17# CASSY - CHANTER COMME UN PIED

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Allongée sur mon lit, je n'ose plus regarder ma montre. Il n'est pas loin de dix-huit heures et que je vais devoir me préparer pour rejoindre Jude.

Bouge-toi la figue, il est déjà là !

C'est bien ça le problème ! Comment peut-il être déjà là ? Il a presque une heure d'avance. Bizarre qu'il ne m'ait pas envoyé de message. Malgré le stress, je ne peux m'empêcher de jeter un œil à travers le rideau. Pourquoi tient-il tant à ce que je l'accompagne ? Ses textos n'ont jamais mentionné le calendrier... Ce serait juste pour passer du temps avec moi ?

On s'en fout ! Magne-toi !

Comme à son habitude, ma petite voix intérieure n'a aucune patience. Elle martèle mes pensées comme une ado en crise qui tape du pied. Parfois, je me demande pourquoi je dois supporter une telle furie dans ma tête.

Je suis celle que tu veux que je sois. Plus précisément, je suis le coup de pied au cul qui te pousse à ne pas te priver.

Après un soupir, je me redresse en roulant des yeux. Si cette voix est censée me guider, pourquoi est-ce que je finis toujours par regretter ses conseils ? J'ai accepté l'invitation de Jude, mais à cet instant, je donnerais tout pour rester chez moi.

Tu regrettes juste par peur. Si tu avais dit non, tu t'en voudrais encore plus.

Un poids s'installe dans ma poitrine. Je serre mon oreiller, comme si cette étreinte pouvait apaiser mes angoisses. Elle a raison, bien sûr. Me couper du monde pour éviter l'anxiété n'est pas une solution. Mais affronter le regard des autres ? C'est une autre histoire. Même si, rationnellement, personne ne fait attention à moi, certaines paroles laissent des cicatrices profondes, comme des démons qui refusent de disparaître.

VA TE PRÉPARER ! Bordel de merde !

Le cri qui résonne dans ma tête me fait sursauter. Je bondis du lit. Aussi agaçante qu'elle soit à me harceler jour et nuit, je préfère éviter de l'énerver. Faut dire qu'elle n'est pas tendre.

Je jette un dernier coup d'œil vers la fenêtre. Et si, pour une fois, un garçon m'appréciait pour qui je suis ? Cette pensée réchauffe un peu mon cœur et allège la boule d'angoisse dans mon estomac. Je me lève, direction la salle de bain. Après une douche rapide et un brossage de dents express, je reviens dans la chambre, prête à m'habiller.

Figée devant mes vêtements, mes lèvres se pincent. Finalement, j'opte pour une tenue simple. Mes cheveux, n'ayant pas eu le temps de les laver, finissent en un chignon déstructuré. Un peu de parfum, et voilà.

Après une grande inspiration, j'agrippe mon sac à main et ouvre la porte. Le couloir est désert à cette heure-là, et l'atmosphère silencieuse me donne l'impression de marcher vers l'inévitable. Une fois dehors, une légère brise me caresse le visage. Je remplis mes poumons et rassemble mon courage. Plus question de reculer maintenant.

Dans la Jeep noire, Jude semble ailleurs, perdu dans ses pensées. Il a le coude posé sur la portière, sa tête soutenue par son poing, le regard vide. Je passe juste sous son nez, mais il ne me voit pas. Génial, ça commence bien. Je m'approche de sa voiture et tente de capter son attention en me penchant vers la vitre, mais rien. Pas question de poireauter ici comme une idiote. Je frappe contre le carreau.

Il sursaute sur son siège en poussant un cri, ce qui m'arrache un sourire. Essoufflé, il baisse enfin sa fenêtre et s'exclame :

— Putain, tu m'as fait peur ! Comment ça se fait que t'es déjà là ?

— C'est à toi que je devrais poser la question, t'es arrivé avec plus d'une heure d'avance. Ma chambre donne dans cette rue, je t'ai vu arriver.

C'est moi ou il est en train de rougir ?

THE ICE KINGSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant