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Rowan Hughes.
J'ai entendu son nom des dizaines de fois, prononcé avec enthousiasme dans les couloirs, chuchoté par des voix admiratives, parfois même glissé dans une conversation que je ne voulais pas écouter. Et pourtant, ce n'est qu'aujourd'hui que je le remarque réellement. Un garçon toujours entouré de ses amis, au centre d'une agitation constante, aurait dû se démarquer bien avant. Mais pas pour moi. Pas dans mon monde.
C'est étrange de se rendre compte à quel point on peut devenir aveugle au reste quand on vit dans une brume permanente, quand les jours se résument à survivre au suivant. Durant des mois, je n'ai pas vu grand-chose au-delà de mes propres pensées. Les visages, les rires, les mouvements autour de moi... tout ça n'était qu'un arrière-plan flou, un décor que je traversais sans jamais m'y attarder et Rowan, avec sa présence éclatante, faisait partie de ce flou. Du moins, jusqu'à maintenant.
Aujourd'hui, il ressort comme une touche de couleur sur une toile autrement vide. Quand il a croisé mon regard, j'ai vu quelque chose que je n'attendais pas : de l'hésitation, un rougissement timide qui a teinté ses pommettes et l'a poussé à détourner les yeux. Ce n'est pas ce que j'imaginais de lui. Pas de quelqu'un qui sourit si facilement et qui semble si présent. C'est déconcertant et pour une raison que je ne comprends pas, ça m'a interpellée.
Je reste immobile alors qu'une légère confusion m'envahit. Comment ai-je pu passer autant de temps sans le remarquer alors qu'il est tout le contraire de la discrétion ? Il brille, Rowan. Pas d'une lueur agressive mais d'une lumière constante, chaleureuse, qui semble naturellement attirer les autres. Ses gestes sont pleins d'énergie, son sourire est large, presque contagieux et sa voix, même noyée dans le brouhaha ambiant, se distingue.
Et moi, je ne l'ai pas vu. Pas vraiment. Peut-être parce que je n'ai pas cherché à voir. Peut-être parce que, ces derniers mois, je n'avais plus la force de remarquer quoi que ce soit ou qui que ce soit. C'est comme si j'étais restée enfermée dans une pièce sans fenêtres et que, soudainement, une lumière s'infiltrait par une petite fissure. Pas assez pour me réchauffer mais assez pour attirer mon attention pendant quelque temps.
Le bruit de la cantine se fait oppressant autour de moi alors que les minutes défilent. J'en ai marre de cette agitation, des voix qui se mélangent, des rires et des cris qui m'écrasent de toute part. De plus, le repas est aussi immangeable que je l'avais imaginé, sans saveur ni intérêt. Je n'ai pas mangé grand chose mais je n'ai même pas envie de continuer.
Sans perdre de temps, je me lève, attrapant mon plateau sans un regard pour ceux qui m'entourent. Mes pas sont presque inaudibles parmi le tumulte, personne ne prête attention à moi. Ce n'est pas vraiment surprenant. Je marche d'un pas détaché jusqu'à la zone des plateaux et, quand je dépose le mien dans le bac, je laisse la fourchette glisser, ne cherchant même pas à vérifier si elle tombe au bon endroit.
Je quitte donc la cantine pour me diriger vers la salle d'art, ce lieu où je peux m'évader, où tout semble moins pesant. Les couloirs du lycée sont presque vides à cette heure-là et les pas des autres élèves se perdent dans l'immensité du bâtiment. Je marche sans vraiment prêter attention à ce qui m'entoure, comme souvent. Arrivée devant la porte de la salle, je m'arrête un instant. C'est un endroit que je connais bien. Ici, les murs sont tapissés de créations, d'esquisses, de peintures inachevées. Une atmosphère calme et silencieuse, loin de l'agitation du reste du lycée. Une atmosphère qui me fera toujours du bien, je m'y sens un peu plus en paix, comme si tout le reste n'était qu'un lointain écho.

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FILLING THE CANVAS
RomanceSavez-vous ce que l'on ressent lorsque l'on perd une partie de nous ? Cette sensation de ne plus pouvoir respirer, d'avoir un trou béant au fond de la poitrine ? Zolani Baker, elle, en a fait l'expérience lorsque la vie de son petit ami lui a été ar...