33 - La Maison des Cauchemars (partie 3)

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Le ciel pesait au-dessus de vous comme un couvercle de cendres et vous écrasait de sa noirceur étouffante. L'Impala s'était arrêtée dans un silence pesant au bord du sentier, ses phares s'étaient éteints comme un dernier souffle avant la plongée. Devant vous, la silhouette noire de la maison se découpait entre les arbres, plus lourde, plus mauvaise, presque... vivante. Comme un cercueil debout, un piège encore ouvert. L'air lui-même semblait retenu.

Dean sortit le premier de la voiture, lentement, le pas lourd, tendu, ses bottes crissant sur le gravier. Il ne dit rien, pas besoin. Sa mâchoire parlait pour lui. Il regardait la bâtisse, comme on regarde une tombe ouverte. 

Toi, tu restais à l'arrière, les doigts serrés sur la portière. Tu n'avais pas froid, mais tu tremblais. Puis, tu sortis lentement. Aucun mot n'était nécessaire car vous saviez tous. Ce soir, il n'y aurait pas de retour sans feu.

Sam referma son ordinateur portable dans un claquement discret et descendit à son tour, calant son sac en bandoulière. Il souffla doucement, les traits tirés, le front plissé par des heures de recherches et de doutes. Il se retourna vers toi, sans rien dire.

Dean marcha jusqu'à votre côté, mais il ne te regardait pas encore. Ses yeux restaient rivés sur la maison, les bras croisés contre sa poitrine. Tu sentis pourtant son inquiétude flotter dans l'air, comme une vibration sourde. Il ouvrit enfin la bouche, la voix plus grave que d'habitude :

«On sait tous pourquoi t'es là aussi, T/N.» Il marqua une pause.
«Et on sait tous que t'es la seule à pouvoir mettre fin à cette saloperie.»

Tu baissas légèrement les yeux. Il n'y avait pas de colère dans sa voix, juste une tension contenue, et un poids immense.

Sam s'approcha à son tour, le regard calme mais inquiet.
«On a encore rien de concret sur l'endroit exact où les restes sont planqués... Mais ce qu'on sait, c'est que la maison réagit à ta présence. C'est elle qui t'ouvre les portes et elle t'attend.»

Tu hochas lentement la tête, la gorge serrée. Tu le savais. Tu le sentais depuis la première nuit, mais ton regard était décidé.​

«Si je ne le fais pas, je vais mourir ici, comme les autres. Peut-être pas cette nuit, mais c'est inévitable. Et d'autres mourront après moi. Alors si j'ai une chance d'arrêter tout ça... juste une... je la prends.»

Dean tourna enfin la tête vers toi et t'observa longuement. Ce n'était pas de la peur. Ce n'était pas de la colère. C'était cette espèce de panique silencieuse qu'il ne montrait jamais — sauf quand il était sur le point de perdre quelqu'un qu'il ne supporterait pas de perdre. Tu le fixas sans comprendre, et Dean claqua sa main sur la carrosserie de l'Impala, exaspéré, essayant de contenir sa frustration.​

«T'es pas toute seule.» Sa voix se fit plus douce, mais plus grave encore.
«On rentre tous les trois, ensemble. Et on ressort tous les trois. Pigé ?»

Tu soutins son regard, mais tu vis sa mâchoire se crisper.

Sam acquiesça, sa voix plus posée :
«Une fois là-dedans, tu fais ce qu'on a répété. Si tu ressens quelque chose, un appel, une présence... tu nous le dis tout de suite.»

Dean hocha lentement la tête. Puis il s'approcha, jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de toi. Sa main se leva, hésita... puis il la posa doucement sur ta joue. Son pouce caressa ta tempe, et son regard te traversa comme un orage muet.

«J'te lâcherai pas, quoi qu'il arrive.» Sa voix n'était plus qu'un souffle.

Il laissa retomber sa main, se redressa, puis lança un regard noir vers la maison.
«On y va. Et ce truc... on le termine ce soir.»

SUPERNATURAL - One ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant