Némésis

CHAPITRE 12

« L'espoir est la seule chose plus forte que la peur. »
Suzanne Collins - Hunger games

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Ambre

Cela fait trois semaines que je n'ai pas mis les pieds à Albuquerque, pourtant, j'ai l'impression que ma visite improvisée chez Andrew remonte à hier.
Trois semaines que j'ai décidé de mettre mon plan à exécution... et dans moins de dix jours, je serai mariée comme convenu au fils de l'homme qui m'a tout volé.

Comment j'ai pu tomber si bas ?

J'observe le ciel dégagé d'Albuquerque en enfonçant ma cassette grise sur mon crâne.

Pourquoi je suis ici déjà ?

Ah oui, parce que j'ai décidé dans un élan de nostalgie stupide de remonter les traces de mon passé juste avant mon mariage.

Je longe la mythique route 66 via Centrale Avenue et observe avec un léger émerveillement les bâtiments qui s'alignent devant moi.

Quand j'arrive dans la vieille ville, là où se situe ma maison, une boule se forme dans mon estomac. Je sens l'acide remonter dans ma gorge en observant les familles et les touristes s'amuser dans ce quartier toujours très marqué par la colonisation espagnole.

J'observe les échoppes de succéder. Les coiffeurs, les épiceries, les écoles
Je suis surprise de voir que chaque boutiques que j'ai laissé est toujours à sa place. Debout, accueillant avec plaisir les clients qui s'y aventurent.

J'adorais venir acheter les donuts de chez Charlie's. Je m'arrête à la vitre de la devanture, et hume les odeurs de sucre et de chocolat.

Ça sent divinement bon. Et mon estomac est d'accord avec moi, puisqu'il se met à rugir à l'idée de goûter à ces délices.

Mais je ne craque pas et fais demi tour pour m'éloigner. Ça me rappelle trop de souvenirs que j'essaye d'oublier.

Je m'éloigne de l'agitation pour pénétrer dans le quartier résidentiel. Ici, les petites maisons pittoresques s'alignent les unes à côté des autres, identiques. Puis, au milieu de ses habitations qui respire la joie de vivre, se dresse les décombres de ce qui a été un jour mon foyer.

Je n'étais jamais revenue ici.
J'avais peur de ce que j'y trouverai. Et j'aurais peut-être mieux fait de m'abstenir.

Je pensais qu'avec le temps, il finirait par détruire la maison pour y reconstruire quelque chose. Mais il semblerait que le drame qui a entourée cette demeure ait coupé l'envie à qui que ce soit d'habiter ici.

Les murs calcinés tiennent toujours debout malgré le temps qui s'est écoulé. La toiture noircie s'effondre à certains endroits et la végétation a tellement poussée qu'elle m'arrive aux genoux.

L'odeur de la pluie matinale, mélangée à la chaleur environnante me replonge dans mes souvenirs.

Je me revois, enfant, a courir dans ce jardin avec Sébastien. Malgré nos huit ans d'écart, on s'amusait beaucoup lui et moi. J'adorais prendre le rôle de ma mère et m'occuper de lui.

Je chevauche les herbes hautes et marche jusqu'au perron de la maison. Je pousse la porte du bout des doigts, et elle finit par s'écarter dans un grincement insupportable.

Un frisson d'horreur parcours la totalité de mon corps lorsque je tombe sur ce qui était autrefois notre salon. Le lieu où tout s'est terminé.

Le canapé à moitié rongé par les flammes est couvert de cendre et de poussière. Les toiles d'araignée s'étalent partout dans la maison, et à chaque pas que je fais, les insectes s'écartent de peur de se faire écraser.