Rosehill

Chapitre 22

Les probabilités que les deux seules personnes avec qui je suis en relation dans cette académie — comptant presque un millier d'élèves — soient frère et sœur étaient presque nulles, jusqu'ici.

Je n'aurais jamais pensé à faire ce genre de calcul, que ce soit à cause de leur physique complètement opposé, ou encore à leur personnalité singulière.

J'alterne mon regard entre Elijah et Farah.

Je ne l'avais jamais remarqué jusqu'ici, mais le seul attrait qui pourrait les relier n'est autre que la lueur froide qui s'est logée au sein de leurs yeux.

— Je-

Ma voix se dissipe dans un murmure trop faible, presque inaudible pour parvenir à leurs oreilles.

— Nova, articule Farah d'une voix trop calme pour l'être. Je vais me répéter, mais comment connais-tu Elijah ?

— Je ne savais pas que vous étiez frère et sœur, me justifié-je sans pour autant répondre à la question.

Elle s'apprête à reposer la même question, mais Elijah la coupe :

— Je l'ai poignardée à la première épreuve, réplique-t-il, ne voulant sûrement pas passer par quatre chemins.

Elle fronce les sourcils, me fixant comme si elle avait besoin que j'affirme ses dires. J'hoche alors faiblement la tête.

Elle se retourne vers son demi-frère, la frustration s'échappant de chacun de ses pores. Il n'en réagit pourtant pas.

— Les troisièmes années ont un minimum de deux personnes à tuer, lui rappelle-t-il — information qui m'était jusqu'ici inconnue —, mais elle ne semble pas pour autant satisfaite de cette réponse.

Je reste en retrait, les observant se menacer de leur simple regard.

Dire que la pièce est d'une lourdeur sans précédent pour définir son atmosphère est un euphémisme face à cette situation.

— Je ne sais pas ce que tu trames, Elijah, mais-

— Je ne fais absolument rien. Mais si tu penses le contraire, alors libre à toi de le faire. Je ne perdrai pas mon temps à te convaincre à tort et à travers que ce n'est pas mon intention de tuer cette humaine.

Il hache ses derniers mots comme si je n'étais pas présente. Farah, elle, reste stoïque.

Elle ne répond pas, ne délivrant plus aucun mot ou son, si ce n'est le bruit de sa respiration irrégulière, sûrement dû à cette nouvelle donnée.

Je n'ai jamais pris la peine de lui dire qu'elle n'était pas la seule à avoir deviné que j'étais humaine. Et quand je vois l'expression qu'elle partage au sein de ses iris, je me dis que ça doit être la pire erreur que j'ai faite jusqu'ici.

Il ne lui laisse pas le temps de répondre une quelconque réponse, en déclarant haut et fort, ses yeux sur l'horloge accrochée au mur :

— L'heure tourne. Vous devriez vous activer dès maintenant, n'est-ce pas ?

Mon regard dévie dans la même direction. Je déglutis lorsque je vois à quel point le temps a pu passer à une rapidité hors norme.

Elle s'apprête à riposter, ne tenant pas de réelle importance au temps, mais je la contre.

— Il a raison, finis-je par avouer. Partons maintenant, Farah, il ne nous reste à peine 35 minutes. Je répondrai volontiers à chacune de tes questions, mais d'abord finissons notre épreuve pratique.