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— Je sais, c'est pas très glamour, me moqué-je en me mouchant bruyamment.
Rowan ne fait que m'observer, une expression bienveillante sur le visage qui alimente la gêne qui plane dans mon estomac. Malgré mon envie d'enfin partager mes doutes et mes peines avec quelqu'un, je ne peux pas nier que cette situation me déstabilise. J'ai comme l'impression de trahir Tobias en le laissant s'approcher ainsi tout en ayant connaissance de l'attirance qu'il a à mon égard. En plus de ça, je suis terrifiée à l'idée que ce garçon, si gentil, sache comment m'attendrir au point où je finirai par moi aussi espérer plus venant de lui. Je ne veux pas que ça arrive. Peut-être devrais-je m'en éloigner en fin de compte ? Ne lui laisser aucune chance de s'immiscer plus que nécessaire dans cette forteresse façonnée par ma douleur ?
Mon coeur se serre. Ça non plus, je n'en ai pas vraiment envie. Rowan est la première personne qui semble sincèrement se préoccuper de mon état. Bien sûr, j'ai conscience que ma mère se fait du souci pour moi mais elle n'a pas le temps de s'y attarder. Elle a d'autres choses plus urgentes à gérer plutôt que son adolescente en plein deuil, qui n'arrive pas – malgré les mois qui passent – à surmonter cette pente. Il est inutile pour moi de me confier à elle. Je ne veux pas lui causer de tort et de toute façon, je ne me sens pas capable de lui parler à coeur ouvert ces temps-ci, notamment après notre dernière dispute. Je n'ai pas la force d'affronter son regard rempli de peine. Je réalise bien qu'elle ne fait que s'inquiéter mais sous cette préoccupation se cache son besoin que je réussisse ma dernière année de lycée. Dans un sens, c'est pesant.
J'ai beau faire comme si je n'avais besoin de rien ni de personne, c'est faux. J'ai désespérément envie de me confier à quelqu'un mais vers qui me tourner ? Je n'ai aucun ami et ma mère est occupée la majorité du temps. Je n'ai aucune autre personne de confiance autour de moi. Le seul qui a l'air vouloir remplir ce rôle est ce garçon qui se trouve en face de moi, à me regarder comme si je détenais le plus beau des trésors. Ses yeux brillent d'une lueur si sincère qu'il m'est difficile de l'imaginer s'approcher de moi dans un but malsain. Toutefois, je me sens idiote à me jeter sur le premier qui m'accorde un minimum d'attention dans cette période compliquée. Je ne suis pas si désemparée que ça, si ?
— À quoi tu penses ? m'interroge Rowan, curieux.
Je ne lui donne pas de réponse immédiatement, préférant détailler les traits de son visage. La peau de celui-ci est si lisse que j'en suis presque jalouse, ses pommettes sont décorées d'une couche de rose adorable et ses yeux gris ne me quittent pas une seule fois. Les secondes défilent, Rowan dégage une mèche de cheveux de son front sous le poids de mon regard et triture la coupure encore fraîche sur sa lèvre avec sa langue. Je me surprends à fixer ce geste plus le temps qu'il ne le faudrait mais je me reprends aussi vite.
— Rien de particulier, finis-je par lui dire.
Je renifle de façon peu gracieuse.
— J'ai l'impression de ne faire que ça en ce moment.
Un pli se forme entre ses sourcils et son expression traduit son interrogation.
— Pleurer, précisé-je.
Rowan s'approche de façon à ce que nos genoux se touchent puis il me lance un coup d'œil dans lequel plane une question silencieuse. J'ignore ce qu'il veut mais je hoche tout de même la tête. De ses mains rugueuses, il saisit les miennes pour les caresser avec une douceur qui me surprend puis s'exprime d'une voix ferme mais qui ne laisse aucune place à l'agressivité.

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FILLING THE CANVAS
RomanceSavez-vous ce que l'on ressent lorsque l'on perd une partie de nous ? Cette sensation de ne plus pouvoir respirer, d'avoir un trou béant au fond de la poitrine ? Zolani Baker, elle, en a fait l'expérience lorsque la vie de son petit ami lui a été ar...