FILLING THE CANVAS

CHAPITRE 1 | Zolani

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Casque sur les oreilles, j'observe à travers la vitre du café les habitants d'Atlanta déambuler dans les rues. Certains marchent vite, d'autres plus lentement, appréciant la chaleur étouffante de l'été. Je ne sais pas comment font ces gens pour sortir de chez eux par un temps pareil s'ils n'en ont pas l'obligation. Ma mère a dû s'y prendre à plusieurs reprises pour me pousser hors de la maison, pour que je ne perde pas la tête et que je change un peu d'air selon elle. Mais j'apprécie être enfermée dans le confort de ma chambre, à ressasser le passé, à me morfondre ou encore à essayer de me changer les idées. Cette solitude m'apporte un certain réconfort dans ce monde qui me paraît si terne.

Un soupir s'échappe de mes lèvres et je tente tant bien que mal de me concentrer sur mon devoir de mathématiques. Je n'ai aucune envie de réfléchir à ces problèmes mais je n'ai pas le choix : les cours ne sont pas une option et surtout pas pour ma mère. Elle a déjà été très compréhensive l'année dernière alors je ne compte profiter de sa gentillesse pour glander. Je dois me reprendre, ou du moins essayer.

Pourtant, j'ai beau me répéter cela en boucle, parfois il est compliqué de se remettre à travailler, à vivre de nouveau. Les cours ont repris depuis un mois déjà mais mes pensées finissent toujours par se diriger vers lui. Vers Tobias. Comment reprendre une vie normale après son décès ? Comment continuer à faire croire à ma mère, à mon entourage que tout va bien maintenant ? C'est dur. C'est fatiguant.

Je n'en peux plus mais je ne peux rien dire, je dois aller bien.

Alors, même si tous ces chiffres me donnent presque mal au crâne, je m'efforce de finir ces exercices afin de passer au devoir suivant. Avec quelques difficultés, je parviens à surmonter cette épreuve et me prépare à commencer mon devoir d'anglais lorsqu'une main – ou plutôt un doigt – se pose sur mon épaule. Je sursaute et me dégage aussitôt avant de lever la tête pour croiser des yeux aussi gris que le monde qui m'entoure. Qui est cette personne et qu'est-ce qu'elle me veut ? Je pensais pouvoir être tranquille si je m'étais mon casque mais apparemment, ce détail n'empêche pas certains de venir me déranger.

Mon regard explore le visage du garçon en face de moi. Il me paraît familier mais je ne saurai dire où je l'ai déjà aperçu. Enfin, mes yeux se posent sur ses lèvres fines. Elles bougent mais je n'entends rien de ce qu'il dit. J'enlève alors mon casque pour le laisser reposer autour de mon cou.

—    Pardon ?

Il me sourit doucement avant de répéter ce qu'il disait :

—    Tu t'es trompée ici.

Il désigne un calcul du doigt et l'un de mes sourcils se relève. Je ne sais pas si c'est une nouvelle façon de draguer les jeunes femmes de nos jours mais je ne lui ai pas demandé son avis à ce que je sache. Même s'il est vrai qu'il est assez beau garçon, ce n'est pas le moment de penser à ça.

Je lui lance un regard appuyé et sous le poids de celui-ci, l'inconnu se met à jouer avec son tablier vert. Je n'avais pas remarqué qu'il en portait un jusqu'à maintenant. En fait, il doit probablement travailler ici.

L'adolescent se frotte la nuque avant que son sourire n'en devienne un désolé.

—    Excuse-moi, je te servais ton bubble tea et mes yeux ont dérivé sur ton devoir.

En effet, un gobelet contenant ma boisson est posé à côté de mon tas de feuilles, assez loin pour que les gouttes d'eau coulant le long de celui-ci ne les mouillent pas. C'est plutôt aimable de sa part.