Yennefa.Je manque d'air.
Malgré mes respirations régulières, je peine à maintenir un rythme modéré. Je suis en tête, talonnée de près par Alfonso tandis que nous abandonnons la réception afin de plonger dans une affaire bien plus austère.
J'essaie d'ignorer les questions qui s'entrechoquent dans mon esprit, mais la présence exaspérante de Ylass, non loin de moi, rend cette tâche presque impossible. Je tente de me convaincre qu'il n'a pas pu faire ça.
Pourtant, l'évidence est implacable : il m'a trahie, encore une fois.
Et cette fois-ci, je ne compte pas laisser passer ce qui vient de se produire.
J'inspire profondément, remplissant mes poumons d'air, et parviens enfin jusqu'à la voiture, gardée par les motards. Au même moment, je plaque mon téléphone contre ma tempe et joins les jumeaux pour les prévenir que j'ai localisé l'acheteur.
Une fois l'appel terminé, je glisse l'appareil dans ma poche, l'oubliant aussitôt. Lorsque je tourne la tête, la silhouette de Ylass se détache dans l'obscurité, un véritable spectre insaisissable. Je m'efforce de recentrer mon attention sur la voiture et me racle la gorge.
– En dessous de la voiture, tu trouveras tout, lancé-je en croisant les bras, le froid parcourant mes membres.
Alfonso, habituellement détendu, affiche désormais une expression grave, révélant sa véritable nature. Celle d'un véritable marchand noir, d'un visage plus dangereux que le sourire mensongait qu'il affichait.
Lentement, il lève son index et son majeur, traçant un signe dans l'air en direction du véhicule blanc. À cet instant précis, des hommes surgissent de part et d'autre de la route. Ses gardes du corps étaient déjà postés, en embuscade, prêts à intervenir en cas de complications. Leur prestance considérable ne laisse place à aucune contestation.
Sans un mot, ils avancent méthodiquement vers la voiture, se positionnant pour procéder au déchargement. Un grondement de voiture résonne dans l'air lorsqu'une voiture grise avance vers la nôtre.
Le moteur se coupe près d'Alfonso, et un silence de plomb s'installe tandis que la transaction se déroule. Plusieurs de ses gardes s'accroupissent pour détacher les sacs de drogue fixés sous le véhicule, je porte un regard attentif.
Mon esprit reste focalisé sur la scène, jusqu'à ce qu'une sensation brûlante me lacère la joue droite. Je déglutis silencieusement et tourne doucement l'attention pour découvrir l'origine de cette douleur. Dans la pénombre de la nuit, je découvre deux billes bleues qui me transpercent sans retenue.
Ma respiration se bloque, je maintiens ce regard que le brun ébène me lance tandis que ses yeux parlent pour lui. Je ressens toute l'amertume qu'il éprouve envers moi, mais elle n'est rien face à celle qui grandit en moi lorsque je le vois.
Les invisibles poils de mes bras se hérissent tandis qu'il persévère ce contact visuel, ces yeux qui autrefois, avaient le don de me déstabiliser. Cependant, aujourd'hui, ils me rappellent juste à quel point j'ai pu être stupide de penser que cet homme pouvait un jour, rendre ma vie plus rose.
Je déglutis, me forçant à détourner le regard sur les hommes qui finissent de récupérer la marchandise. En me raclant la gorge, je jette un rapide coup d'œil à Alfonso, pensif, concentré à observer les sacs blancs se faire transporter vers la voiture grise qui lui appartient. Dès lors que le dernier sachet quitte le dessous de notre véhicule blanc, je me tourne vers lui.
Les jumeaux me lancent une attention particulière, isolés de nous pour surveiller si un problème survient.
– Tout est bon ? demandé-je dans une pointe d'autorité.

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UNFAIRNESS
General FictionDans une ville où la forêt s'impose, des atrocités sommeillent, enterrées entre la terre et les ronces. 𝐘𝐞𝐧𝐧𝐞𝐟𝐚 𝐂𝐨𝐰𝐞𝐥𝐥, une âme tourmentée, s'efforce de fuir ses blessures. Parmi ses souvenirs douloureux, celui d'une nuit tragique : le...