Chapitre 11

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Sur la route je me rappelle que ma famille est déjà arrivée chez moi pour le repas que nous avions prévu. Ma mère tenait vraiment à ce que je sois présent mais si elle me voit rentrer avec une fille affaiblie et blessée aux bras je pense qu'elle ne se mettra pas en colère. Peut-être compatira-t-elle ? Je ne sais pas. Je marche dans le noir complet à certains endroits et j'ai peur de trébucher avec Marilys qui ne dit plus un mot à part quelques gémissements de faiblesse. Elle n'a plus de force, elle est trop faible pour parler. Je regarde son visage quand je passe enfin sous un lampadaire pour descendre dans ma rue et remarque que le sang qui s'échappe du dessous de son œil coule encore. C'est pas vrai. J'ouvre avec un peu de mal le portillon de chez moi et la porte d'entrée. Mari' ne réagit vraiment plus à aucun de mes gestes, comme si elle s'était endormie dans un sommeil vraiment peu paisible.

- Nathan ! On t'attend depuis quarante-cinq minutes ! Qu'est-ce que tu.. ?

La colère de ma mère redescend subitement quand elle arrive devant moi et que son regard tombe sur le corps de Mari' qui se tient avec difficulté dans mes bras.

- Qui est-ce ? Mon Dieu, Nathan, que lui est-elle arrivée ? Pourquoi est-elle blessée ?

Ma mère, ma tante et mes cousines me bombardent de questions et j'ai déjà la tête qui tambourine par toutes ces interventions. Je m'avance vers les escaliers pour la monter dans ma chambre mais je m'arrête pour leur répondre.

- S'il vous plaît, arrêtez avec vos questions, je vais vous expliquez. Laissez-moi d'abord m'occuper d'elle.
- C'est ta copine ? Me demande ma cousine.

Je ne réponds pas et commence à monter les escaliers. J'entends des remarques comme « Mon cousin est un héros » par ma petite cousine de treize ans qui m'adore, « Elle s'est faite violer je crois, et Nathan a dû la sortir de là » par ma tante, « Tu crois que c'est la copine de ton fils » par mon père et « Je vais l'aider » par ma mère. Toutes ses paroles envoyées par ma famille que j'entendais de ma chambre m'embrouillent l'esprit. Oui, Marilys était à deux doigts de se faire violer parce que son t-shirt est déchiré et je vois tout son soutient-gorge mais ce n'est pas ma copine. Quand je prononce cette phrase dans mon esprit mon cœur se serre. Pourquoi ? Si je sors avec elle, je vais mettre en danger mon travail. J'ai voulu faire ce métier et ma mère m'encourage à fond ainsi que mon père mais si je suis venu dans ce lycée, à la bas c'était tout simplement pour l'aider parce que mon père se faisait du soucis pour elle. D'ailleurs comment vont-ils réagir si je leur dit que c'est une élève du lycée dans lequel je travaille ? Comment vont-ils réagir s'ils apprennent que je sors avec elle ? Non. Je ne sors pas avec Mari', nous avons une simple relations amicale – d'ailleurs assez proche – mais nous avons mis fin à ce début de rapprochement et ça me fait horriblement mal dans la fond. Ma mère ne me fera jamais confiance bien que comme elle cite je suis « majeur et responsable » je pourrai avoir une plainte au cul pour détournement de mineur si les tuteurs de Mari' l'apprennent également. Oh putain ! Tout s'embrouille dans ma tête et je commence à avoir un mal de chien qui me tape dans le crâne. Je dépose Marilys sur mon lit et des larmes roulent le long de ses joues alors qu'elle fronce les sourcils de douleur et qu'elle gémit encore de temps à autre. Je ne sais pas comment je vais la soigner mais je vais essayer de m'en sortir.

- N-Nathan... bafouille-t-elle dans un souffle alors que je me retournais pour allumer la petit lampe pour ne pas lui faire mal aux yeux en allumant la lumière principale.

Sa voix cassante, faible et fatiguée me glace le cœur. Elle me fait tellement de la peine, je suis sûr qu'elle n'a rien demandé à personne et que tout ce que Ethan a énoncé quand nous étions encore dans cette sombre rue était faux. D'ailleurs que foutait-elle dans une impasse de ce genre et à cette heure-ci ?

Amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant