Rosehill

Chapitre 4

— Nova, c'est ça ?

— Putain, mais t'es vraiment une tarée, toi !?

J'essaie de m'échapper de sa prise, mais impossible.
Comment peut-elle avoir une poigne aussi forte ?

De toute façon, au moment où j'ai déposé un pied dans ce foutu car, toute logique a dû s'évaporer.

— Commence par baisser d'un ton. Les murs sont plus fins que tu ne le penses.

— Qu'est-ce que tu veux au juste ?

Je crois halluciner lorsqu'un sourire qui se fait sincère étire ses lèvres. Comme si elle essayait de me rassurer.

Elle me relâche, me permettant de mieux respirer. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'essaie ni de fuir ni de l'attaquer en retour. Et je pense qu'elle a dû le sentir, car elle m'a libérée bien trop facilement.

— Tu es humaine, c'est ça ?

SI elle m'avait fait une telle remarque en temps normal, j'aurais ricané à son nez et l'aurais prise pour une hystérique.
Je ne sais pas si j'ai tort ou pas de lui faire confiance, mais j'hoche simplement la tête, persuadée qu'elle est disposée à me fournir des explications sans que ma vie ne soit mise en jeu.

— Je ne sais pas ce que tu fous ici, Nova. Et tu ne dois pas le savoir non plus au vu de tes expressions faciales. Mais sache que tu as vraiment beaucoup de chance qu'il n'y ait que moi qui aie identifié ta véritable nature.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Et t'es quoi, alors, si t'es pas humaine ?! Et ne me fais pas avaler de mensonges.

— Nova, je crois que tu n'as pas encore réalisé l'ampleur de la situation. Pour la faire court, si tu crois qu'on est à Rosehill, enlève-toi cette idée de la tête. Votre académie d'humains n'a absolument rien à voir avec la nôtre.

— Mais je n'ai rien à faire ici alors !

— C'est bien ce que je te dis. Je ne comprends pas comment une humaine a réussi à s'infiltrer dans notre école, mais si l'administration découvre ton identité, ils te tueront sans hésiter. C'est la première fois qu'un tel accident se produit depuis plusieurs siècles.

J'assimile avec difficulté l'information que je redoutais le plus. Ses mots se répètent en boucle dans ma tête. Ils me tueront.
Même si je n'accepte qu'à moitié cette part de vérité, je ne peux plus fuir. Je n'ai désormais plus droit à l'erreur.

— Il n'y a pas un moyen pour que je retourne chez moi ? demandé-je plus posément.

— S'il y en avait un, je ne serais pas en train de te parler à l'heure actuelle. Je t'expliquerai plus en détail tout ce que tu veux savoir, mais pour l'instant, fais-toi discrète et n'attire surtout pas les soupçons sur toi. Ils ne peuvent pas te tuer en dehors des épreuves, mais la mort est loin d'être le pire châtiment existant dans cette académie.

Je ne trouve pas les mots adéquats pour lui répondre. Tout en moi est hors de contrôle, j'arrive à peine à maîtriser mes émotions. Après quelques instants de réflexion, elle finit par me prendre la main avant de me diriger hors de la pièce.

Je la suis sans résister.

— On va où ?

— Le discours de début d'année de la directrice va bientôt commencer. Tu n'as pas reçu l'info, je suppose.

Elle s'arrête un instant avant d'ajouter plus sérieusement :

— Ne quitte pas mon champ de vision. Les élèves de cette académie sont bien plus dangereux que tu ne le crois. Surtout les Liaves.