« Le vrai courage, c'est la prudence »
Euripide♛♛♛
Isaac
Le bureau de mon père est en désordre. Et je l'avoue, c'est de ma faute.
La conversation que j'ai eue avec Ambre il y a quelques jours m'a remis les idées en place.
C'est à moi de mettre un terme au règne de mon père. Ni Ambre, ni personne d'autre ne doit s'interposer. Mais pour ça, j'ai besoin de preuves tangibles. C'est pour ça que j'ai attendu qu'il quitte le bâtiment ce soir avant de m'introduire dans son bureau.
Désormais, il ne reste plus personne dans le grand building de l'entreprise, en dehors des rares employés et des agents de sécurité.
J'ai fouillé la totalité de ses tiroirs, entre ses livres, j'ai même tenté d'ouvrir son ordinateur, mais il faut que je me rende à l'évidence : ce n'est pas ici que se cachent les documents qu'il garde si précieusement.
Il doit les garder au chaud, chez lui, dans son coffre-fort. Mais je tenais tout de même à vérifier par moi-même qu'il ne possédait rien ici, avant de m'aventurer en territoire ennemi. Parce que c'est de cela dont il s'agit. La demeure de mon paternel représente tout ce que je déteste. Les murs de sa maison sont aussi froids que son affection.
— Tu devrais ranger avant que quelqu'un n'arrive, me prévient Sofiane en restant en face de la porte pour faire le guet.
— J'ignorais que Seto prenait autant ses précautions, je murmure en m'attelant à la tâche.
Il faut croire que l'incident qui a eu lieu il y a dix ans a eu le mérite de faire de lui un homme constamment aux aguets. Lui qui avait une confiance aveugle en ses hommes, s'est transformé en vrai parano depuis. Son cercle privé s'est restreint à une seule personne : Evan Williams. C'est pour cela que personne n'arrive à l'arrêter. Les quelques fédéraux qui ont essayé de mettre leur nez dans ses affaires ont fini par plier le genou. Soit parce que la somme qu'il leur offrait était plus colossale que n'importe quelle retraite qu'ils pourraient se payer, soit parce qu'ils ne vivaient pas assez longtemps pour en parler.
— Il faut que j'aille chez lui, je lui dis en veillant à remettre chaque feuille à sa place.
Mon père n'est pas un maniaque, mais je sais qu'il se rendra vite compte que quelqu'un a fouillé dans ses affaires si je ne fais pas attention.
— Et tu penses qu'il te laissera zieuter dans sa paperasse aussi facilement ? me demande Sofiane en ouvrant la porte pour me laisser sortir.
— Non, mais au moins je saurai où chercher si d'aventure il devait quitter la ville.
Il hoche la tête, sans dire un mot de plus, puis nous quittons le bâtiment en direction de la maison.
Ambre est restée avec Sarah, comme à son habitude. C'est la seule avec qui elle discute sincèrement. Son sourire disparaît systématiquement lorsque je pénètre dans une pièce, comme un rappel silencieux de cette promesse factice qui nous lie.Nous nous dirigeons vers l'Aston Martin qui stationne dans le parking, à sa place habituelle.
J'aurais aimé avoir une nouvelle pour Ambre, mais tout ce que j'ai, c'est le goût amer de ma défaite sur la langue.— On rentre ? me demande Sofiane en mettant le contact pour s'engager à l'extérieur du bâtiment.
— On rentre.
Sur le chemin du retour, je me contente d'observer le paysage si familier de cette ville que j'ai connue il y a dix ans. Je n'ai pas toujours vécu ici. Avant que mon père ne récupère la gestion du siège à Vegas, il a été patron de plusieurs filiales : Chicago, New York, Albuquerque, j'ai vagabondé presque toute ma vie en le regardant courir après un rêve illusoire qu'il a détruit lui-même en acceptant de collaborer avec des criminels.

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Némésis
RomanceAmbre est morte. Du moins, c'est ce que pensent ses ennemis, et elle compte bien profiter de l'opportunité de n'être plus qu'un fantôme pour faire payer ceux qui ont commandité le meurtre de sa famille, il y a dix ans. Elle est prête à tout pour se...