Chapitre 29

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double update
je vous gâte

Giulia,
janvier 2022

Je soupire en m'affalant sur mon canapé. Il est trop tôt. J'attrape mon téléphone mais pas de message de Mathieu. Je le repose alors et attrape ma tasse de café.

Ça fait maintenant bientôt six mois qu'on se fréquente. Depuis notre séjour au domaine de Murtoli, je suis retournée le voir deux fois à Paris et lui, il est revenu ici trois fois, la dernière fois c'était après les fêtes de Noël.

Là, ça fait bientôt trois semaines qu'on s'est pas vus. Il me manque beaucoup, et la distance me pèse. Je le sens distant depuis quelques jours, il m'envoie moins de messages. Moi, ça me rend folle.

Hier soir, j'ai pleuré au téléphone pour la première fois. Parce qu'il me manquait. Il m'a rassuré, m'a dit qu'il ne voulait pas me voir pleurer, qu'on se verrait bientôt mais qu'il était très occupé en ce moment. C'est très dur.

Je finis mon café et file me brosser les dents et me coiffer avant de partir travailler. Heureusement, mes patients me changent les idees. Ils me racontent leur vie, leurs soucis, leur femme qui est partie avec le jardinier ou encore leur fils qui enchaine les bêtises. Ça me fait penser à autre chose.

À midi, je mange avec Raphaël et Caroline. Ils discutent d'une patiente qui est venue au cabinet ce matin et j'en profite pour prendre mon téléphone.

Toujours pas de messages de Mathieu, je décide alors de lui envoyer quelque chose.

À : Mathieu

- tu me manques

De : Mathieu

- toi aussi ma beauté

Je souris, mais il se dissipe rapidement. Il répond vite, donc il était sur son téléphone, donc il aurait pu m'envoyer un message...

Je sais pas si la distance me rend parano, ou si j'ai de bonnes raisons de m'inquiéter. Son comportement a changé depuis quelques jours.

À : Mathieu

- tu peux pas venir me voir quelques jours ?

De : Mathieu

- nn.. c impossible en ce moment

À : Mathieu

- je peux venir un week-end moi

De : Mathieu

- g grave tu boulot jprefere pas

Des frissons me parcourent le dos. Je ne m'attendais pas à cette réponse. Si j'étais seule, je crois que j'aurai pleuré. Mais je suis au restaurant, je me contiens.

À : Mathieu

- ah d'accord

Je verrouille mon téléphone et le pose sur la table avant de relever les yeux vers mes collègues. Je souris, mais Raphaël me regarde les sourcils froncés. Il ne dira rien devant Caroline, mais je sais qu'il a compris que ça n'allait pas.

Mon téléphone s'allume et je jette un coup d'œil à sa réponse.

De : Mathieu

- le prend pas mal bb
- c pas contre toi tu sais tres bien

Je retourne le téléphone pour ne plus être déranger et tente de me concentrer sur la discussion des deux en face de moi.

J'ai la boule au ventre. Les questions fusent dans ma tête. J'arrive pas à me concentrer.

De retour au cabinet, je me concentre à fond sur mes patients. Ma vie personnelle ne doit en aucun cas influencer mon travail. Là encore, j'arrive à faire abstraction. Mes patients sont drôles, et me permettent de penser à autre chose.

Je raccompagne mon patient à l'accueil et Caroline me tend un bouquet de fleurs.

- C'est pour toi, le fleuriste vient de le déposer à l'instant.

Je souris et récupère le bouquet. En attendant mon prochain patient, je déplie la carte qui est accroché au bouquet.

« Je suis désolé, je sais que c'est dur en ce moment mais fais moi confiance. Tu me manque.
Mathieu »

Je replie le mot et pose le bouquet sur mon bureau. Je ne peux pas cacher que ça me touche, mais ça n'enlève pas ma peine.

Je lui ai proposé de le rejoindre à Paris et il m'a clairement recalé. Je suis blessée dans mon ego et j'ai l'impression d'aimer quelqu'un qui ne m'aime pas autant que moi.

Ma prochaine patiente arrive et je chasse ces pensées de mon esprit.

Le soir, quand je sors du cabinet, je vois deux messages que Mathieu m'a envoyé il y a une heure.

De : Mathieu

- ta fini le travail ?
- appelle moi quand tu sors

J'inspire un bon coup et démarre ma voiture avant d'aller chez moi. Lorsque j'arrive, je pose mon sac sur l'îlot central et retire mes chaussures avant de me poser sur mon canapé.

J'appuie sur le bouton Face Time et il décroche dès la première sonnerie. Dès qu'il me voit, il me sourit et je tente de sourire moi aussi.

- Ça va ? il demande.

- Ouais.. et toi ?

Il est chez lui, je reconnais le mur de sa chambre. Je comprends qu'il n'est pas au studio et que donc, il ne travaille pas jour et nuits comme il le prétend depuis quelques jours. Une déception de plus.

- Je suis désolé, Giulia. C'est pas contre toi, j'te promets.

- C'est quoi alors ?

Il baisse les yeux, il fuit mon regard. Il ment et je le sais. J'ai même pas la force de le confronter tellement je suis blessée.

- Ça a rien à voir avec toi.. c'est le travail, y'a que des galères, j't'expliquerai, mais pas maintenant.

- Tu m'exclus de ta vie alors qu'on est à distance et tu veux pas que je me vexe ?

- J'comprends mais fais-moi confiance. J'te jure, j'aimerai trop être avec toi.

J'hoche la tête. En vérité, je ne crois plus un mot qui sort de sa bouche. Je comprends rien à ce qu'il se passe.

- Pour moi aussi c'est dur d'être loin de toi, à moi aussi tu me manques il ajoute.

J'acquiesce à nouveau, j'ai les larmes aux yeux. je baisse les yeux, je ne sais même pas quoi lui dire.

- Pleurs pas bébé.. je sais que c'est dur mais on va y arriver.

J'hoche la tête pour lui faire plaisir, j'ai juste envie de raccrocher.

- Je te laisse, y'a Pierrot qui vient de toquer.

Il soupire, peut-être qu'il a compris que je mentais. Qu'importe.

- Ok.. bisous

Je raccroche et pose mon téléphone sur le canapé. J'ai mal au cœur. Je ferme les yeux et les larmes qui menaçaient de couler dévalent sur ma joue.

Mon téléphone vibre, deux fois, j'ose à peine regarder.

De : Raphaël

- j'ai vu que ça allait pas à midi giugiu
- ça va mieux ?

Je souris. Je sais qu'il va au restaurant avec sa chérie ce soir, alors je n'ai pas envie de le déranger. Je lui raconterai ça demain.

Mon téléphone vibre à nouveau.

De : Mathieu

- je pense trop à toi jte promet❤️

Giulia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant