Rosehill

Chapitre 15

— Tu te moques de moi, Elijah, j'espère ?

— J'ai l'air de rigoler, peut-être ?

Je pouffe nerveusement. Non seulement la date fatidique, qui était à la base prévue samedi, a été avancée à ce soir et je ne le sais que maintenant. Mais sur le court laps de temps qu'on m'a donné pour débloquer les pouvoirs de Farah, un jour entier d'entraînement m'est enlevé ?!

D'autant plus que je ne sais même pas si je reviendrai vivante ce soir. Il me l'a affirmé, oui, mais comment placer ma confiance en lui ? C'est comme me demander de me lancer dans une mission suicide.

Je ne donne plus très cher de ma peau. Je ne sais même pas en quoi consiste cette soirée, et encore moins les probabilités que j'y meure.

— Nous n'aurons pas le temps si on organise la soirée samedi, étant donné que le jour même est organisé le test final pour vos pouvoirs.

J'aurais dû faire plus tôt le rapprochement, ou au moins me demander quel jour nous serons dans 120 heures, comme l'avait énoncé Mme Pollyena. Mon premier tort a été de sauter ce détail si crucial, et mon deuxième a été de croire qu'il me donnerait réellement un cours.

Cependant, il n'a pas tort dans un sens ou un autre. Les professeurs ne nous ont prévenu que récemment de la date finale, il n'aurait pas pu la prévoir. Alors la seule solution qu'il a trouvée a été d'adapter les différentes possibilités de sortie à notre emploi du temps. Et le résultat n'est autre qu'aujourd'hui.

D'autant plus qu'il y a de fortes chances que je ne survive pas jusqu'à ce jour-là, alors ça devrait nettement l'avantager de m'utiliser, tant que je suis encore en vie.

— Et quoi ? On va sortir de l'académie maintenant ?

— Si on sort maintenant et qu'on y additionne le temps de préparation, tout en comptant le décalage horaire, nous serons à l'heure.

— Et tu comptes m'expliquer quand le but de la sortie, au juste ?

— Quand ce sera nécessaire.

Il se saisit d'un silencieux, recharge deux Glock dont un qu'il place dans sa poche arrière. Il enfourne le reste dans son sac. Une fois fini, il décroche un revolver du mur et me le tend.

Parmi toutes ces multiples sortes d'armes, les revolvers font plutôt tâche, surtout quand on discerne la diffère de leurs conceptions. Cependant, une arme mortelle est déjà de trop en ma possession.

Voyant mon hésitation, il soupire et s'avance vers moi. Il prend ma main droite et y dépose l'arme.
Je n'essaie pas de m'en débarrasser. Au contraire, mes doigts saisissent automatiquement le contour de la crosse.

Comme magnétisée, je n'arrive pas à détacher mes yeux de l'arme mortelle dans ma main. Je déglutis en comprenant l'ampleur de la situation.

Qu'est-ce qu'il compte faire avec toutes ces armes ?

— J'ai déjà un revolver, dis-je.

— Je sais, mais on devra se débarrasser de toutes nos affaires pour ne pas laisser de traces ni d'indices qui pourraient mener à nous. Alors garde-le uniquement pour cette académie.

— Si tu crois que je vais tuer pour toi, détrompe-toi, je l'avertis d'une voix qui ne laisse place à aucune hésitation.

— Je sais. Tu n'auras pas à te salir les mains. Mais si, dans un cas extrême, nous sommes séparés, tu pourras toujours t'en servir en dernier recours.