Rosehill

Chapitre 18

Elijah

Pour la première fois, mon cœur a brûlé. Bien plus douloureusement que n'aurait pu faire une étincelle.

Le souffle haletant, je reste immobilisé, ne soulignant pas la proximité de nos deux corps. Ma main est toujours posée sur sa hanche, mais je finis par la lâcher, de peur d'être moi-même consumé.

Après une longue minute qui m'a paru durer seulement quelques secondes, elle se détache de moi et me scrute de haut en bas.

Et cette fois, la haine n'est pas primaire dans ses iris. Elle scrute chaque parcelle de mon corps, puis relève son visage vers le mien.

- T'es vraiment pitoyable, me chuchote-t-elle.

Et toi, si idiote.

Elle se retourne et découvre le corps gisant à quelques mètres de la porte. Elle se mord les lèvres, essayant de paraître indifférente face à cet homme et ce qu'il en reste.

- On doit partir, dis-je. À moins que tu ne veuilles mourir et perdre ton pari plus tôt que prévu.

Elle lève les yeux au ciel et ne prend pas la peine de me répondre, puis se retourne et observe quelques hommes qui m'ont rejoint entre-temps. Ils alternent leur attention entre elle et moi, essayant sûrement de comprendre notre lien.

Lorsque je détourne le regard vers eux, ils se remettent immédiatement à leurs occupations de base.

Je ne m'y attarde pas et la saisis par le bras, ce qu'elle ne doit pas vraiment apprécier, car à la nanoseconde suivante, elle me lâche un regard mauvais ; mais elle n'en dit pourtant rien.

Nova

Nous sortons de la petite ruelle du bar, par des escaliers extérieurs, jusqu'à atteindre une rue plus animée, où l'un de ses hommes nous y attend. Il nous aperçoit facilement parmi toute la foule. Après être arrivée près de la voiture noire, il incline son dos face à Elijah, en me jetant un bref coup d'œil.

Il lui tend alors les clés.

- Je vais conduire, pas besoin de nous accompagner, informe Elijah. Rejoins les autres et n'oublie pas avant tout de suivre les instructions.

Il hoche la tête, puis obéit à la seconde suivante en se dirigeant à vive allure vers la ruelle d'où nous sommes sortis.

J'hausse les sourcils, avant de redéposer mon regard sur le connard en face de moi. Il me fait signe de monter d'un léger coup de menton, sur le siège passager.

Je ne prends pas la peine de le faire répéter et ouvre la portière pour m'installer sur le siège noir tandis qu'il contourne la voiture pour prendre place devant le volant. Je claque la porte après moi, un autre coup d'œil derrière nous pour m'assurer que personne ne nous suit.

La nuit est tombée mais la population civile est toujours réveillée pour animer les rues de la ville, nous faisant ainsi fondre dans la masse plus facilement.

Je me saisis de la ceinture pour l'ajuster à mon corps, mais avant même que je ne la bloque, le moteur de la voiture démarre, me plaquant ainsi au siège.

- T'es un pauvre taré ou quoi ?! m'écrié-je aussitôt.

Il détourne le regard de la route vers moi, avant d'augmenter la vitesse de la voiture. Je soupire avant de mettre pour de vrai ma ceinture.