— Tu cherches vraiment à perdre ton pari, Klein ?
Les regrets n'ont plus leur place dans mon esprit. Pas maintenant. Pas quand ma dague est déposée sur sa gorge et son corps plaqué contre le mur, sous le mien.
De peur qu'il m'attaque, j'ai décidé, comme une idiote, de le faire en premier. Après avoir préparé ma lame — dont je m'estime désormais propriétaire étant donné que j'ai tué le précédent possesseur —, je l'ai suivi et attendu le moment propice pour l'attaquer, sans que personne ne soit dans les environs.
Et je n'ai pas trouvé d'autre endroit que sa chambre. Par chance, il doit être en deuxième ou en troisième année, car il ne partage sa chambre avec personne. Contrairement à moi, qui dois dormir avec une inconnue pouvant me poignarder à tout moment. Heureusement, Farah a usé de ses relations pour échanger de colocataire. Je n'ai donc plus à m'en soucier.
La lâche que je suis l'a attaqué par-derrière, au moment où il avait baissé sa garde.
Je n'aurais jamais pu le battre autrement. Alors j'ai profité de cette faille. Les valeurs importent peu lorsque la vie elle-même est en danger.
Mais l'idée que je lui avais offert, sur un plateau d'argent, l'occasion idéale de me tuer sans difficulté ne m'a traversé l'esprit que trop tard.
— Je ne le perdrai pas, je te l'ai déjà dit.
— Ce n'est pas ce que tu laisses transparaître.
— Peu importe. Je ne suis pas venu pour ça, ni pour te tuer.
— Je n'en ai pas l'impression.
— Les oubliettes, lui rappelai-je.
Ses traits se durcissent. Il a dû penser que, du haut de sa tour d'ivoire, il était intouchable. Mais ça a été sa première erreur.
Sa deuxième est de sous-estimer la mort, qui peut le frapper à tout moment. Même si je ne possède pas de grandes capacités physiques et que, dans un combat au corps à corps, il aurait sans aucun doute l'avantage, il n'est pas immunisé contre une hémorragie, surtout si sa veine jugulaire est coupée. D'autant plus qu'au cas où, j'ai ajouté du poison à ma lame, poison que j'ai volé à l'armurerie, comme il l'avait fait avec moi.
Mais pour l'instant, je ne peux pas le tuer. Et il doit sûrement le savoir. S'il meurt, je meurs. Mais si je dois mourir, il mourra avec moi.
Ce n'est cependant pas dans mes projets de mourir, encore moins entre ces quatre murs. Je refuse de réduire à néant tous les efforts que j'ai fournis.
Mon anxiété augmente en voyant que son visage n'exprime aucune trace de peur vis-à-vis de la mort. Je la cache derrière un masque d'indifférence.
S'il pense pouvoir me faire peur, il a réussi. Mais je ne le lui montrerai pas.
— Passons un accord.
— Et pourquoi je passerais un accord avec une humaine ?
— Si mon origine t'importe vraiment, alors je t'ai surestimé. Pour l'instant, sache juste que je ne te laisserai pas me tuer.
— Tu comptes me tuer avant, c'est ça ?
— Si tu ne coopères pas avec moi, je pourrais. Mais tu sais comme moi que je ne suis pas venue pour ça.
— Parle.
— Je ne te demanderai pas grand-chose, en échange de mon silence et de ta vie sauve.
Il ne répond rien, intrigué par mes paroles, ce qui me rassure plus ou moins.
— Un service. Je ne te dirai pas encore quoi, mais promets-moi que si c'est dans tes capacités, tu le feras.

VOUS LISEZ
Rosehill
RomanceAlors qu'elle s'imaginait intégrer l'une des écoles les plus prestigieuses du monde, Nova Klein se retrouve propulsée dans une académie surnaturelle où sa survie dépend d'un secret : son identité d'humaine. Pris au piège dans cet endroit où la mort...