THE ICE KINGS

6# CASSY - COMME UN BOUC !

Lorsque nous arrivons devant la patinoire du campus, mon cœur s'emballe. Travailler sur le hockey pendant une année m'enthousiasme, mais être si proche de l'équipe me laisse un goût amer. Surtout, devoir collaborer avec l'un d'eux me noue l'estomac. J'essaie de me convaincre que tout ira bien, mais l'angoisse me rattrape.

Une chose est sûre, je refuse de m'isoler encore une fois. Même si ce conflit restera secret, me couper du monde n'est pas une solution.

La manière dont tu gères le problème n'en est pas une non plus !

C'est vrai, mais les options sont limitées et je n'ai aucune envie d'y penser pour l'instant.

— T'es drôlement silencieuse, remarque Joyce.

— Je réfléchis à mon organisation.

Dans ce mensonge résonne une part de vérité, mais je n'ose pas la regarder dans les yeux. Expliquer à Joyce qu'un des joueurs me fait chanter depuis un an serait une très mauvaise idée. Elle débarquerait sur la glace avec une pelle pour l'assommer.

— Relax ! Tu as promis d'être plus cool cette année, et ça commence par arrêter de tout régenter.

— Pour réaliser leur projet en temps et en heure, je n'ai pas le choix. Mais je te promets de faire un effort dans notre chambre.

— Merci ! s'exclame-t-elle. Franchement, le rangement par couleur me donne l'impression de vivre dans un arc-en-ciel.

Ses yeux ronds à la fin de sa phrase me font sourire. Dès que nous atteignons les gradins, je m'arrête. Mon regard balaie l'immense espace qui s'offre à nous et un sentiment de bien-être m'envahit. Le froid ambiant s'infiltre sous mes vêtements et je frissonne, tandis que des souvenirs me submergent.

J'avais huit ans lorsque j'ai assisté à mon premier match de hockey. Les Rangers de New York affrontaient les Red Wings de Detroit. Mes parents, grands supporters des Rangers, m'emmenaient à chaque match. Encore aujourd'hui, je suis émerveillée par l'ambiance unique de ces rencontres. Les supporters, incroyablement enthousiastes, chauffent les gradins avec une telle ferveur qu'il m'est impossible de rester assise. À chaque match, je le vis intensément, comme si j'étais sur la glace.

Hâte que tu assistes à l'un de leurs matchs ! À tout moment, tu débarques sur la glace pour jouer à leur place.

Une main devant la bouche, je me retiens de rire. Si le jeu des Huskies est aussi médiocre que la saison dernière, je vais devoir me faire violence pour rester calme.

— Mademoiselle Lawson ?

La voix du coach me sort de mes pensées. Il m'attend au bord de la patinoire, tandis que Joyce agite la main pour me faire signe de venir.

Sans attendre, je descends les marches, offrant une grimace désolée. Ensemble, nous longeons la patinoire pour rejoindre les entraineurs. Après une brève présentation, Joyce et moi les saluons d'un sourire crispé.

— Vous êtes prête à rencontrer l'équipe ? demande le coach.

— Oui, s'empresse de répondre Joyce.

Surpris par son enthousiasme, monsieur Stewart, arque un sourcil. Après un coup de sifflet perçant, les joueurs nous rejoignent. Il me suffit de croiser un regard pour baisser la tête et avoir envie de fuir.

Moi j'dis, on emprunte le casque de Nate et on lui rentre dedans tête baissée. Comme un bouc !

Parfois, je me demande si cette petite voix m'aidera à affronter le monde ou si elle finira par me conduire à l'asile.