Giulia,
août 2021
Je tourne la dernière page de mon livre et le repose sur ma serviette. Ce matin, je me suis réveillée assez tôt, alors je suis allée à la plage.
Mathieu m'a encore rejoint chez moi hier soir. On a passé la soirée à parler de tout et de rien. J'aime beaucoup parler avec lui. Et encore une fois, je me suis endormie dans ses bras. Toujours sans gestes déplacés, toujours respectueux. Plus le temps passe, plus je l'apprécie.
Son départ approche, et je redoute ce moment. Ce matin, il dormait paisiblement, alors j'ai pas osé le réveiller. J'ai enfilé mon maillot et je suis directement venue ici. Il est encore tôt alors il n'y a personne. J'entends seulement le bruit des vagues.
Lorsque j'entends des pas dans le sable, je relève la tête et tombe sur Mathieu. Il s'assoit à mes côtés et son regard se perd à l'horizon.
- C'est beau, hein ? je dis.
- Incroyable.
Il s'allonge à côté de moi, et passe sa main dans ma nuque. Ses doigts glissent lentement jusqu'à mon bras, faisant naître des milliers de frissons.
- Comme toi, il ajoute.
Je pouffe de rire. Il ne s'arrête jamais.
- T'es fort.
- C'est mon métier...
Il se penche pour poser ses lèvres sur les miennes. Puis il se recule, mais pas trop.
- C'est dur de t'avoir que pour moi. Faut que j'me lève aux aurores.
- Il est huit heures, Mathieu.
- C'est encore la nuit pour moi.
Je souris. Il m'embrasse une nouvelle fois avant de se reculer pour s'allonger sur le dos.
- À la base j'devais aller voir ma mère demain.
- Pourquoi t'y vas pas ?
Il hausse les sourcils, puis sourit. Je crois que je comprends qu'il préfère rester ici, avec moi.
- J'ai envie de profiter, il dit finalement.
J'hoche la tête, et me met à fouiller dans le sable. Mathieu me suit et il finit par trouver quelque chose qu'il me tend avec un sourire satisfait.
- Regarde, c'est trop beau.
Je reconnais immédiatement le coquillage.
- C'est un œil de Sainte Lucie. C'est super rare d'en trouver sur cette plage.
- C'est quoi ?
- Ça porte bonheur. On dit que ça protège du mauvais œil et qu'il apporte la chance à celui qui le possède.
- Ça vient d'où, cette légende ?
- Saint Lucie c'était une sainte martyre, elle priait pour sa mère malade, et quand sa mère fut guérie, elle a offert ses yeux en sacrifice, alors la mer les a transformé en coquillages.
Il acquiesce et regarde longtemps le coquillage avant de me le tendre.
- Tiens, il me dit.
- Pour moi ?
- Ouais, pour te porter bonheur.
- Garde-le. J'en ai pleins moi.
