Chapitre 11

4.1K 192 245
                                    




— Je suis étonnée que tu sois encore en vie.

Je ne m'attarde pas sur l'aveu de Farah, qui ne m'étonne même pas, et l'approche en deux enjambées. Je saisis sa main pour l'entraîner dans un coin des grands jardins où on sera plus tranquilles. Personnellement, je n'avais aucun doute sur le fait qu'elle allait survivre, mais cette confiance doit être à sens unique.

— Je t'ai déjà dit plusieurs fois que je ne comptais sûrement pas mourir, pas tout de suite.

— Les humains ne choisissent pas quand ils meurent, dans la plupart des cas, tu le sais, non ?

— Je le sais très bien, merci de me le rappeler, Farah. Mais j'ai décidé que je vivrais, alors je vivrais. Passons bref, j'ai une question.

— Quand est-ce que tu n'en as pas ?

— Farah.

— Très bien, j'arrête. Je t'écoute.

— Est-ce que tu connais un Elijah, à tout hasard ?

J'avais décidé de me taire à son sujet, mais il commence à prendre trop d'ampleur dans mon quotidien. Si ça continue ainsi, je dois ne serait-ce que m'informer sur lui.

— Pas que tu pourrais connaître. Et puis je ne connais pas tous les Elijah de cette académie, alors il faudrait être un peu plus précise dans tes informations.

Sa réponse me soulage d'un côté, mais me laisse perplexe d'un autre.

— Peu importe. Ça n'a plus d'importance, allons manger.

— Pas ce soir. Je vais manger avec mon père.

Son père.

Celui qui a donné l'ordre aux élèves, dont sa propre fille, de se placer à des endroits précis du labyrinthe, ne sachant même pas si on allait y survivre ou pas.

Le pire dans cette étape est le fait que l'administration a bloqué les sorties lorsque le laps de temps donné a été écoulé, laissant les élèves à leur propre désespoir, sachant qu'ils finiraient par mourir de faim ou autre.

Mais en réalité, l'administration nous a expliqué, à nous, les vainqueurs, qu'elle serait clémente pour les perdants. Dans 24 heures, ils laisseraient les élèves sortir et reprendre leur vie d'étudiants comme s'il ne s'était rien passé.

Le but de cette épreuve n'est pas de tester notre capacité intellectuelle à réfléchir, mais de pousser les perdants à ne pas se donner la mort en pensant qu'elle est la solution la plus rapide et indolore.

Ceux qui persisteront à vivre, vivront. C'est le message que l'administration veut nous faire passer. Et c'est ridiculement misérable.

En repensant au père de Farah, je ne me rends compte que maintenant, que je ne sais pratiquement rien sur elle. Alors qu'à mon contraire, elle connaît bien trop de choses sur moi.
À part l'incident avec l'humain, elle ne m'a rien confié d'autre, se contentant seulement de ma présence physique. Dès que je lui pose une question qui franchit ses limites, elle me stoppe tout de suite.

— Très bien. Alors je t'attends au dortoir.

— Ne fais pas de bourdes quand je ne suis pas dans les parages, Nova. N'oublie pas où tu es.

— Je tiens bien trop à ma vie pour ça. Tu devrais le savoir.

— Des fois, j'en doute.

RosehillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant