Chapitre 6

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« Vous n'avez pas à prendre ce genre d'initiatives ! Vous n'êtes pas policier, que je sache ! tonnait Fischer dans son bureau.

— Du calme, Tobias, le prof a cru bien faire », voulut le tempérer David.

Mais son supérieur ne voulait pas en rester là.

« Qui m'empêcherait de vous jeter en prison et de vous garder ainsi sous la main pour vous éviter de refaire ce genre de conneries ! »

Harper grimaça. Il avait bien la réponse, mais elle risquait de déplaire à son capitaine. Pendant ce temps, Hicks encaissait sans broncher, le regard vide, l'air exténué. Quand il le raccompagna, Dave confirma les propos de Fisher :

« Tu nous as fichu une sacrée trouille.

— Désolé, répondit le professeur, laconique. Je pensais pouvoir raisonner Myles. Je le connais !

— Deux fois, tu t'es frotté à lui de ton propre chef. La première fois, il t'a envoyé à l'asile, la seconde, il aurait pu t'envoyer à la mort, rétorqua le policier.

— Il tue des gens. À cause de moi.

— Tu n'as pas à porter le poids de ses actes. »

Joignant le geste à la parole, Harper posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune homme. Ce dernier lui adressa un sourire las.

« N'empêche, ce que tu as fait aujourd'hui..., commenta Morgan une fois dans l'ascenseur.

— J'en suis quitte pour un sacré mal au crâne, réagit Dave en se frottant la nuque.

— Je te dois la vie.

— Tu aurais fait la même chose pour moi.

— J'en doute, le contredit le professeur avec une moue sceptique.

— On l'aura, je te le promets, Morgan. »

Hélas, une mauvaise surprise les attendait dans le parking souterrain : Samantha Hicks sortit de sa limousine dès qu'elle aperçut les deux hommes. Elle était accompagnée par une jeune femme que David détesta au premier regard. Elle ressemblait à une version plus jeune de la mère de Morgan. Brune sophistiquée, elle devait passer un temps considérable chez le coiffeur.

« Ma sœur, Rachel », la présenta Morgan avec un manque d'enthousiasme évident.

Mme Hicks se précipita pour prendre son fils dans ses bras et l'examiner sous toutes les coutures.

« Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ? se jeta-t-elle ensuite à l'assaut du lieutenant. Vous étiez censé protéger mon fils !

— Maman ! s'insurgea le jeune homme. Ce n'est pas la faute de David. J'ai pris seul cette décision. Je voulais arrêter le massacre.

— Et te jeter dans le piège de ce tueur !

— Si je n'approuve pas la méthode, Mme Hicks, force est d'admettre que par cette action, votre fils a réussi à prouver son innocence. Myles a reconnu les crimes dont on l'accuse et a, de ce fait, mis votre fils hors de cause.

— Mais il court toujours, lui fit remarquer Rachel d'un ton sec en le toisant avec les mêmes yeux gris que son frère. Te rends-tu compte de l'état dans lequel tu mets notre mère ? s'adressa-t-elle ensuite au professeur qui n'apprécia pas sa remarque.

— Je ne suis plus un gamin et n'ai aucun besoin que tu me fasses la morale. Si vous êtes venue toutes les deux pour un scandale, autant en rester là. »

Il leur tourna ostensiblement le dos et se dirigea vers le pickup de Harper. Au moins, le message était clair.

« Mesdames, les salua le lieutenant avec un geste de la main.

Harper & HicksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant