Giulia,
août 2022Un poids sur ma hanche me tire doucement du sommeil. J'émerge lentement, les paupières encore lourdes, avant de sentir la chaleur familière contre mon dos. Le bras de Mathieu repose sur mon ventre et son souffle régulier effleure ma nuque.
Je souris en tournant légèrement la tête. Il dort profondément. Son visage est paisible, presque innocent, et je prends quelques secondes pour l'observer. Il y a encore quelques semaines, il ne dormait pas ici. Avant qu'on officialise, il filait en douce pour venir ici. Maintenant, il s'en fout. Il squatte mes draps sans pression.
Je tends le bras pour attraper mon téléphone sur la table de nuit. 8h27. Il est assez tôt, et on s'est couchés tard, mais il m'a demandé de le réveiller dès que j'ouvrirai les yeux. C'est son dernier jour ici.
- Mathieu...
- Nan...
Je souris, amusée tandis qu'il enfouit son visage dans l'oreiller.
- C'est toi qui m'as demandé...
- Je sais... j'regrette.
Un sourire étire mes lèvres. Je m'approche, caresse sa joue du bout des doigts avant de me pencher pour déposer un baiser furtif sur ses lèvres. Il grogne contre ma bouche, puis entrouvre un œil.
- Viens on va à la plage, je chuchote. Un dernier bain avant que tu partes.
- Hm...
Il met quelques secondes avant de réagir vraiment, comme s'il avait oublié l'espace d'un instant que c'était aujourd'hui qu'il partait. Puis il soupire, passe une main sur son visage.
- Tu peux m'faire mon café steup'lait ? il demande.
- J'arrive.
Je me redresse et dépose un dernier baiser sur sa joue avant de quitter le lit. Dans la cuisine, je mets la machine à café en route et me perds quelques secondes dans mes pensées, les bras croisés sur le comptoir. Cette journée va passer trop vite et j'appréhende le départ.
Quand le café est prêt, je retourne dans la chambre avec nos tasses. Mathieu s'est redressé contre l'oreiller, torse nu, la peau encore chaude de sommeil. Son bronzage ressort encore plus avec mes draps blancs.
- T'es la meilleure, merci.
Je souris et m'assois à côté de lui. Il boit une gorgée, puis se penche pour embrasser mon épaule nue.
On enfile nos maillots en silence et on file à la plage, encore déserte. On pose nos serviettes avant d'aller directement dans l'eau. Elle est fraîche, mais le soleil commence déjà à la réchauffer.
Je m'approche de Mathieu et m'accroche à lui, les bras autour de son cou, mes jambes enroulées autour de sa taille. Il resserre son étreinte, une main sur ma hanche, l'autre sur mes fesses. On reste ainsi, sans trop parler, profitant juste du moment.
- Tu me manques déjà, je murmure.
- Me dis pas ça.. j'ai envie de rater mon avion, là.
Je souris, enfouis mes doigts dans ses cheveux. Je le touche, encore et encore, parce que bientôt, je ne pourrai plus.
- Quand est-ce que tu pourras revenir ? je demande.
- Là j'ai pas mal de trucs à gérer, mais j'pense max dans 3 semaines. Et puis toi, tu viens quand tu veux.
J'hoche la tête. Mon ventre se serre. Plus le temps passe, plus je me rends compte qu'il va partir. La dernière fois, la distance a eu raison de nous. J'ai peur que ce soit pareil cette fois-ci. J'ai peur que le quotidien nous rattrape, que l'éloignement nous use.
- Ça va l'faire, mon cœur. Tranquille.
Je souris. Je ne me lasse pas de ses nouveaux surnoms chaque jour même si ça reste assez rare.
On finit par sortir de l'eau et retourner chez moi pour se doucher. Après s'être habillés, je l'aide à boucler sa valise.
Puis on retrouve les autres pour manger tous ensemble. À table, l'ambiance est plus légère. On rigole, on chambre, on évite de trop penser au départ imminent.
Mehdi balance en mâchant :
- On t'attend à Paname, hein. On va t'montrer c'est quoi les vraies soirées.
J'hoche la tête tandis qu'Adrien ajoute :
- Grave, faut qu'on t'fasse goûter un vrai kebab aussi.
Mathieu lève les yeux au ciel.
- Vous croyez qu'elle va monter à Paris pour vous voir ?
- Qu'est-ce t'as, le jaloux ? J't'ai pas sonné, j'parle à ma pote, réplique Mehdi avec un sourire.
Mathieu lui lance un faux regard noir.
- Tu veux que j'te fasse rater ton vol ?
Les garçons rigolent. Moi, j'arrive même pas à profiter de l'instant. Je sais que c'est la fin des vacances et ça me rend trop nostalgique.
Quand on arrive à l'aéroport, le silence s'installe. Mathieu traîne un peu derrière, et je sens son regard sur moi en permanence.
Je prends Mehdi, Adrien et Lisko dans mes bras. Puis je me retourne et souris en voyant Pierrot s'approcher de Mathieu avant de le serrer dans ses bras. Ça m'émeut plus que je ne veux bien l'admettre. Ils sont trop mignons.
Il recule et Pierrot s'approche d'Adrien tandis que Mathieu soupire et me fixe. Il ne dit rien. Il s'approche simplement et écarte ses bras.
- Tu vas me manquer, il chuchote a mon oreille.
- Je te manque pas déjà, là ?
- T'es encore dans mes bras.
- Dans une minute, je te manquerai ?
- Ouais, dans une minute c'est sûr.
Je souris et Mathieu jette un coup d'œil aux garçons avant de m'embrasser très furtivement.
- Tu m'envoies un message quand t'arrives ?
Il hoche la tête et me souris avant de passer sa main sur ma joue pour la caresser.
- T'inquiète pas.
J'hoche la tête et souris moi aussi. Il est mignon quand il me rassure.
- Polak, on y va ? demande Adrien.
Il hoche la tête, et passe son bras autour de mes épaules avant d'embrasser ma tempe. Je retiens mes larmes. Je suis d'abord très triste de le quitter, mais j'ai aussi un pincement au cœur de voir les garçons partir. Ça va être vide sans eux.
Ils s'éloignent vers le contrôle de sécurité et Pierrot passe son bras autour de mes épaules. Il caresse mon bras tout en faisant coucou aux garçons à travers la vitre.
Moi, j'attrape mon téléphone et envoie un message au parisien.
À : Mathieu
- je te manque ?
À travers la vitre, je le vois sortir son téléphone, lire mon message, puis lever les yeux vers moi. Il me fixe, et sans hésiter, il hoche vivement la tête.
Moi, je souris comme une débile et finis par tourner la tête vers mon cousin qui me regardait déjà, un sourire aux lèvres.
- Ça va aller, chouchou ? il demande.
J'hoche la tête et inspire un bon coup. Même si ça me fait peur, ça va aller.
