Le premier entraînement de l'année donne le ton. Après avoir vu son fils faire blup blup blup dans les vestiaires, le coach a toutes les raisons de nous faire payer notre relâchement.
L'année dernière, l'équipe n'a pas dépassé la saison régulière du championnat universitaire. Bien qu'il n'ait jamais remporté de titre en tant que coach, se faire éliminer aussi tôt a été un véritable coup de massue.
— Au centre, hurle l'assistant de monsieur Stewart.
Sur la patinoire, seuls nos patins qui martèlent la glace se font entendre. L'ambiance est plus que tendue, au point qu'aucun de nous n'ose dire un mot. Il suffit de croiser le regard de notre entraineur pour être dissuadé de parler.
Parfois, je me demande comment un homme si froid a pu engendrer quelqu'un d'aussi excentrique que Marlon. Ils n'ont rien en commun, et monsieur Stewart est souvent déconcerté par les extravagances de son fils.
Maintenant que l'équipe forme un demi-cercle face à lui, le coach glisse vers nous.
— Les performances que nous avons réalisées l'année dernière sont lamentables, elles sont même inacceptables. Est-ce que vous êtes fières de vous ?
Un silence déstabilisant envahit la patinoire, alimentant encore davantage sa colère.
— Est-ce que vous êtes fière de vous ? répète-t-il en haussant le ton.
— Non, Coach, répondons-nous en chœur.
— Bien sûr, je veux que nous remportions le championnat, mais avant tout, j'attends de vous un jeu exemplaire. Je veux des joueurs qui se donnent corps et âme sur la glace. Je veux pouvoir être fier de mes joueurs, et que vous soyez fiers de vous.
Il marque une pause et passe devant chacun de nous. Aucun de nous ne parvient à affronter son regard, et nous restons tête baissée, fixant la glace.
— Aujourd'hui, j'ai confiance en l'équipe qui est devant moi. Maintenant, c'est à vous de la garder. Je vous informe également qu'un nouveau capitaine et un nouvel adjoint seront élus. Nous allons en débattre entre coachs durant les prochaines semaines et vous serez informés en temps voulu. C'est tout pour aujourd'hui.
Dans un silence pesant, nous rejoignons le vestiaire. L'ambiance est lourde, comme après une défaite. Personne n'ose dire un mot, et tous les regards sont rivés vers le sol. À peine arrivé, je retire tout mon équipement et file sous la douche.
Une main posée contre le mur, j'ouvre l'eau et place ma tête sous le jet, savourant la sensation des gouttes qui glissent dans mon cou et le long de ma colonne. Le meilleur moment de la journée. Marlon est le premier à me rejoindre, et la façon dont il s'approche ne présage rien de bon.
Alors que je me savonne, il se place devant moi. Sa proximité me met mal à l'aise. Il est si près que je distingue le grain de beauté dans son sourcil gauche. Nous sommes nus comme des vers, et même si j'ai l'habitude de voir les autres à poil, je n'ai aucune envie que sa bite effleure la mienne.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? demandé-je en reculant d'un pas.
— J'essaie de lire dans ton regard, chuchote-t-il en me fixant avec insistance.
— Dégage de là, pesté-je en le poussant.
— Je veux savoir si tu as basculé du côté obscur depuis que la sangsue des enfers t'a envoyé sa proposition indécente !
Sérieusement ? Il se colle presque à moi pour une connerie pareille ? Je soupire en fermant les yeux. Si Ezra et Lewis ne sont pas du genre curieux, Marlon est une fouine croisée avec une taupe et un chien policier. Parfois, l'envie de l'envoyer promener est tentante, mais je prends sur moi en permanence.

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THE ICE KINGS
RomanceTHE ICE KINGS Jude, hockeyeur en quête de rédemption après une rupture, se consacre entièrement à son sport, prêt à tout pour redorer l'image de son équipe. Cassy, étudiante en journalisme, rêve d'une vie universitaire sans barrières mais peine à s'...