THE ICE KINGS

10# CASSY - LA SANGSUE DES ENFERS

Lorsque nous arrivons à la maison des Huskies, la musique résonne à fond et la pelouse est jonchée de gobelets. De l'extérieur, cette fête ressemble à un joyeux bordel. Une main sur la poitrine, j'inspire pour calmer les battements de mon cœur.

— J'y crois pas, vous êtes venues !

Tyler s'approche de la voiture et comme toujours un immense sourire illumine son visage. Même si mes inquiétudes sont bien présentes, le simple fait de le voir me détend légèrement.

Vraiment ? T'es aussi crispée qu'un pet qu'arrive pas à sortir.

Quelle image glorifiante.

— Ça n'a pas été une mince affaire pour lui trouver une tenue, confie Joyce.

— C'est pas vrai. Je voulais une tenue classique, alors qu'elle m'en prévoyait une digne du plus grand jour de l'an.

— Bah quoi ? s'étonne-t-elle.

La tête enfoncée dans les épaules, elle lève les mains pleine d'incompréhension. De son côté, Tyler n'est pas surpris et tente de dissimuler son rire avant de passer à autre chose.

— En tout cas, mon frère m'a dit qu'il t'avait invité avec plaisir.

— Il veut redorer l'image de son équipe en même temps.

— On s'en fout de la raison, on est invité y a que ça qui compte, intervient Joyce.

— Elle est au courant qu'on a pas besoin d'invitation pour ce genre de fête ? murmure Tyler.

Alors que nos regards se croisent dans un échange complice, Tyler ouvre ma portière et me tend la main pour m'aider à sortir. J'expire lentement, comme si je pouvais chasser toute mon angoisse avec mon souffle. Cela ne change rien, mais mon ami le remarque aussitôt.

— Je sais que tu n'es pas à l'aise avec les gens que tu ne connais pas, mais souviens-toi quand tu as rencontré l'équipe de football. Ils t'étaient tous inconnus. Là, tu as l'occasion de discuter avec eux avant de commencer les photos.

— Sans compter qu'on sera avec toi, tu ne seras pas seule, ajoute Joyce que je n'avais pas vue arriver.

— Vous avez raison.

Bien que j'entende tout ce qu'ils disent, je suis à deux doigts de m'effondrer.

Relève la tête, bon sang ! Tu vas les éblouir avec toutes tes idées.

Le calendrier et devoir travailler avec eux n'est pas la source de ma peur. Mon unique problème, c'est de le croiser. L'équipe est peut-être neuve, mais il est toujours là. Aucun d'eux n'a conscience qu'un de leurs coéquipiers est un poison. Le poison de mon existence.

Il faut que tu en parles ! Ne laisse pas cette histoire sous silence.

Cette petite voix a toujours des solutions, mais elle ignore que les choses sont bien plus compliquées que ça. Parler, c'est me condamner, et je refuse d'être encore plus prisonnière que je le suis déjà.

Tyler s'accroche à mon bras et m'entraîne jusqu'à la maison. Dès que mon pied touche la première marche du perron, respirer devient difficile. Mes mains sont moites, une bouffée de chaleur déstabilisante me submerge.

Nous franchissons la porte d'entrée et la musique assourdissante fait vibrer mes organes comme un électrochoc. Mon regard parcourt la pièce : rien n'a changé. Tout est similaire à la première et unique fois que je suis venue. Les murs peints en vert olive jusqu'au plafond, la partie inférieure ornée de boiseries blanches en trompe-l'œil, et le parquet en noyer foncé complètent l'ensemble.