Installée dans mon lit, un livre entre les mains, je n'arrive pas à avancer dans ma lecture. Avec le recul, j'ai honte de ma réaction devant Jude et Marlon. La peur de devenir leur souffre-douleur m'a fait paniquer.
Arrête de t'en vouloir, t'as eu raison !
J'ai du mal à m'en convaincre, même si Jude a tout fait pour me rassurer. Au départ, quand il m'a proposé la promesse du petit doigt, j'ai trouvé ça idiot. Puis, je me suis souvenu de ce que disait Tyler. D'après lui, Jude ne jure que par ça et lorsqu'il l'utilise, on peut lui faire une confiance aveugle. J'espère qu'il dit vrai.
Au pire des cas, on enverra Joyce lui péter le petit doigt !
Aucun doute qu'elle en serait capable. En parlant d'elle, la porte de la chambre s'ouvre. À l'expression de son visage, il devient évident que sa soirée au fast-food ne s'est pas déroulée comme prévu. Intriguée, je ferme mon livre et le pose sur la table de nuit avant de remonter mes lunettes sur mon crâne.
Ma colocataire fait les cent pas. Elle soupire. Après plusieurs allées et venues entre nos bureaux, elle s'arrête et se tourne vers moi.
— Tu penses que je peux mettre mon boss dans une friteuse, sans avoir de problème derrière ?
— Euh, non...
— Dommage !
Elle retire sa barrette, libérant ses longs cheveux bruns qui tombent jusqu'au milieu de son dos, avant de s'avachir sur la chaise de son bureau. Elle s'appuie sur l'accoudoir, pince ses lèvres entre son pouce et son index, tout en gardant le silence. Ça ne lui ressemble pas, et je ne peux m'empêcher de la questionner :
— Qu'est-ce qui se passe ? Je croyais que tu te plaisais dans ce fast-food...
— On se plait toujours dans un boulot avant de voir l'envers du décor... J'aimerais bien être comme toi et ne pas avoir de prêt étudiant...
Je grimace, mal à l'aise.
— Tu sais très bien que ce n'est pas complètement une chance. Mon père n'est pas ce qu'on fait de mieux...
Quand elle réalise ce qu'elle vient de dire, elle bondit de sa chaise en plaçant une main sur sa bouche. Les lèvres pincées, je retiens mon sourire. Sa réaction ne m'étonne pas. Joyce est bourrée de qualités, mais elle a aussi ses défauts. En plus de manquer de patience, elle ne réfléchit jamais avant de parler, ce qui crée souvent des situations malaisantes. En y réfléchissant bien, elle ressemble beaucoup à Marlon. La maladresse et elle ne font qu'un. Affolée, elle saute sur le lit et s'empare de mes mains pour s'excuser.
— Oh putain ! Cassy, je suis désolée.
— Ce n'est rien, ne t'en fais pas.
— Non, c'est pas rien ! J'suis ton amie, je devrais pas dire des choses comme ça devant toi... Ni même derrière. Je connais ta situation, j'ai aucune excuse. Faut vraiment que j'apprenne à faire attention, bordel !
Elle m'offre une moue désolée devant laquelle je ne peux pas m'empêcher de rire, mais voyant qu'elle s'en veut vraiment, je lui tends les bras. Elle m'enlace et niche son visage dans mon cou, se confondant encore en excuses.
— Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu sois autant sur les nerfs ? Bon, t'es tout le temps sur les nerfs, mais au point de vouloir mettre ton patron dans la friteuse... Il a dû bien t'énerver.
— Une personne qui l'énerve et tout le monde ramasse. Avec Taylor, on en a pris plein le nez parce que la vaisselle n'allait pas assez vite, sauf qu'on peut pas aller plus vite que le lave-vaisselle.

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THE ICE KINGS
RomanceTHE ICE KINGS Jude, hockeyeur en quête de rédemption après une rupture, se consacre entièrement à son sport, prêt à tout pour redorer l'image de son équipe. Cassy, étudiante en journalisme, rêve d'une vie universitaire sans barrières mais peine à s'...