𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟐

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Owen

Flash back, 6 ans plus tôt :
Appartement Owen, 15h00 :

- Comment ça tu vas te marier ?! hurlé-je en suivant ma mère à travers toute la maison, mes pas résonnant sur le sol.

Elle continue d'avancer, impassible, son dos droit et ses gestes calmes comme si elle ne venait pas de me balancer une bombe.

- Je me suis mariée, rectifie-t-elle d'une voix tranquille en ouvrant le réfrigérateur.

Mon cœur rate un battement, une vague d'incrédulité me submerge.

- C'est une blague ?! je crie, la voix un peu plus aiguë.

Elle sort une bouteille d'eau du réfrigérateur, son expression toujours aussi indifférente. Sans même me regarder, elle me la lance et la bouteille heurte ma poitrine avant que je ne puisse l'attraper correctement.

- Sois content pour ta mère au lieu de faire cette tête, tu ne veux pas que je sois heureuse ? me dit-elle, son regard maintenant planté dans le mien.

Je tiens la bouteille entre mes mains, le plastique se froisse sous la pression de mes doigts, une grimace se formant sur mon visage.

- Mais maman, tu ne pouvais pas m'en parler avant de prendre une décision aussi importante ? C'est qui ce type ? je m'exclame en soupirant.

Elle lève les yeux au ciel, un geste qui me fait bouillir de l'intérieur, comme si ma réaction n'était qu'une pure exagération. Elle referme le réfrigérateur d'un coup sec, se tournant pour me faire face, ses bras croisés sur sa poitrine.

- De toute façon, c'est fait maintenant, alors tu ferais mieux de t'y habituer.

Je la fixe, stupéfait, alors qu'elle commence à préparer le dîner, comme si de rien n'était. Je recule lentement, ma tête envahit par trop d'informations, mes pas me guident jusqu'à l'étagère où sont exposées toutes nos photos de famille. Du coin de l'œil, une image particulière attire mon attention.

C'est une photo de nous trois, prise il y a des années lors d'une sortie au zoo. Mon père est là, souriant, ses bras protecteurs autour de nous, ma mère et moi. Elle a réussi à l'oublier, à tourner la page, alors que son souvenir continue de me hanter. Mon cœur se serre en pensant à la facilité avec laquelle elle semble passer à autre chose, tandis que je me débats encore avec le vide laissé par son absence.

- Au passage, prépare-toi, parce qu'il vient dîner ce soir, ajoute-t-elle d'un ton détaché.

Je reste figé sur place, ma main se serrant inconsciemment autour du cadre photo. La perspective de rencontrer cet inconnu qui a pris la place de mon père dans sa vie me remplit d'une haine que je ne parviens pas à dissimuler.

- Tu aurais pu m'en parler, murmuré-je en reposant le cadre à sa place, le poids de la situation se faisant plus lourd dans ma poitrine.

Maman expire longuement avant de lever les yeux vers moi, une lueur de fatigue dans son regard.

- Écoute, Simon est très gentil, tu verras, commence-t-elle d'une voix plus douce, comme si elle tentait de me convaincre. Et puis, sa fille est incroya...

- Parce qu'il a une gamine ? la coupé-je, incapable de masquer la dureté dans ma voix.

Le ton que j'ai employé la prend de court. Elle fronce les sourcils, visiblement surprise par ma réaction. Le nom de ce Simon résonne dans ma tête, un étranger qui débarque avec une fille dans ma vie.

- Arrête de te plaindre bordel ! Simon pourrait être le père que tu as toujours voulu avoir.

Un rire nerveux m'échappe, ce qui la fait froncer des sourcils.

ESMERALDAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant