Chapitre 43

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Giulia,
août 2022

Lorsque j'ouvre les yeux, la pièce est calme, seulement animée par le bruit lointain des vagues et la respiration lente et régulière de Mathieu, toujours endormi à côté de moi.

Je reste immobile quelques secondes, le regard posé sur lui. Son bras est replié sous sa tête, il a l'air totalement détendu.

Je me lève doucement pour ne pas le réveiller et prends mon livre avant de sortir sur la terrasse. Je m'assois au soleil et ouvre mon bouquin, je l'ai pris exprès, sachant très bien que je me réveillerais avant lui.

Presque une heure plus tard, alors que je suis absorbée par ma lecture, une voix rauque brise le silence.

- T'aurais dû me réveiller, bébé.

Je relève la tête, surprise par le surnom. Il s'approche et embrasse mon épaule avant de s'asseoir à côté de moi, encore ensommeillé.

- Tu dormais trop bien.

Il me sourit avant de commander le petit-déjeuner en room-service. Quelques minutes plus tard, une dame entre avec un chariot et Mathieu me sert mon café. Il est aux petits soins et j'en profite.

Après le petit-déjeuner, on enfile nos maillots de bain, attrapons nos serviettes et descendons sur la plage privée. Il fait déjà chaud et nos transats nous attendent.

Mathieu s'allonge, les yeux fermés, et je m'applique ma crème solaire avant de me tourner vers lui.

- Mets de la crème, Mathieu.

Il ouvre un œil et fronce les sourcils.

- Fais-le toi, il sourit.

Je lève les yeux au ciel, mais je m'exécute. Je presse mes paumes sur ses épaules, puis ses bras et son torse. J'en profite clairement, et s'il n'y avait pas un petit couple de vieux à côté de nous, ça aurait pu déraper sur cette plage.

- Tourne-toi.

- Oui, chef.

Il s'allonge sur le ventre, satisfait. Je passe mes mains sur ses omoplates avant de glisser lentement vers le bas de son dos. J'en profite pour le masser un petit peu, je sais qu'il adore ça.

- C'est trop une dinguerie... il marmonne.

Je souris, amusée, et remonte jusqu'à sa nuque avant de relever les mains.

- Tu me dois un massage maintenant, je chuchote.

- Ce soir, t'inquiète.

Je me retiens de rire et m'allonge sur mon transat. J'attrape mon livre et reprend ma lecture tandis que je vois Mathieu traîner sur son téléphone quelques minutes avant de le lâcher.

- Lâche ton livre et profite de moi.

Je retiens mon sourire. Mathieu a besoin d'attention constante, et il a toujours besoin qu'on soit collés. C'est sûrement lié à la distance, et il a raison, je devrais profiter de chaque instant.

Je pose le livre et lui tend ma main. Il la saisit et je le tire dans l'eau. Il plonge d'un coup tandis que je prends mon temps, mais dès que je suis près de lui, je m'accroche à sa nuque.

Ses mains glissent sur mes hanches et mes fesses et je me penche pour l'embrasser. On est trop bien ici, on est dans notre bulle.

- C'est trop chiant de devoir se cacher quand on est chez toi..

J'hoche doucement la tête. Il a raison.

- On pourrait arrêter, nan ?

Je fronce les sourcils.

- Arrêter quoi ?

- De s'cacher.

J'hausse les sourcils, surprise.

- Tu veux le dire à Pierrot ?

- Bah ouais. On va bien lui dire un jour, nan ?

J'hausse les épaules. S'il veut en parler à Pierrot, c'est qu'il est sur de lui.

- Les gars s'en doutent déjà t'facon, il ajoute. Il manque plus que Pierrot.

- Mathieu, si tu le dis à Pierrot faut que tu sois sûr de toi. Tu sais comment il est avec moi..

Il plante son regard dans le mien, sérieux.

- J'suis sûr de moi, Giulia. J'serais pas là sinon.

Je souris, comme une enfant. J'ai les papillons dans le ventre comme quand on est ado et qu'on découvre l'amour pour la première fois.

Ses lèvres frôlent les miennes, puis il m'embrasse doucement, comme pour sceller cette certitude.

- Ça m'fait chier de mentir à Pierrot, il reprend après un instant. Plus j'attends, plus il va mal le prendre et j'veux pas qu'il pense que j'lui manque de respect.

Je passe ma main dans ses cheveux mouillés, hochant la tête. Je sais qu'ils sont très proches tous les deux, et je sais combien leur amitié compte pour lui.

- Puis même, c'est pas que Pierrot... J'veux plus avoir à m'cacher en général.

Je penche ma tête.

- Comment ça ?

- Bah j'aimerai qu'on sache que t'es avec moi, que t'es plus dispo...

Je rigole doucement en secouant la tête même si, au fond, ça me plaît qu'il soit jaloux comme ça.

- Laisse-moi lui en parler d'abord.

Il fronce les sourcils.

- C'est à moi d'aller lui parler, c'est à moi d'assumer ça. J'vais pas m'défiler et envoyer ma meuf au charbon comme ça.

Je secoue la tête en souriant.

- Ça passera mieux si j'y vais avant, je t'assure. Je le connais.

Il soupire, réfléchit un instant puis hoche la tête.

- Ok.

Sa main caresse distraitement mon dos tandis que je ferme les yeux, profitant du soleil sur ma peau et du bruit apaisant des vagues.

Un long silence s'installe avant qu'il murmure :

- Il va m'frapper tu penses ?

Je ricane.

- Non.. Il sait que t'es quelqu'un de bien.

- Ouais.. mais il sait aussi que j'ai pas toujours été droit avec les meufs. J'ai pas envie qu'il pense que c'est la même avec toi.

- Ce sera à toi de prouver que t'as changé.

Il hoche la tête, le regard pensif. Moi, je me penche pour embrasser sa joue. Il a raison finalement, j'ai hâte que tout le monde sache qu'on est ensemble. J'ai plus du tout envie de me cacher.

Giulia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant