J'ai forcément dû rêver. Il n'y a aucune autre solution possible.
J'alterne mon regard entre Elijah, qui, lui, dort paisiblement, et l'horloge qui affiche trois heures du matin.
Trois heures du matin.
En sachant qu'on est arrivé aux alentours de minuit, j'ai réussi à dormir au moins deux heures d'affilée. L'anomalie dans mon équation n'est pas mon insomnie, non, au contraire.
Elle n'est rien d'autre que mon sommeil s'étant déroulé dans ce même lit.
Près de lui.
Pendant deux heures.
Les schémas que me propose mon cerveau ne sont pas en accord avec les résultats de mes calculs, ni compatibles avec n'importe quelle probabilité à laquelle j'aurais pu me pencher — même dans le pire des bourbiers.
Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de ce qui s'est passé avant mon sommeil, si ce n'est des flous. Notamment celui où j'ai senti un poids alourdir le matelas, signe qu'il s'était glissé dans le lit.
Le seul moment qui suit est trente minutes après, quand j'ai enfin osé ouvrir les yeux pour le découvrir. Et comme si mon corps avait crié à la fatigue, je me suis endormie les minutes suivantes, en toute connaissance de cause sur le fait que son corps était à quelques centimètres de moi.
J'ai. Dormi. Avec. Ce. Connard.
Je passe une main dans mes cheveux pour contenir ma frustration. Je continue à l'observer du bout de la chambre, n'osant à peine m'approcher d'un centimètre de cette scène de crime.
Un frisson me parcourt l'échine quand je le vois se décaler inconsciemment près du côté où j'ai dormi. Savoir que si je ne m'étais pas levée assez tôt, nos corps seraient entrés en contact me provoque un tic de dégoût.
Quand je me suis réveillée, nos corps étaient déjà trop proches, tant que j'ai pris du temps à comprendre la situation.
Mon insomnie ne m'aurait jamais permis de m'endormir aussi rapidement, surtout dans de telles circonstances. Ça n'aurait jamais dû se produire.
Et qu'est-ce qu'il lui a pris, à lui, de venir dormir ici ?
Vu le luxe qu'arbore l'hôtel, le canapé ne devait pas être si inconfortable.
Ayant impérativement le besoin de m'éclipser de cette pièce, je me dirige vers la salle de bain. La lumière de la salle de bain me brûle la rétine, mais je n'y fais pas attention. J'active le jet d'eau du robinet, puis lave mes deux mains pour ensuite les passer sur mon visage.
Je repasse un coup de brosse dans mes cheveux et les attache en queue de cheval. Après m'être brossé les dents, je prends le temps de me regarder dans le miroir, puis me revêts ensuite de mon uniforme, en me débarrassant de mon pyjama.
En l'espace d'un peu plus d'une semaine, mon visage a complètement changé. Mes cernes se sont approfondies, et l'épuisement moral comme physique se lit sur chacun de mes traits.
Elijah n'avait pas tort. Je ne suis rien d'autre qu'un être misérable.
Si je peux bien tirer un seul point positif de mon arrivée dans cette académie, c'est que je n'ai plus à me soucier de mes notes. Mais seulement de ma survie.
Quelle ironie du sort.
Des bruits de pas se font entendre tandis que je finis de me débarbouiller le visage. J'aperçois alors Elijah à l'encadrement de la porte.

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Rosehill
RomanceAlors qu'elle s'imaginait intégrer l'une des écoles les plus prestigieuses du monde, Nova Klein se retrouve propulsée dans une académie surnaturelle où sa survie dépend d'un secret : son identité d'humaine. Pris au piège dans cet endroit où la mort...