En route pour ma seconde année universitaire, je n'ai jamais été aussi heureuse de quitter New York. Confortablement installée à l'avant du véhicule conduit par Newton, mon chauffeur personnel, je me donne à fond sur Style de Taylor Swift.
— Vous êtes en très grande forme aujourd'hui, mademoiselle Lawson.
— Newton, il me semblait avoir été très clair sur nos rapports une fois que nous sommes en dehors du penthouse de mon père. Pas de vouvoiement et appelle-moi par mon prénom.
— Excuse-moi. J'ai toujours peur qu'un micro soit caché quelque part dans l'habitacle.
Une idée me vient et un léger sourire se dessine sur mon visage. J'augmente le volume et redouble d'efforts pour chanter encore plus fort. Pour faire simple, je hurle comme pas permis. Motivé par mon entrain, Newton abandonne son rôle d'homme sérieux pour s'égosiller en ma compagnie. Au service de mon père depuis que je suis petite, il connaît lui aussi chaque musique sur le bout des doigts.
Lorsque nous arrivons sur le parking attenant à mon dortoir, le refrain débute. Newton tire le frein à main et nous poursuivons notre concert. La musique est si forte qu'elle est audible de l'extérieur, poussant les étudiants présents à se tourner vers nous. Heureusement que les vitres sont teintées.
Dès que la dernière note se fait entendre, Newton s'empresse de baisser le volume, ce qui me fait réagir :
— Tu es sûr que tu ne veux pas la chanter une dernière fois ?
— Est-ce que tu sais combien de fois cette musique s'est répétée depuis que nous avons quitté New York ?
— Trente-sept fois exactement. Et ça, c'est parce que nous n'avons eu aucun souci sur la route et que tu as dépassé la limite de vitesse autorisée, sinon nous aurions eu le temps de l'écouter encore une fois.
Amusé, il secoue la tête en souriant et ouvre sa portière pour sortir. Je l'imite et le rejoins à l'arrière de la voiture pour récupérer ma valise.
— La maison va être bien triste sans toi jusqu'à Thanksgiving, grimace-t-il.
— Tu écouteras du Taylor Swift en pensant à moi.
— Hors de question, je compte bien faire un sevrage jusqu'à ton retour. Pour essayer d'apprécier de nouveau l'une de ses chansons quand on se retrouvera.
— D'accord, soupiré-je. On mettra du Katy Perry, la prochaine fois.
Son visage se décompose tandis que ses yeux s'arrondissent. Une main devant la bouche, je pouffe sans retenue. Il finit par tendre son index dans ma direction :
— Sache que je t'apprécie énormément, mais que tes goûts musicaux sont une horreur condamnable !
— You got that James Dean daydream look in your eye, chanté-je.
— Et ta voix est un crime !
Cette fois, je ris à gorge déployée. Même si je me garde bien de le dire, Newton va beaucoup me manquer jusqu'à fin novembre. Nous nous séparons après une rapide accolade, durant laquelle il tapote mon crâne comme il l'a toujours fait.
Respire, cette année tout ira pour le mieux.
Elle, c'est ma petite voix. Elle est mes ambitions, mes coups de gueule, mes peines. Elle dit tout haut les mots qui meurent dans ma bouche. Elle exprime librement mes envies et me pousse à surmonter mes craintes. Elle me promet qu'elle finira par disparaître, mais à force, je commence à croire que je vais me la farcir jusqu'à la fin de mes jours.

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THE ICE KINGS
RomanceTHE ICE KINGS Jude, hockeyeur en quête de rédemption après une rupture, se consacre entièrement à son sport, prêt à tout pour redorer l'image de son équipe. Cassy, étudiante en journalisme, rêve d'une vie universitaire sans barrières mais peine à s'...