant cinq bonnes minutes. Votre manteau résonnait l'alarme de survie dans toute la vallée. Des qu'il vous a stabilisé. J'ai du le détruire.


Je n'en revenais pas. C'était elle contre qui je me suis battu plus tôt. J'étais pétrifié car j'étais entre les mains de l'un ou plutôt l'une des criminelles les plus recherchées sur au moins 4 continents. C'était un véritable fantôme mais qui laissait de temps en temps, quelques cadavres. Mon mentor l'avait poursuivie durant quatre ans. Et un jour il disparut. Je l'ai retrouvé au fin fond d'un squat crasseux à New Calcutta. Dans la décharge-bidonville que les autorités essayaient de détruire, dans une case au milieu de junkies défoncés au Sublutex, son corps reposait entre deux chimères de prostitution. L'enquête avait conclu qu'il était drogué au Sublutex depuis un an et que la dépression qui s'accompagnait avait eu raison de lui. Je n'avais jamais cru cette version...


- Vous vous posez certainement la question, pourquoi vous êtes encore en vie ? Parce qu'il va s'en dire, j'ai déjà tué bon nombre de chasseurs la plupart comme vous. Mais j'ai effectivement besoin de vous.


La Chasse aux ImmortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant