Mathieu,
août 2022Le retour à la réalité est plutôt violent : j'dois affronter Pierrot. On est rentrés de Murtoli ce matin et Giulia est direct allée parler à son cousin. Moi, je poireaute dans ma chambre en attendant. Je flippe.
De : Giulia
- c'est bon je lui ai parlé
- c'est pas si horrible que ce que je pensaisJe me redresse et vais sur le balcon. J'aperçois Pierrot au bord de la piscine et j'inspire un bon coup avant de descendre le rejoindre. C'est à moi d'porter mes couilles maintenant.
Il est assit sur une chaise, une clope coincée entre les doigts, l'air pensif.
- J'peux ?
Il lève les yeux vers moi et hoche la tête avant d'écraser sa cigarette dans le cendrier. Il a le regard froid. Mon cœur tape un peu trop fort dans ma poitrine, mais j'fais comme si de rien n'était.
- J'vais pas t'faire un grand discours, mais c'est sérieux avec Giulia, je commence en essayant de garder une voix posée. Je tiens à elle, vraiment.
Silence. Je flippe en vrai.
Pierrot me scrute, puis il se redresse, croise les bras et lâche :
- Mathieu, t'es mon ami. Mais Giulia, c'est la famille. C'est comme ma sœur. Tant qu'elle est heureuse, y'a pas de problème, au contraire. Si elle est bien, alors je suis bien aussi. Mais si tu lui fais du mal, tu peux faire une croix sur moi. Compris ?
J'hoche la tête.
- Ça arrivera pas, mon Pierrot.
Un sourire naît sur mes lèvres et j'ajoute avec un air taquin :
- Commence plutôt à m'appeler beau-frère.
Il me fixe une seconde avant de secouer la tête, amusé. Il me donne une tape sur l'épaule.
- Maintenant, tu fais vraiment partie de ma famille Polak.
Je sens la tension s'échapper d'un coup et je souffle intérieurement. Putain, ça s'est mieux passé que je l'imaginais. J'suis carrément soulagé.
Je m'allume une clope pour décompresser et discute un peu avec Pierrot avant de rejoindre Giulia chez elle.
- J'suis en vie, je balance en entrant.
Assise sur son canapé, elle tourne la tête vers moi et hausse un sourcil, amusée.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Je m'approche, m'assois à côté d'elle sur le canapé et pose ma main sur sa cuisse nue.
- Qu'il était trop content de m'avoir en beau-frère.
Elle fronce les sourcils et plisse les yeux.
- Ça lui ressemble pas du tout.
Je souris et me penche pour embrasser sa joue.
- Bon j'avoue il m'a mit un p'tit coup d'pression mais en gros, il m'a dit qu'il voulait juste que tu sois heureuse.
Elle me regarde et me souris. Le plus beau sourire de la terre sans mentir.
- T'es heureuse avec moi ? je demande.
- Trop.
Je lui caresse la joue doucement, profite du silence. On a plus à se cacher et ça c'est trop bien.
