L'atmosphère est oppressante. Le seul son qui résonne dans mes oreilles est celui de ma respiration, qui se fait bien trop forte.
Les élèves continuent d'applaudir la directrice, mais une expression que je reconnais comme mauvaise dessine ses traits.
Elle ne le dit pas à voix haute, mais quiconque la regarde suffisamment longtemps peut comprendre le message qu'elle veut faire passer.On ne doit pas se réjouir trop vite. L'année vient à peine de commencer.
Je déglutis.
Je dois vraiment sortir d'ici.
Ce n'est qu'une question de temps avant que je ne devienne qu'un cadavre parmi tant d'autres.
Elle termine son long monologue — qu'elle n'a probablement pas écrit elle-même —, et dont je n'ai pas écouté un seul mot, trop absorbée par mes pensées.
Une fois finie, elle adresse un léger coup d'œil à la foule avec un sourire toujours aussi pervers, puis elle part avec la même prestance avec laquelle elle était arrivée.
Son âge ne doit pas être un grand obstacle pour elle. Même après qu'elle soit partie, l'air reste palpable. Je me retourne sur moi-même ; cédant à la tension et à la curiosité qui parcourt mes veines.
Mais il n'est plus là.
Pourtant, je le sens encore me regarder.
Je suis encore en danger, s'il est dans les parages.
Je sais que cette fille — qui doit être ma seule alliée dans cette école — m'avait dit de ne pas sortir de son champ de vision.
Mais je ne sais même pas où elle est, et je n'arrive plus à respirer correctement.J'ai l'impression que si je reste une minute de plus dans cet endroit, mes poumons finiront par m'abandonner.
La pression des précédents événements s'est relâchée sur mon corps en l'espace de quelques secondes.
Et je ne sais pas si je vais pouvoir la supporter ici.Alors l'instinct de mon corps prend le dessus, et mes jambes avancent d'elles-mêmes vers les jardins où je devais me rendre au départ.
Plus j'avance, plus l'air me devient vital. J'arrive, en plus de temps que je ne l'aurais voulu, dans un jardin entouré de murs végétaux.
Je continue à progresser vers l'avant, en quête d'un endroit où m'asseoir.
Au bout de plusieurs minutes de recherche, j'en trouve enfin.
Je m'assoupis alors sans attendre, sur un banc de wengé, au vu de sa couleur foncée.Je compte alors ma respiration.
3. 6. 9.
Elle finit enfin par se calmer au bout d'un certain temps, même si elle reste tout de même irrégulière.
Je décide de rester un peu plus longtemps assise et les yeux fermés, essayant de réfléchir plus posément aux possibilités qui s'offrent à moi.
Mais peu importe à quel point mon cerveau traite les calculs possibles, je n'arrive à aucun bon résultat.
Je n'ai pas les valeurs précises de x pour pouvoir résoudre une opération, avec des réponses nettes et claires, si ce n'est que des dérivées bien trop lointains pour être possibles.Je dois retrouver cette fille. Seule elle pourra me donner ces valeurs, pour que je sache enfin quoi faire tout en me permettant d'arriver à comprendre ce que je fais ici.
Je me relève, inspirant avant de repartir. J'observe un peu plus ce qui m'entoure, le temps ne me pressant que peu. Le chemin est rempli de ronces et de viorne hivernale, augmentant à nouveau ma confusion.

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Rosehill
RomanceAlors qu'elle s'imaginait intégrer l'une des écoles les plus prestigieuses du monde, Nova Klein se retrouve propulsée dans une académie surnaturelle où sa survie dépend d'un secret : son identité d'humaine. Pris au piège dans cet endroit où la mort...