Les élèves doivent arriver en cours ou à tout événement avec au moins cinq minutes d'avance, parfaitement préparés et en tenue conforme.Astra
La matinée n'a été qu'un enchaînement de sourire, de faux semblant et de trou du cul que j'ai dû repousser gentiment parce que je ne pouvais pas leur casser le nez.
Même si ce n'est pas l'envie qui me manque et à y réfléchir.. Rien ne me l'interdit.
Les repas du midi sont les seuls moments de la journée où nous avons un semblant de liberté, après avoir pris mon repas à emporter exactement comme dans un restaurant, je me suis trouvé un endroit tranquille dans l'un des parcs en hauteur. Avec la fraîcheur de novembre, j'y suis tranquille. Et, ça me va.
Le monde en classe, je gère, dans les couloirs, je gère mais la salle de repas est trop morbide pour moi. Toutes ses personnes assises sans un bruit ou celles et ceux qui essaye de ne pas parler trop fort de peurs de se faire sanctionner. C'est un espace que je n'arrive pas encore à gérer. C'est tellement ridicule, hier soir, je me suis présenté devant la grande porte mais j'ai été incapable de l'ouvrir. J'entendais les chuchotements, le bruit des couverts sur les assiettes et je n'ai pas pu.
Alors j'ai fait demi-tour.
Ce matin, devant ma porte, une lettre m'attendait. Pas un message personnel. Juste quelques lignes froides, signées du directeur.
"Votre absence au dîner n'est pas acceptable. Ce genre de comportement ne saurait se reproduire."
J'ai brulé son stupide papier dans la grande cheminée de ma chambre.
Je jette un regard à mon sandwich à moitié entamé, puis lève les yeux vers le ciel gris au-dessus de moi. Le vent froid mord ma peau, mais je préfère ça à l'oppression de cette foutue salle. Je ne dois pas me mettre le directeur à dos, ni aucun de ses profs donc je vais devoir être une élève modèle et me secouer. Et surtout, je dois lui faire oublier mon erreur d'hier soir.
D'où je suis assise, en haut de la colline, je peux voir l'ensemble du campus en contrebas. Les bâtiments principaux s'élèvent fièrement au centre, avec leurs façades de pierre blanche et leurs toits d'ardoise, austères et imposants. Des jardins géométriques s'étendent autour, soigneusement entretenus, comme un décor figé dans le temps, les écuries et les différents stades de sport sont aussi visible plus en à arrière.
Mais à l'opposé, cachés par une rangée d'arbres, se dressent d'autres bâtiments. Délaissés. Dégradés par le temps et l'oubli.
L'ancien Golden Eagle Institute.
De ce que j'ai trouvé comme information, il a été fondé en 1889 par Sir Alistair Ravenscroft, un érudit et mécène ambitieux. Les sites officiels font l'apologie de cet endroit, il a vu passer des générations d'élèves d'élite. Mais ces bâtiments-là, ceux qui tombent en ruine aujourd'hui, sont les vestiges de l'établissement originel.
J'essaie d'imaginer ce qu'ils étaient, à leur apogée. Les couloirs remplis de murmures, les salles de classe où les premières générations de l'élite ont appris à gouverner. Mais maintenant, ils ne sont plus que des carcasses vides.
C'est à cause de sa femme qu'on se coltine toutes ces conneries de Bal des Saisons et de cours de bonne conduite. Une tradition pompeuse et hypocrite, à l'image de ce lieu. Pourtant, même si l'héritage de cette école me dégoûte, je ne peux m'empêcher d'être fascinée. Comme si chaque pierre, chaque couloir, chaque ombre racontait une histoire que personne ne veut entendre.
Des générations entières ont fermé les yeux sur la violence et la mort qui hantent ces murs. Des parents fiers, des élèves triomphants, des professeurs complices. Et au milieu de tout ça, Alistair Ravenscroft, le fondateur, un homme respecté et craint, qui a marqué l'histoire de cet endroit d'une manière indélébile.

VOUS LISEZ
LA VENGEANCE DU CYGNE NOIR
ActionLa Golden Eagle Institute est une école connue pour former l'élite de demain, les enfants privilégiés du monde entier se battent pour y avoir une place. Chiara, fille du directeur Ashford avait tout ce qu'il était possible d'avoir, la première place...