FILLING THE CANVAS

CHAPITRE 4 | Rowan

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Après le fiasco d'hier, j'ai enfin eu l'occasion de parler ne serait-ce que quelques secondes avec Zolani et il a fallu que ce professeur de mes deux gâche tout. Je me remets face au tableau après avoir lancé un sourire désolé à la jolie noire et c'est une expression sévère qui m'accueille.

— Désolé monsieur, je lui empruntais seulement un stylo, lui dis-je en lui montrant l'objet dans ma main.

Il m'inspecte un instant avant de reprendre son cours et je pousse un soupir. Je me retourne une nouvelle fois pour lancer un clin d'œil à Zolani qui ne fait que secouer la tête mais j'aperçois tout de même ses lèvres s'étirer. Ma poitrine se réchauffe. J'ai réussi à presque lui arracher un sourire. Je me surprends à la fixer une seconde de trop, remarquant cette petite étincelle qui éclaire son visage, malgré elle.

Ce simple geste est comme une éclatante lueur dans l'air calme de la salle et j'ai du mal à détourner les yeux. Il y a quelque chose de terriblement adorable dans sa façon de fixer son cahier, d'essayer de cacher son amusement, comme si elle voulait le dissimuler mais qu'elle n'y arrivait pas vraiment. C'est presque frustrant de ne pas savoir ce qu'elle ressent, de n'avoir qu'une vague idée de ce qui se cache derrière son masque. Cependant, ce petit éclat me fait espérer qu'il y a quelque chose en elle qui peut encore briller, quelque chose que j'aimerais pouvoir nourrir. Si je pouvais être celui qui l'amène à sourire comme ça plus souvent, à se détendre, je serais le plus heureux des hommes. Seulement, je sais bien que je ne suis qu'un témoin, impuissant face aux luttes qu'elle traverse.

J'aurai préféré passer l'heure entière à lui parler mais je tente malgré moi de me concentrer sur les paroles qui sortent de la bouche de ce professeur, qui figure désormais sur ma liste de ceux que je n'apprécie pas. Alors que j'avais enfin l'occasion d'avoir une vraie discussion avec Zolani, celle-ci a été écourtée avant même de réellement débuter.

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Sans compter notre échange du début de matinée, je n'ai pas eu d'autres opportunités de parler à Zolani. Il est maintenant l'heure du déjeuner et elle s'est échappée de la salle de classe dès lors que la sonnerie a retenti. Déçu, je pose mon front contre ma table en gémissant.

— Bah alors, joli cœur, m'interpelle Isaac en me tapant le dos. Ça va pas ?

— J'ai envie de mourir, marmonné-je.

— Ah ouais, tout ça ? ricane Dylan, un ami proche. T'es sûr que t'exagères pas un peu, Rowan ?

— Absolument pas.

Isaac rit bruyamment.

— Monsieur est triste parce que son amoureuse ne lui adresse pas la parole, se moque le blond.

Je me redresse pour lui faire un doigt d'honneur.

— Je t'emmerde, petit con.

— Attention à ton langage jeune homme, papa Hughes ne serait pas content de t'entendre parler comme ça, me taquine Dylan.

J'ignore sa remarque et me lève de ma chaise pour récupérer mon sac au sol.

— Allez, on va manger la bouffe plus que mauvaise de ce lycée pourri.

La cantine est déjà pleine à craquer, envahie par le bruit incessant des discussions, des rires et des chaises qui raclent le sol. Une vague de chaleur, mêlée à l'odeur pas vraiment alléchante de la nourriture, m'enveloppe dès que je franchis les portes. Quelques personnes me saluent rapidement en passant, un signe de tête par-ci, un check par-là. Je réponds avec un sourire distrait, suivant Isaac et Dylan jusqu'à la file pour attraper un plateau. Une fois nos plateaux chargés des assiettes peu engageantes du jour, nos regards parcourent la pièce à la recherche d'une table libre.