Chapitre 22: Après l'ouragan

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Deux jours après la finale, les vestiaires étaient calmes.

Les trophées avaient été rangés, les maillots pliés, et le parquet brillait sous la lumière du matin. La salle ne résonnait plus des cris, des appels, des rires. Juste des souvenirs.

Suna était assis sur le banc, son sac ouvert à ses pieds. Il tenait son maillot noir entre les mains. Le numéro 10.

— Tu regardes ton maillot comme si t'allais l'épouser, lança Atsumu en entrant, son sac sur l'épaule.

— Il m'a plus soutenu que toi, répondit Suna sans sourire.

— Touché, ricana Osamu en les rejoignant.

Kita entra en dernier. Il posa ses clés sur l'étagère, puis regarda les trois troisièmes années.

— C'est notre dernier passage ici.

Un silence.

— On a bien fait les choses, dit Suna.

— Carrément, ajouta Aran en passant la tête par la porte. On a marqué ce parquet.

Et tous le savaient : c'était vrai.


Quand Émi retrouva Suna à la sortie du gymnase, elle le vit jeter un dernier regard derrière lui.

Elle sourit doucement, puis ouvrit les bras.

Il s'y glissa sans un mot.

Elle sentit son souffle dans son cou. Calme. Régulier. Mais ses mains tremblaient légèrement.

— C'est fini, souffla-t-il.

— Oui. Mais regarde ce que t'as accompli. Ce que vous avez construit.

— C'est ça le pire. Que ce soit fini alors qu'on était au sommet.

Elle posa une main sur sa nuque.

— C'est pas la fin. C'est une autre étape.

Il releva la tête. Ses yeux étaient un peu rougis, mais il souriait.

— Tu veux que je pleure ?

— Non. Mais si tu veux, je peux pleurer pour toi, murmura-t-elle en riant doucement, les larmes aux yeux.

Et elle le fit.

Quelques semaines plus tard, la cérémonie de fin d'année réunit tout le lycée. Les familles étaient présentes. Les professeurs souriants. Le directeur solennel.

Suna portait l'uniforme impeccable, la cravate droite — une rareté. Émi était juste derrière lui dans la file. Quand elle le vit tourner la tête, elle sourit.

— Tu vas survivre à trois heures de discours ?

— Je suis en train de négocier intérieurement avec ma volonté de vivre, murmura-t-il.

— Tiens bon. Tu seras officiellement diplômé. Et ça mérite un baiser.

— Maintenant ou après ?

— ...Après.

Il leva un sourcil, un petit sourire aux lèvres.

— T'es cruelle.

La remise des diplômes se fit dans le calme. Kita monta sur scène, droit, digne, recevant son certificat sous les applaudissements. Puis Aran. Puis Atsumu et Osamu — qui faillirent trébucher en riant.

Et puis Suna.

Il monta, le pas tranquille. Regard ailleurs. Mais lorsqu'il saisit son diplôme, ses yeux balayèrent la salle — et trouvèrent ceux d'Émi.

Elle avait ce regard qui disait : "Je suis là. J'ai toujours été là."

Et pour la première fois depuis longtemps... Suna sourit vraiment.

Quelques jours plus tard, dans le calme d'un après-midi d'été, Émi était allongée sur le lit de Suna, son menton posé sur ses bras croisés. Lui était adossé au mur, jambes étendues, le téléphone à la main.

— T'as réfléchi à la fac ? demanda-t-elle.

— Ouais. Je pense que je vais postuler à celle de Tokyo avec le programme de sport.

— Donc tu continues ?

— J'ai envie. Mais j'veux surtout pas m'éloigner de toi.

Elle le regarda, attendrie.

— Moi aussi je postule à Tokyo. Département lettres. Et j'espère qu'on aura un appart ensemble.

Suna leva un sourcil.

— Tu veux vivre avec moi ?

— T'as peur ?

— ...Non. Juste surpris que t'en parles aussi naturellement.

Elle se releva sur les coudes, s'approcha de lui, et lui vola un baiser.

— T'es mon copain, pas juste mon passe-temps.

— T'as dit ça comme une menace.

— Peut-être que c'en est une.

Il l'attira contre lui, passa une main dans ses cheveux, et l'embrassa plus longuement.

Ils avaient traversé tout un lycée. Et maintenant... ils allaient apprendre à vivre ensemble. Pour de vrai.


Quelques jours après la cérémonie, les anciens troisièmes années s'étaient retrouvés au gymnase, vide mais symbolique.

Kita, Atsumu, Osamu, Aran, Suna.

Et Émi, bien sûr.

Ils s'étaient posés en cercle au centre du terrain.

— J'vous jure, dit Osamu en mordant dans un onigiri, j'me sens plus léger, mais ça me manque déjà.

— On devrait se retrouver tous les ans ici, proposa Aran.

— Chaque 10 mars, dit Kita. À midi. On s'envoie un message avant.

— Et celui qui vient pas, on le kidnappe, ajouta Atsumu.

Suna ne disait rien. Il regardait ses amis, son ancienne équipe. Et il pensait à ce que cette salle représentait.

Puis, il serra la main d'Aran. Tapota l'épaule de Kita. Frappe doucement le front d'Atsumu. Et se tourna vers Émi.

— T'es mon nouveau quotidien.

— Chanceux, souffla-t-elle.

— Ça dépend. Tu cuisines toujours pas ?

— Suna...

— ...D'accord, j'ai hâte.


Sur le toit du lycée, au coucher du soleil, Suna et Émi regardaient l'horizon.

— Ça fait bizarre, dit-elle. On a fini.

— On commence surtout autre chose.

Elle se tourna vers lui.

— Tu sais que j't'aime, hein ?

Il la fixa longuement, sa main cherchant la sienne.

— Ouais. Et j't'aime aussi.

Il déposa un baiser sur sa tempe.

Fin du lycée. Début d'une nouvelle histoire. Et ils étaient prêts.














C'est la fin de l'histoire mais bien évidemment il va y avoir des épisodes bonus afin de voir comment nos deux têtes de mules se débrouillent dans la vie d'adulte.

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