FILLING THE CANVAS

CHAPITRE 10 | Rowan

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— Génial..., souffle Isaac alors que nous regardons Zolani sortir de la cantine.

Sans perdre de temps, je frappe le bras de mon ami, qui gémit de douleur.

— Je peux savoir pourquoi autant de violence ?

— Parce que tu as créé une situation qui l'a mise mal à l'aise, imbécile, lui réponds-je.

Il se frotte la partie douloureuse en marmonnant.

— Même si ce n'était pas ton intention, tu aurais dû réfléchir avant de parler de ça devant elle, le réprimande Dylan.

— Désolé, je pensais au moins la faire sourire, s'explique le blond.

Je lui lance une oeillade sévère.

— C'est sûr que t'as réussi ton coup, hein, ironisé-je. Merci Isaac.

Je soupire avant de poser mon front avec force contre la table de la cantine. La douleur se propage dans mon crâne mais je l'ignore, tout comme la main qui s'est posée sur mon épaule en signe de réconfort. Je sais bien que Isaac ne pensait pas à mal mais ce qu'il vient de faire pourrait bien mettre un terme à ce début d'amitié qui naissait entre Zolani et moi. Moi qui espérait devenir avant tout une épaule sur laquelle elle pourrait s'appuyer avant d'être, si elle le souhaite, bien plus que ça, je pense que c'est foutu maintenant.

Pour être honnête, son manque de réponse face à mon intérêt m'a provoqué un léger pincement au cœur. Toutefois, je comprends parfaitement son hésitation à fréquenter un garçon après ce qu'elle a traversé. Après tout, son ex petit ami est une personne qu'elle a aimé et sa perte brusque a dû l'anéantir. Je suis sûr que sa présence occupe son esprit de manière persistante et que son souvenir la ronge. Comment passer à autre chose après un événement si tragique ? Ça doit lui sembler impossible mais surtout, je ne pense pas que ce soit sa première préoccupation.

Je voudrai la rattraper pour la rassurer et lui expliquer que je n'attends rien de sa part, qu'être son ami me suffit mais la peur de l'ennuyer me paralyse sur ma chaise. Je ne veux pas qu'elle me voit comme un garçon qui ne sait pas respecter ses limites alors que c'est justement ce que j'essaye de faire. Je ne veux pas franchir cette ligne qui s'effacera dès lors que Zolani aura décidé que je l'importune.

Ma mâchoire se serre alors que l'incertitude me submerge. Cette fille est la seule personne qui me mette dans des états pareils. J'ai peur d'effectuer le moindre faux pas qui rendra vierge cette toile que nous avons à peine commencer à colorer ensemble. Après plus d'un an à espérer lui adresser la parole, je ne pourrai pas me contenter de ce simple avant-goût pour le restant de ma vie. Il faut à tout prix que je rattrape la connerie d'Isaac.

— Tu devrais peut-être aller la voir, me conseille Dylan.

Je tourne la tête dans sa direction pour y rencontrer des pupilles chaleureuses et un doux sourire.

— Tu penses ? hésité-je d'une petite voix.

— Il vaut mieux que tu lui parles franchement plutôt que de la laisser ruminer.

Je me redresse pour ensuite me frotter la nuque, incertain.

— Allez, vas-y ! insiste mon ami. Isaac débarrassera ton plateau pour se faire pardonner.

Lorsque je me tourne dans la direction du concerné, celui-ci me gratifie d'un pouce en l'air et un sourire gauche que je lui rends avant de me lever de ma chaise.