𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 6

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Ava, présent

Jeudi

En ouvrant les yeux, je ne sais pas où je suis. 

Cette chambre monotone et désordonnée m'est totalement inconnue. Mais cette odeur qui y règne me reste familière.

 Mon cerveau encore endormi se réveille peu à peu en repensant à cette conversation.

 Fuir, c'est la seule chose que je pense alors, je ne peux pas rester dans cet endroit détruit par les problèmes. 

Je remis de l'ordre dans ma coiffure en faisant du mieux que je pouvais, mais au moment de prendre mon manteau, quelque chose m'interpelle.

 Mon cœur rate un battement.

 Pourquoi je n'ai jamais de chance, putain ? 

Comme si je n'étais pas assez détruite, il faut encore continuer la liste jusqu'à ce que même la vie ne soit plus présente, c'est ça ?

C'est à cet instant, alors que mes pensées deviennent de plus en plus inquiétantes, que la porte s'ouvrit sur un Hayden surpris de me voir avec cet objet maudit dans la main.

 Le regard farouche et mes yeux rouges sont pourtant la seule chose qu'il voit et analyse

. Alors qu'il aurait dû être affolé, se demander pourquoi j'ai une arme dans la main. Mais non, il attend seulement ma réaction, nos souffles, les seuls témoins de notre présence dans cette pièce.

-  PUTAIN HAYDEN, QU'EST-CE QUE TU FOUS ? JE VAIS DEVENIR FOLLE AVEC TOUTES CES MERDES.

-  Ava, il y a une raison. Écoute-moi, s'il te plait.

- DIS MOI QUE C'EST UNE BLAGUE HAYDEN. QUE TOUT CE QU'IL SE PASSE EST UNE SIMPLE BLAGUE. DEJA QU'EST-CE QU'IL T'A PRIS DE M'AMENER ICI, TON PÈRE N'EST PAS LÀ AU MOINS ?

-  Je ne sais pas où tu habites, et tu semblais tellement paisible en dormant. Bien sûr que non, mon père est en voyage d'affaires et ne reviendra pas avant plusieurs jours. Tu me penses vraiment capable de prendre le risque qu'il ne te fasse la même chose ?

-  MAINTENANT CRACHE MOI TON EXCUSE POUR CE QUE J'AI ENTRE LES MAINS ! UN FLINGUE !!!

-  Calme-toi, Ava, s'il te plait, je n'aime pas ce que je lis dans tes yeux. Mardi, pendant que tu m'envoyais un message, je prenais les mauvaises décisions. J'ai réussi à avoir un flingue et le soir même, j'allais commettre l'irréparable. J'avais prévu de le faire après notre sortie, mais on s'est éternisé, je n'ai pas fait attention à l'heure. Il était déjà parti pour son voyage d'affaires. J'allais réellement le faire, Ava. La maison était calme, mais plus pour longtemps.

Mon cerveau bouillonne, je ne suis plus moi-même. Je n'ai même plus la force de réagir. 

Je restai là à le regarder, on voyait mon âme plus que mes yeux. 

Je pris juste le paquet de cigarettes posé sur la table basse avec son briquet et me mis à fumer. Je me sentais observé, il ne regarde pas la couverture d'un livre, mais il est plutôt en train de lire son contenu ou plutôt de le comprendre.

-  Ava, dis un truc. C'est encore pire que tu ne me dises rien. Je ne sais pas, crie, hurle-moi dessus. Ta réaction me fait peur.

Le monde me parait alors si innocent, c'est comme si je flottais. 

Mon corps est uniquement présent, mais ne l'est pas vraiment non plus.

 Mes jambes m'emportent loin, très loin, je suis en train de courir. Je ne sais même plus comment j'ai tué le temps toute la journée. 

Peut -être que j'ai juste marché, peut-être que j'ai été chez moi, je ne sais plus. Les heures, minutes et secondes continuent de défiler. 

Jusqu'à cette rue, je m'assis à la même place, mais il était déjà là. Je regarde dans le vide et trouve maintenant le paquet et le briquet dans ma poche et bien sûr, je m'allumai une cigarette.

-  Tu fumes, toi ? Je ne t'es pas vu non plus au lycée aujourd'hui.

Je ne réponds rien, ça m'importe peu.

-  Tu ne devrais pas rester ici toute seule le soir, tu sais.

-  J'aime bien, et puis je ne suis pas toute seule. Tu es là.

Ma voix trembla légèrement en lui disant ça. Je ne sais même pas ce que je dis, je ne suis pas sûre d'apprécier sa compagnie.

- Ça va devenir notre rituel alors. Tu fuis quoi toi ?

Il me répondit en me prenant la cigarette. Il la porta à sa bouche, inspira profondément et laissa la fumée s'échapper lentement dans l'air.

-  Ne pose pas des questions que toi-même, tu ne répondras pas.

J'essayai de me relever, mais un faux mouvement et me voilà presque sur le sol. Il me rattrapa au dernier moment, l'atmosphère devient étrange.

-  Tu n'as pas mangé depuis combien de temps ? Aller, vient, on va manger un truc.

Nous marchons jusqu'à quelques rues plus loin, un food truck s'y trouve.

-  Pourquoi t'es si différent du lycée ? D'habitude, t'as l'air... en fait, je ne sais pas.

Au moment où je croquai dans mon burger, un regard attira mon attention. Hayden se trouvait maintenant devant nous. Il nous fixe comme si nous étions devenus fous. De longs regards lourds de sous-entendus sont échangés.

-  Ava, il vaut mieux que tu partes. Me dit Hayden.

Je suivais son conseil, qui était plus un ordre. Je n'ai pas envie d'être en sa présence après ce qu'il m'a dit. Alors qu'une rue me sépare de l'endroit où on se trouvait, un téléphone vibre. Je remarquai à temps que cette veste que je porte n'était pas la mienne, comme ce téléphone.

ASHLEY

Ce nom, j'avais presque envie de décrocher pour la faire enrager.

Pourtant, mon instinct me poussa à revenir sur mes pas. Mes oreilles sifflent.

-  Qu'est-ce que tu fous, Connor ? Tu n'as pas le droit de faire ça

-  Faire quoi ? Tu t'es trouvé une petite protégée ou quoi ? Tu n'es pas seul au monde, mec. Les emmerdes, c'est universel.

C'est à ce moment-là que je me décide à réapparaitre. L'expression d'Hayden changea d'un seul coup.

-  Tiens, Connor, j'ai oublié de te les rendre. D'ailleurs, Ashley a appelé. Fais plus attention la prochaine fois, ça m'étonnerait qu'elle apprécierait de m'entendre au bout du fil.

Et je lui tendis son téléphone ainsi que sa veste en lui faisant un clin d'œil. Je ne lançais même pas un regard à Hayden, je suis encore indécise à son sujet. Et je repartis.

Le trajet me parut durer longtemps, trop longtemps.

Cette journée est incompréhensible. Ma tête est lourde, mes muscles me font mal, mais je m'empêche de dormir et de me retrouver dans cette boucle une fois de plus.

À demain, à St Bratt cette fois. Un avenir m'attend peut-être encore...

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