𝚆𝙴𝚂𝚃𝙲𝙾𝙰𝚂𝚃

𝙿𝚁𝙾𝙻𝙾𝙶𝚄𝙴

⚝

 La vie, qui a en partage la tempérance, le courage, la sagesse, ou la santé, est plus agréable que celle où se trouvent l'intempérance, la lâcheté, la folie ou la maladie. – Platon

 ⚝

 « Je vais mourir. »

C'est la première pensée qui a traversé mon esprit lorsqu'on m'a diagnostiqué une tumeur au cœur avec un risque potentiel qu'elle se propage dans tout le corps.

« Peut-être un an ou plus, si une opération est réalisée, même dans ce cas, rien n'est garanti.»

Dans tous les cas, autant accepter cette nouvelle réalité dès maintenant, qu'attendre que la souffrance arrive et me prenne petit à petit.

D'ici, sauter me semble être le meilleur moyen pour arrêter de vivre. Mon sang tâcherai le sol enneigé, mélangeant la pureté de la nature à mon acte punissable dans les cieux.

Je me demande comment est le Paradis. Est-ce que je vais y monter par des longues marches remplies de lumière et d'enchantement, avant de devoir descendre dans les profondeurs parce que je mérite d'être puni ?

Donner une maladie incurable à une gamine de dix-huit ans, c'est ça qui devrait être puni.

« Tu dois te battre, on va faire notre maximum pour que tu puisses survivre. »

À quoi bon ? Se battre n'est jamais suffisant. Et c'est si facile à dire pour eux, ils ne sentent pas à quel point je souffre.

J'aimerais arrêter mon destin, couper ma ligne de vie, me reposer en paix. Jusqu'ici, je vivais comme une adolescente normale, alors pourquoi tout gâcher ?

Demain, je retournerai au lycée comme si de rien n'était alors que mes jours sont comptés. Demain, je devrai faire comme si tout allait bien. Demain, si je ne fais rien, mes professeurs penseront que je suis en train de gâcher mon avenir. Mais je ne peux rien dire... Je n'ai plus d'avenir.

Alors... Autant mourir ici et maintenant. Sur le toit de l'hôpital.

On retrouvera mon corps qui aura explosé après la chute, on parlera de moi comme une fille sans problème qui n'a pas voulu se battre contre sa maladie, laissant ses parents et ses amis dans un terrible état.

Dans la poche de ma blouse d'hôpital, mon portable vibre et je m'en empare en soupirant. L'écran s'allume sur un message de mon meilleur ami qui m'envoie une photo de sa nouvelle guitare électrique verte. Ce qui suit, me brise le cœur. Il ne connaît pas mon état et pense que je le suivrai jusqu'au bout du monde toute notre vie. Après tout, c'est ce qu'on s'est promis il y a longtemps...

« Je t'ai pris des places pour le concert de la semaine prochaine. On ira ensemble, j'ai une nouvelle chanson à te présenter. »

Je risque de croupir mes derniers mois à l'hôpital si je ne me tue pas tout de suite et il ne mérite pas ça. Je devrais sans doute arrêter notre amitié afin qu'il soit moins affecté par ma mort...

Je range à nouveau mon portable dans ma poche avant de prendre un grand bol d'air hivernal. Les flocons de neige dansent lentement autour de moi, tombant comme des larmes de l'azur.

Une brise glaciale s'engouffre, me faisant frémir.

L'envie de m'envoler, de fuir cette douleur, devient de plus en plus pressante.

Quand il n'y a plus d'espoir dans la vie, rien ne sert de forcer le destin...