Némésis

CHAPITRE 26

« Feindre de croire un mensonge est un mensonge exquis. »
Maurice Chapelan

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Ambre

J'ai attendu Isaac toute la journée.

Je sais de source sûre qu'il a quitté l'hôpital ce matin, pourtant, il n'est toujours pas rentré. Et il est hors de question que je m'en aille sans avoir eu le fin mot de cette histoire.

J'ai envie de savoir pourquoi il a menti. J'ai besoin de savoir.

Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit et je n'ai pas non plus eu l'énergie de plonger la tête dans les documents que j'avais récupérés chez Evan. La seule chose qui m'obsédait, c'était de savoir s'il savait depuis le début.

Est-ce que depuis le moment où j'ai mis les pieds à ce gala, il était au courant de mes intentions à son égard ? Est-ce qu'il a enquêté plus tard ? Comment il a découvert la vérité ?

Parce que s'il le sait, alors je ne suis plus en sécurité entre les murs de cette demeure que j'avais presque réussi à considérer comme ma nouvelle maison.

Mais en même temps... ça expliquerait tant de choses.

La façon dont il a si facilement accepté ce mariage alors que je lui avais avoué vouloir m'en prendre à son père. Cette facilité avec laquelle il m'a laissée entrer dans son monde sans que je ne me doute de rien.

J'ai besoin de savoir ce qu'il sait d'autre. Jusqu'où il a découvert la vérité et si tous mes efforts sont finalement vains.

Et moi qui pensais le mener en bateau depuis le début. J'ai été stupide. Encore une fois.

Je tiens fermement les documents que j'ai imprimés dans son bureau comme preuve entre mes doigts alors que Sofiane m'observe sans parler depuis le canapé qui me fait face.

Il est aussi perdu que moi, je le vois bien à la façon dont le pli entre ses sourcils se creuse à chaque fois qu'il pose les yeux sur les documents en ma possession.

— Tu ne le savais vraiment pas ? je demande, les lèvres pincées.

Il hoche négativement la tête, avant de se gratter la nuque, mal à l'aise.

— Je croyais qu'il te disait tout, je rajoute.

Mes jambes n'arrêtent pas de trembler. J'ai beau essuyer mes mains contre mon pantalon, elles restent moites malgré tout.

— Il faut croire que ce n'est pas le cas, me répond Sofiane en s'affalant dans le canapé.

Un rire amer m'échappe alors que je feuillette à nouveau les papiers que j'ai entre les doigts.

Il a de quoi créer une putain de page Wikipédia sur mon père, et pendant tout ce temps, il a fait comme s'il ne savait rien.

Il savait que je refuserais de l'épouser dans le cas contraire, c'est pour ça qu'il n'a rien dit.

N'y a-t-il jamais eu un moment où il n'a pas menti ?

Tous ces mots bienveillants qu'il m'a dits n'étaient probablement qu'une énième façade pour me brosser dans le sens du poil. J'ai baissé ma garde, et je me suis faite baiser.

Toutes ses confidences étaient calculées.

Moi qui avais presque pitié de lui...

La porte s'ouvre à ce moment-là, et j'ai toutes les peines du monde à tourner les yeux dans sa direction.