SUPERNATURAL - One Shot

32 - La Maison des Cauchemars (partie 2)

Noir.

Un noir épais, humide, viscéral.

Un noir qui colle à tes paupières fermées comme une chape de plomb. Un néant si lourd qu'il semble peser sur ton crâne, ton souffle, ton âme, comme si le monde te retenait sous sa surface. Et là, dans ce vide, une voix... lointaine, déformée. Comme si elle traversait un océan en furie avant de t'atteindre.

«...elle revient...»

Une autre voix surgit, plus nette, plus proche. Grave, urgente, connue.

«Hey... Ma belle... reste avec nous...»

Tu ne sais pas où tu es. Tu ne sais pas ce qui t'arrive. Tu flottes entre deux mondes, entre deux réalités. Ton corps est là, quelque part, mais il ne t'appartient pas encore. Tu ressens la chaleur d'une paume contre ta joue, une pression, une présence. Mais tout reste lointain. Puis, lentement, la douleur émerge, en arrière-plan, comme une onde qui grimpe là où l'impact a frappé.

Tu ouvres les yeux. Mais le monde n'a pas encore repris sa forme. Ce que tu distingues n'est qu'un flou aqueux, comme à travers une vitre trempée de pluie sale. Des formes, des couleurs, des silhouettes penchées au-dessus de toi. L'une d'elles se précise.

Deux yeux verts intenses, emplis de terreur, te fixent. Un front plissé d'inquiétude. Une bouche qui parle trop vite. C'est Dean. Il est là, tout près, son souffle tremblant contre ton visage. Ses traits sont tendus, ses mâchoires crispées. Il te secoue légèrement, ses mains agrippées à tes épaules avec une force mêlée de désespoir.

Il baisse les yeux vers toi, la mâchoire serrée, incapable de cacher l'angoisse qui lui broie le cœur.
«T/N... tu m'entends ? Dis-moi qu'tu m'entends...»

Sa voix devient plus rauque, plus basse.
«Merde...»

Tu veux répondre. Hurler. Ou simplement articuler un mot. Mais rien ne sort. Ta gorge est sèche, brûlante. Comme si tu avais crié pendant des heures dans ton sommeil. Tu bouges légèrement la tête - un simple frémissement - et le monde commence à reprendre forme.

Sam est là, lui aussi. À genoux, son visage fermé par une concentration douloureuse. Une main posée sur sa cuisse, l'autre sous ta tête pour la soutenir. Ses yeux te scrutent intensément, comme s'il tentait de s'assurer que tu es bien revenue, que tu es entière.

En retrait, Ed et Harry se tiennent debout, choqués, leurs caméras baissées pour une fois. L'horreur est peinte sur leurs visages.

Harry déglutit avec difficulté.
«Mec... elle était... genre... gelée. Littéralement. Je veux dire, ses lèvres étaient bleues.»

«Et elle respirait plus pendant une putain de minute ! J'ai cru qu'elle allait crever devant nous !» ajoute Ed, la voix nerveuse, presque hystérique.

Dean ne leur accorde même pas un regard. Il te tient toujours, glissant un bras dans ton dos pour t'appuyer doucement contre lui. Ton front contre son torse, tu entends les battements affolés de son cœur. Il colle presque son front au tien, comme s'il avait besoin de ce contact pour croire que tu es bien là. Sa voix est rauque, alourdie par une panique qu'il tente maladroitement de masquer derrière son sarcasme habituel.

«Bordel, T/N... qu'est-ce que t'as foutu ? Tu t'barres deux minutes, et tu t'effondres comme une foutue poupée de chiffon... T'as vu ta tronche ?»

Mais sa voix se brise sur la fin. L'inquiétude perce, déchirant son masque. Il te serre un peu plus fort, dans cette brutalité tendre qu'il adopte quand il ne sait pas comment gérer sa peur. Incapable de répondre, tu laisses simplement ta tête reposer contre lui.