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Ses yeux brillaient, remplis de larmes retenues. J'ai eu le temps d'apercevoir l'expression brisée sur son visage avant que Zolani ne sorte de la salle comme si un démon la poursuivait. Je ne suis pas sûr de ce que j'ai dit qui aurait pu la mettre dans cet état mais la savoir seule, dans un endroit coupé du monde, pour pleurer me donne une boule à l'estomac. Je ne peux rien faire. À ce stade de notre relation, je n'ai aucun droit d'essayer de la retrouver pour la consoler. On ne se connait pas tant que ça, nous ne sommes que camarades de classe, rien de plus. Mon soutien ne vaudrait rien à ses yeux.
Pourtant, une partie de moi refuse d'accepter cette réalité. Mon esprit s'accroche désespérément à l'idée que je pourrais faire quelque chose, dire un mot, même maladroit, qui apaiserait un peu cette douleur qui semblait l'écraser jour après jour. Toutefois, je sais que ce n'est qu'un fantasme égoïste. Je ne suis rien pour elle, juste un visage parmi d'autres dans la foule de cette nouvelle année scolaire.
Alors je reste cloué à ma place, dans cette salle d'art, partagé entre ce désir de lui courir après pour lui tendre la main et la conscience que mon intervention ne serait qu'un poids supplémentaire pour elle. Zolani mérite mieux qu'un camarade de classe qui est presque un inconnu pour elle. La seule chose que je peux faire, c'est espérer qu'elle trouve la force d'en parler ou qu'un jour, elle m'autorise à être là pour elle, à l'aider dans ses moments sombres, comme Isaac l'a fait pour moi cinq ans plus tôt.
Ce n'est que lorsque les cours ont repris que Zolani passe le pas de la porte. La tête baissée, je ne peux voir son visage mais je sais bien que ses yeux sont gonflés. Ces derniers s'écarquillent en me voyant toujours assis et je lui lance un sourire doux.
— Je ne pouvais pas laisser tes affaires comme ça, on aurait pu te les prendre.
Mon excuse est pitoyable et je suis persuadé qu'elle le pense également mais je m'en fiche. Je ne veux surtout pas qu'elle s'imagine que j'ai pitié d'elle parce que ce n'est pas le cas. Au contraire, je la trouve extraordinaire d'être présente au lycée après une épreuve pareille. Lorsque j'ai perdu ma mère, j'ai été contraint de prendre des cours à distance pendant deux ans tellement je ne supportais plus l'idée de sortir. Zolani est une jeune femme forte, du moins c'est l'image qu'elle renvoie.
Sous cette apparence, elle n'est qu'une adolescente brisée qui essaye tant bien que mal de se relever d'une épreuve qui aurait achevée n'importe qui. Elle s'efforce d'avancer, de ne pas pleurer devant les autres, de se cacher. Mais moi, je parviens à voir au-delà de cette façade qu'elle nous montre chaque jour. Je parviens à remarquer ses épaules voûtées, ses cernes sous les yeux qu'elle essaye de cacher avec du maquillage, ses absences. Je remarque tous ces petits signes qui montrent qu'au fond, Zolani Baker ne s'est pas remise du suicide de son petit ami. Je remarque tout ça parce que moi aussi, je suis passé par là.
Elle ne vit plus. Elle survit.
Ce constat me ronge de l'intérieur. À travers elle, j'ai l'impression de me revoir à treize ans, quand mon monde s'est effondré et que je ne savais pas comment faire pour m'en sortir.
Zolani est soudainement devenue muette. Elle se contente de me fixer de ses petits yeux marrons, d'une façon qui me fait monter le rouge aux joues. J'ai l'impression qu'elle cherche à sonder mon âme, à connaître mes intentions envers elle.
Finalement, je l'entends renifler avant qu'elle ne prenne place sur sa chaise initiale.
— Merci, souffle-t-elle sans me regarder.

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FILLING THE CANVAS
RomanceSavez-vous ce que l'on ressent lorsque l'on perd une partie de nous ? Cette sensation de ne plus pouvoir respirer, d'avoir un trou béant au fond de la poitrine ? Zolani Baker, elle, en a fait l'expérience lorsque la vie de son petit ami lui a été ar...