Chapitre 42

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Giulia,
août 2022

Quand je me réveille, il fait déjà jour. Hier soir, j'avais très envie de demander à Mathieu de venir dormir chez moi. Mais je me suis retenue. Je veux pas tout donner d'un coup. Il n'a même pas tenté, d'ailleurs. Il est rentré dormir dans sa chambre avec Lisko.

Lorsque j'attrape mon téléphone, j'ai une notification de sa part.

De : Mathieu

- jte kidnappe ajd
- dis à Pierrot que tu vois tes copines
- je leur ai dit que j'allais voir ma mère

Un sourire étire mes lèvres alors que je réponds.

À : Mathieu

- on va où ?

De : Mathieu

- jte dis pas
- mais prépare un sac avec des affaire pour ce soir et demain

Je souris comme une débile. J'adore quand il me fait des surprises.

Je prépare mes affaires et Mathieu me rejoint discrètement chez moi. On prend la voiture et on part, direction inconnue.

Je suis assise côté passager, une jambe repliée sur le siège pendant que Mathieu conduit.La route serpente entre les collines tandis que les chansons de Joe Dassin défilent dans la voiture.

Je le regarde, concentré sur la route, une main négligemment posée sur le levier de vitesse. Son profil, sa mâchoire, la façon dont ses doigts tiennent le volant... Tout me donne cette sensation bizarre dans le ventre.

On roule encore un moment, la mer qui apparaît entre les collines, l'air chaud qui s'engouffre par la fenêtre. Et puis je reconnais la route.
Je fronce les sourcils.

- Sérieux ?

Quand on arrive devant le portail en pierre du domaine de Murtoli, je ne peux m'empêcher de sourire. Mathieu se gare et me regarde, sourire en coin.

- Quoi ?

- Tu refais toutes nos premières fois ?

Il hausse les épaules, faussement innocent. Hier soir, le bain de minuit pour notre premier bisou et ce soir, l'endroit où on a couché ensemble pour la première fois.

- Ouais, comme ça on repart du bon pied.

On passe la journée sur la plage privée. L'eau est turquoise, le sable brûlant sous nos pieds. À un moment, je me laisse tomber sur un transat, lunettes de soleil sur le nez, pendant que Mathieu s'approche de l'eau. Il y trempe les pieds, hésite, puis revient vers moi.

- Viens te baigner avec moi.

- Je bronze.

- T'es déjà assez bronzée.. viens.

Il m'attrape la main et je finis par le suivre dans l'eau. Elle est parfaite, fraîche, juste comme il faut.

On nage, on s'éclabousse, il me porte, me fait tourner. À un moment, il passe ses mains autour de ma taille et me rapproche de lui.

- Ça m'avait trop manqué, ça.

Je ne réponds pas, je l'embrasse et passe mes mains dans ses cheveux. Il est encore plus beau dans l'eau.

- C'est toi qui m'a trop manqué, je lâche.

- T'es une loveuse, hein.. c'était pas du mytho l'horoscope.

Je rigole, c'est drôle qu'il se souvienne d'un petit détail comme celui-là. Il se penche pour m'embrasser, encore. C'est comme ça toute la journée. Collés, inséparables. Comme si on rattrapait ces mois d'absence.

Le soir, la table du dîner est dressée sur la terrasse. Des bougies, une vue imprenable sur la mer qui s'assombrit, des vagues en fond sonore. Tout est idyllique.

Mais malgré ça, mon esprit s'égare. Je pique distraitement dans mon assiette, le regard perdu quelque part entre l'horizon et mes pensées.

- À quoi tu penses ?

J'hausse les épaules et pousse un grain de riz du bout de ma fourchette.

- J'ai pas envie que tu repartes, j'avoue.

Il s'approche, attrape ma main, l'embrasse doucement.

- J'suis pas encore parti que j'te manque déjà ?

Je souris malgré moi.

- Profite de m'avoir que pour toi, nan ?

Je lève les yeux vers lui.

- J'ai conscience que c'est pas simple, mais ça vaut le coup, il ajoute.

Je le regarde un instant avant de lâcher :

- Mais qu'est-ce qui a changé entre aujourd'hui et l'année dernière ? Ce sera le même problème, Mathieu. La distance, c'est trop dur.

Il fronce les sourcils.

- Déjà, c'est pas la distance qui nous a séparés. C'est moi et mes conneries.

Je ne peux pas le contredire.

- Et puis on peut trouver un équilibre. Maintenant que j'sais c'que ça fait d'être loin de toi, j'ai envie de tout faire pour que ça arrive plus.

J'acquiesce.

- C'est pas toi qui m'as dit qu'être en couple, c'était pas que pour les bons moments ?

Je hoche la tête, silencieuse.

- Ouais ça va être dur, ça va être chiant de pas s'voir tout l'temps, mais on s'fait confiance. On s'dit les choses. On trouve des solutions. Et puis on est pas loin...

Je joue avec ma serviette en coton posée sur mes genoux. Il n'a pas tort.

- T'as pas peur que ça nous éloigne encore ?

Il resserre sa prise sur ma main en secouant la tête.

- Ça va juste nous rendre encore plus solides.

J'hoche la tête, j'ai envie de le croire, mais j'ai peur. Qu'importe, je laisse les mauvaises pensées de côté et me penche pour embrasser sa joue mal rasée.

Lorsqu'on retourne dans la chambre, je ressens ce même mélange d'excitation et d'impatience que la première fois qu'on est venus ici.

Je me hisse sur la pointe des pieds et l'embrasse. Il m'attrape par la taille, me soulève légèrement. Ses mains sur moi, son souffle, son odeur. Tout revient.

C'est comme une nouvelle première fois, mais en mieux. Parce que je l'aime tous les jours un peu plus.

Giulia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant