Le néon au-dessus de la porte grésillait, projetant une lumière pâle et tremblotante sur la moquette tachée de ce petit motel paumé au bord de l'Ohio. Le genre d'endroit où le papier peint se décolle en larges bandes jaunies, où les draps sentent le renfermé et où l'air semble figé dans une époque oubliée, saturé d'odeurs de tabac froid, de poussière et d'humidité.
C'était après la chasse. Une de plus. Tu avais cramé un nid de ghoules dans une cave humide qui empestait la charogne. La chambre baignait dans cette lumière jaunâtre et maladive typique des motels fatigués, celle qui ne flatte rien, ni personne. Les rideaux tirés laissaient filtrer une pénombre tranquille, un répit étrange après la violence de la veille.
Tu étais épuisée, le corps encore vibrant de magie, une odeur de forêt imprégnée dans tes cheveux. L'adrénaline était retombée, mais ton sang, lui, était encore chaud. Tu te tenais debout et tu pliais soigneusement tes vêtements un à un sur la petite table bancale entre les deux lits, posément, comme un rituel de retour au calme. Les gestes lents, mécaniques. Ton mini-short en jean portait encore des éclaboussures de terre séchée, et ton débardeur noir conservait une tiédeur familière, témoin des flammes que tu avais invoquées. L'odeur de métal, de terre brûlée et de cendre accrochait encore tes vêtements, un rappel muet de ce que tu étais : une chasseuse, une fée, un feu qui ne s'éteint jamais vraiment.
Sam, assis sur le bord du lit à ta droite, tapait à une vitesse régulière sur son ordinateur. Son visage était tendu, éclairé par la lueur froide de l'écran. Il grognait de temps en temps, fronçait les sourcils comme toujours quand il tombait sur un détail incomplet ou incohérent. Il lisait des rapports de disparitions. Tu le voyais du coin de l'œil, calme, toujours méthodique, constant. C'était rassurant, presque banal. Et pourtant, rien ne l'était jamais vraiment avec les Winchester.
Tu entendais l'eau couler, chaude et continue, dans un clapotis régulier, presque hypnotique, étouffé derrière la porte close depuis ce qui te semblait une éternité. La vapeur passait sous le battant, formant un petit nuage discret qui rampait jusqu'à tes pieds. Tu n'étais pas gênée par la chaleur, évidemment. Ta magie, aussi naturelle pour toi que la respiration, régulait ta température sans effort. La chaleur te caressait, sans jamais t'oppresser.
Tu aurais pu rester là, encore longtemps, à ranger tes affaires comme une routine rassurante entre deux tempêtes. Cette parenthèse étrange où tout se suspend, parce qu'avec les Winchester, même les silences ont un poids. Ils disaient ce que les lèvres ne pouvaient pas dire, et celui-là vibrait d'émotions contenues. Tu ne regardais pas la porte de la salle de bain. Mais tu savais qu'il était là. Dean, sorti de l'enfer depuis peu. Dean, hanté par des souvenirs qu'il ne partageait pas toujours. Dean, celui qui avait changé — ou plutôt, celui qui ne pouvait plus cacher ce qu'il ressentait. Et pourtant plus vivant que jamais.
Il avait dit "deux minutes", et ça faisait déjà vingt. Et tu savais très bien ce qu'il foutait : il prenait son temps. Comme toujours. Il sortait toujours de la douche comme s'il descendait d'un foutu podium Calvin Klein, sans le moindre souci de décence. Tu n'avais pas encore fini de glisser ton t-shirt dans ton sac que la poignée s'abaissa dans un clac sec, et la porte s'ouvrit dans un souffle de vapeur brûlante. Ton corps réagit avant ta tête. Tu te redressas, tournas les yeux par réflexe, et ton souffle se coupa net. Tu n'eus pas le temps de détourner le regard. Ton instinct, ou peut-être ta curiosité naïve, t'avait trahie. Et cette image s'imprima, brûlante, dans ta mémoire avec une netteté presque douloureuse.
Dean apparut dans la brume, sans prévenir, enveloppé d'un nuage épais qui adoucissait la lumière déjà faible de la pièce. Trempé, torse nu. Une simple serviette blanche nouée autour des hanches, dangereusement basse. Beaucoup trop basse. Tu pouvais deviner la naissance du V de ses hanches, la tension dans ses abdos, la ligne des veines qui pulsaient le long de ses bras— tout était là. Brillant d'eau, brûlant d'assurance. L'eau ruisselait de ses cheveux plaqués sur son front, glissait sur ses tempes, sa mâchoire carrée, lentement sur son cou, ses épaules, ses clavicules, traçait les lignes de ses pectoraux, glissait entre les muscles comme une caresse jalouse, descendait... et disparaissait lentement sous le tissu.

VOUS LISEZ
SUPERNATURAL - One Shot
ParanormalFan de Supernatural, prépare-toi à vivre l'impossible... car cette fois, l'histoire, c'est la tienne. Tu n'es plus simple spectatrice : tu es plongée au cœur de l'action, aux côtés de Sam et Dean Winchester. Ensemble, vous sillonnez les routes d'Amé...