Mathieu,
décembre 2022J'ai besoin d'air, besoin d'me changer les idées. Je grimpe dans la voiture de Pierrot et envoie un message à Giulia avant de démarrer.
À : Giulia
- jvais voir ma mère à Propriano
La brune me répond à la seconde.
De : Giulia
- tu rentres ce soir ?
Je verrouille mon bigo et prends la route, direction chez ma mère. Sur la route, je cogite en boucle. Quand j'étais dans l'avion c'matin, je m'attendais pas à ça. J'pensais faire plaisir à ma meuf, j'me suis même dit que j'allais la présenter à ma mère et ma sœur. J'me suis trompé.
Quand j'arrive, ma sœur me saute dessus. Elle est trop contente d'me voir et j'me force à sourire. C'est vrai que j'viens beaucoup plus souvent en Corse depuis un an mais j'pense pas toujours à aller les voir. La plupart du temps, j'ai juste envie de profiter avec Giulia.
Je m'assois autour de la table à manger et ma mère me sert un café.
- T'as des petit yeux mon fils... tu travailles beaucoup en ce moment ?
- Ouais, vite fait...
Je bois mon café, les yeux rivés vers la nappe. J'ose pas la regarder, je sais qu'elle va me sonder.
- Que me vaut l'honneur de cette visite ?
- J'ai pas l'droit de venir voir ma mère ?
- Bien sûr mon chéri.. mais je te connais, je vois bien qu'il y quelque chose.
- Rien d'grave.
- Tu veux pas m'en parler ?
Je relève les yeux vers elle et hausse les épaules. J'suis venu ici pour penser à autre chose, mais peut être ça me rassurerait d'avoir son avis. J'flippe de perdre ma meuf.
- C'est un problème avec ta chérie ?
Je relève les yeux vers elle et hoche la tête. La dernière fois que j'suis venu, j'ai fini par avouer que j'avais quelqu'un dans ma vie.
- Qu'est ce qu'il se passe ?
- On s'est disputé.. j'lui ai proposé de venir habiter à Paris avec moi mais elle a pas du tout réagi comme j'le pensais.
- C'est normal qu'elle hésite, elle a toujours vécu ici, elle a ses repères.
- Ouais, j'sais... je pensais juste qu'elle m'aimait assez pour passer au dessus de ça.
Elle me sourit. C'est bien la première fois que j'parle de ce genre de chose avec ma mère, et je vois bien dans son regard que ça lui fait plaisir.
- L'amour c'est pas une compétition de sacrifice, Mathieu. Vous trouverez une solution, il faut vous laisser du temps.
J'hausse les épaules, elle a sûrement raison. Je finis mon café et finis par checker mon téléphone.
De : Giulia
- tu peux pas m'ignorer indéfiniment
- il faut qu'on parleJe soupire, hésitant. Elle a raison, faut qu'on s'parle. J'suis venu pour la voir à la base.
À : Giulia
- je t'envoie un message qd je pars
de chez ma mèreLe midi, je mange avec ma mère, son mec et ma petite sœur. J'essaie de parler avec eux mais j'suis ailleurs, j'appréhende ma discussion avec Giulia.
Je passe l'après-midi avec ma sœur, j'essaie de rattraper le temps perdu. Elle a grave grandi et ça m'fait du bien d'être avec elle. Ça me change vraiment les idées.
En fin d'après-midi, je me décide à rentrer. Ça m'a fait du bien de passer du temps en famille, il est temps de régler mes problèmes de couple. Ma mère m'a dit de prendre sur moi, d'être patient, compréhensif, de pas m'énerver.
J'aimerais bien, mais la vérité c'est que c'que je ressens c'est trop fort pour que j'le garde pour moi. Ça me vexe carrément et c'est pour ça que j'me braque.
Je gare la voiture devant chez Pierrot et inspire un bon coup avant de toquer et entrer chez Giulia. Elle est assise sur le canapé et se relève dès que j'entre.
Je pose ma veste sur la chaise haute de la cuisine et elle se met en face de moi, de l'autre bout de l'îlot central.
- Ça allait ta mère ? elle demande.
- Hm..
Je relève les yeux vers elle. J'vois bien qu'elle tente un pas vers moi mais j'arrive pas à faire semblant.
- T'es encore énervé ?
- Nan.. 'fin un peu. J'suis déçu, juste. J'pensais que tu s'rais contente de ouf j'avoue alors.
- Je suis trop contente que t'aies eu cette idée, Mathieu. Je suis contente que tu veuilles habiter avec moi, que tu te sois renseignée pour mon travail, c'est trop mignon tout ça. Ça me touche, mais je sais pas si je suis prête à partir d'ici, et ça n'a rien à voir avec l'amour que j'ai pour toi.
- Bah si.. j'pense que ça a à voir justement. Moi, Paname c'est toute ma vie. J'ai mon travail, ma famille, mes potes, les opportunités pro' ; et pourtant j'me vois quitter tout ça un jour pour te rejoindre.
Elle mord sa joue, et j'sens que cette discussion va rien apaiser.
- J'ai réagi comme ça parce que ça me fait peur de tout quitter ici. Paris ça n'a rien à voir, c'est complètement différent. Je connais personne à part toi et toi, t'es tout le temps super occupé. J'ai peur de me sentir seule là-bas, et j'ai peur aussi que si un jour on se dispute fort, j'ai nulle part où aller.
- Mais tu te feras des copines, et puis j'suis occupé mais si on habite ensemble je m'organiserais pour être avec toi. J'ferai tout pour pas que tu te sentes seule.
- Et si on se sépare ? Je me retrouve sans rien, à Paris ?
- Mais pourquoi on se séparerait ?
Elle soupire, agacée. Moi aussi j'suis agacée et ça commence à vraiment m'soûler la.
- Vas-y tu m'rends ouf à dire des trucs comme ça. Si t'y crois pas à notre couple qu'est c'tu fais encore avec moi ?
- Mais arrête... c'est pas ce que je voulais dire.
Je soupire, encore. Elle a les yeux qui brillent et je suis partagée entre lui faire un câlin et partir chialer dans mon coin moi aussi.
- J'te comprends pas là.. ça fait un an qu'on a envie d'habiter ensemble, quand j'suis pas là tu pleurs tous les soirs, tu m'dis que j'te manque, et quand j'te propose de venir habiter avec moi, tu veux pas.
Elle secoue la tête en soupirant, puis elle finit par lâcher :
- J'ai besoin de réfléchir, tu m'oppresses là.
Silence. J'arrive même pas à lui renvoyer la balle.
- Peut-être qu'on devrait faire une pause, elle lâche finalement après un long silence.
- Une pause ?
Je fronce les sourcils, j'ai le cœur qui bat à toute vitesse. En vérité, je tombe de mille étages. Je suis peut être parano mais je suis sur que ça a un rapport avec son ex. Hier soir encore, elle était folle de moi et maintenant elle veut me quitter.
- Y'a pas d'pause, Giulia. Ça marche pas comme ça. S'tu veux m'quitter vas-y mais reviens pas sur ta décision.
***
#pardonpopulation
