As-Salam wAleykoum !!
Bonjour/Bonsoir !!
...
Je fixe la chemise entre mes mains, le regard rivé sur la petite tâche.
Plus je la scrute, plus un détail m'interpelle :
la couleur.
Un rouge profond, légèrement rosé... et une texture qui ne laisse que peu de place au doute.
Mon cœur rate un battement.
Du rouge à lèvres.
Je reste figée quelques secondes, ma bouche s'entrouvrant légèrement sous l'effet de la surprise.
Puis, un fin sourire ironique se dessine sur mon visage.
Intéressant.
Très intéressant.
Sans perdre une seconde, je plie la chemise et me dirige d'un pas rapide vers ma chambre, bien décidée à tirer cette affaire au clair.
Une fois devant ma coiffeuse, j'ouvre le tiroir où est rangée ma très vaste collection de rouges à lèvres.
Des dizaines de tubes s'alignent devant moi, du nude discret au rouge fatal en passant par des teintes plus osées.
Très bien, mission "Expertise chromatique" activée.
J'attrape un premier rouge à lèvres, l'applique soigneusement sur mes lèvres, puis presse ma bouche sur le col de la chemise.
Je recule d'un pas et observe la comparaison.
— Trop clair.
Je sors un deuxième tube.
Même processus : application, transfert, comparaison.
— Trop rosé.
Un troisième.
— Hmm... trop mat.
Je continue ainsi, enchaînant les essais avec sérieux, presque scientifique dans ma démarche.
J'essuie mes lèvres, applique une nouvelle couleur, presse la chemise contre ma bouche, et observe. Encore et encore.
Au bout de dix minutes, ma bouche commence à picoter à force d'être démaquillée et repeinte sans arrêt.
Mais je suis obstinée.
Je dois savoir.
J'arrive enfin au dernier rouge à lèvres de ma collection.
Je le regarde un instant, un brin d'espoir dans les yeux.
Si c'est mon rouge à lèvres, alors tout ça n'est qu'un malentendu.
Une trace innocente, un souvenir de la veille qui m'a simplement échappé.
Je l'applique, répète mon rituel, puis... je plisse les yeux.
Rien à voir.
Je sens mon estomac se serrer légèrement.
Je me penche sur la chemise, compare à nouveau.
Aucun doute possible : aucun de mes rouges à lèvres ne correspond à cette trace.
Je reste immobile quelques instants, tenant toujours la chemise du bout des doigts.
Puis je reste assise sur le bord du lit, la chemise toujours entre mes doigts, le regard perdu.
Mon cerveau tourne à mille à l'heure.
Comment je dois réagir ?
Jouer la carte de la folie ?
Non.
Pas envie de me donner en spectacle.
Lui monter une scène ?
Non plus.
C'est trop débile, trop bas niveau.
Le confronter directement ?
Mauvaise idée.
Il pourrait me mentir sans ciller, ou pire, retourner la situation contre moi.
