CHAPITRE 29

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-IAGO-

1 mois est passé depuis que j'ai entendu les mots dévastateurs qui avaient brisé ce qui restait de mon monde. Le temps semblait se mouvoir différemment dans l'hôpital. Les heures s'étirent, s'étouffant sous le poids de ma douleur. Les murs blancs de ma chambre étaient devenus mes seuls témoins, silencieux et indifférents à mon désespoir. Rachel ne donnait aucune nouvelle. Apparement elle aurait quittée la ville.

Les médecins avaient fait leur travail, me surveillant, me parlant de médicaments, de thérapies et même de l'avenir. Mais chaque mot résonnait comme une farce. L'avenir ? Quel avenir avais-je sans elle ? La douleur de sa perte m'écrase, et je me sens comme une coquille vide, errant sans but.

J'étais resté dans mon lit, regardant le plafond, perdu dans mes pensées. Parfois, je pensais à ses rires, à ses sourires. D'autres fois, je me perdais dans l'obscurité de mon chagrin, où le souvenir de son visage se mêlait à l'angoisse de ne jamais la revoir. Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais son expression de désespoir, son regard plein de douleur. Je me haïssais pour ne pas avoir été là pour elle, pour ne pas avoir vu les signes, pour ne pas avoir pu la sauver.

J'avais eu la visite de Sally qui s'est excusée. Je l'ai pardonné et lui ai promis d'essayer de réintégrer ma mère dans ma vie.
Le jour de ma sortie de l'hôpital, je n'avais aucune envie d'y aller. J'étais un fantôme dans mon propre corps, une ombre errante, prisonniers de mes souvenirs. Les médecins avaient insisté pour que je parte, me parlant de rétablissement, de guérison, mais je ne pouvais pas entendre ces mots. Je voulais rester là où je pouvais pleurer en silence, loin de la réalité, loin des autres.

Mais le monde extérieur ne m'attendait pas. J'enfile mes vêtements, ce que je pensais être un acte de rébellion contre cette réalité que je ne voulais pas accepter. Quand je sors de l'hôpital, l'air frais me frappe le visage. Je l'accueille comme un choc, une brise glaciale qui me rappelait que la vie continuait, que tout le monde avançait, sauf moi.

À l'entrée de l'hôpital, je vois Pedro. Il attendait là, une expression de préoccupation sur son visage. Quand nos yeux se croisent, il se rapproche, son visage se durcissant avec l'inquiétude.

«- Iago, je suis tellement désolé... »

Avant que je ne puisse réfléchir, je me retrouve dans ses bras. Une vague de chagrin m'envahit, et je pleure contre lui, lâchant toutes les émotions que je m'étais retenues pendant ces deux jours. Les larmes coulaient sans relâche, mêlant ma souffrance à son soutien.

«- Je... je ne sais pas comment faire, sanglotais-je. Je ne peux pas... je ne veux pas vivre sans elle... »

Il me serre plus fort, et je sens sa chaleur, sa présence me rappelant que je n'étais pas complètement seul dans cette douleur.

«- Écoute, Iago, je suis là pour toi. Je ne sais pas ce que tu ressens, mais je sais que c'est terrible. Tu n'as pas à porter ce fardeau seul » murmure-t-il, sa voix pleine de réconfort.

Ses mots étaient une lueur d'espoir dans ma tempête intérieure, mais la douleur restait insupportable.

«- Je suis censé être là pour elle. Je ne l'ai pas protégée »

Ma voix éteinte, presque inaudible. C'est ma faute.

Pedro recule légèrement pour me regarder dans les yeux, une intensité sérieuse dans son regard.

«- Verazza ce n'est pas ta faute. Tu n'as pas pu contrôler ce qui s'est passé. Aprile a pris sa propre décision, et tu ne pouvais pas savoir à quel point elle était blessée »

Je secouai la tête, incapable de voir la vérité dans ses mots. Je tourne la tête, évitant son regard. Les sentiments de culpabilité et de désespoir me dévoraient de l'intérieur. Chaque pensée était comme un coup de poignard, ravivant ma douleur. Je voulais crier, mais les mots restaient coincés dans ma gorge.

«- Tu as essayé d'aider, continue Pedro. C'est tout ce que tu pouvais faire. Parfois, même les meilleures intentions ne suffisent pas »

Son regard était empreint de compréhension, mais il était trop difficile de voir au-delà de ma propre douleur. À ce moment-là, une voix familière résonna dans ma tête. C'était Jude, une hallucination insidieuse qui s'éveillait, moqueuse et cruelle.

«- Regarde-toi, Iago. Tout ça pour quoi ? Tu n'as même pas pu garder quelqu'un que tu aimais en vie, dit sa voix avec un sarcasme mordant. Quelle déception »
.
Je fermai les yeux, tentant de chasser ce spectre de mon esprit. Je n'avais pas la force de lui faire face. Je savais qu'il avait raison, d'une certaine manière.

«- Je suis là, Iago. Qu'est-ce que tu attends pour lui faire face ? » demande Jude, sa voix résonnant comme un écho sinistre. Tu as toujours été trop faible pour protéger les gens que tu aimes.
Les mots de Jude étaient comme une litanie, un refrain déchirant qui ne voulait pas me quitter. Je me concentrai sur Pedro, mais la présence de Jude s'intensifia, rendant mes pensées confuses.

«- Pourquoi tu ne lui dis pas à quel point tu es désolé ? Pourquoi tu ne lui demandes pas pardon ?

- Verazza, tu es avec moi ? »demande-t-il, son regard plein d'inquiétude. Tu n'as pas besoin de t'enfermer dans ta douleur.

Jude éclate de rire dans ma tête.

«- Écoute-le, Iago. Il veut te sauver, mais tu sais aussi bien que moi que personne ne peut t'aider »

Je reste silencieux, me concentrant sur la chaleur des bras de Pedro qui m'entouraient.

«- Qu'est-ce qui se passe dans ta tête ? Je peux voir que tu es ailleurs ? continue Waster.

- Je... je suis désolé, murmurais-je, mes mots se heurtant à l'angoisse qui m'envahissait. Je ne sais pas comment gérer ça »

Les larmes coulaient encore, et je ne pouvais pas échapper à cette réalité.

«- Tu n'as pas besoin de t'excuser, Iago, me souffle-t-il  avec douceur. C'est normal d'être perdu. Je suis là pour toi. Dit toi qu'on est enfin libre des recherchent foireuses »

Mais la rouquine se moque de moi, sa voix cinglante.

«- Perdu ? C'est une blague, Iag. Tu es dans un trou noir, et tu ne sais pas comment en sortir. Tu crois vraiment que quelqu'un peut t'aider ? »

Je gratte  ma tempe, luttant pour ignorer la voix de Jude. Je me concentre sur Pedro, sur sa présence, sur ce qu'il représentait pour moi.

«- Je suis désolé, je n'arrive pas à...

- À quoi ? À accepter que tu as échoué ? Je le savais déjà. C'est pourquoi je suis là. Tu es trop faible, trop brisé pour t'en sortir » souffle-t-elle

Pedro me regardait avec insistance, ses yeux cherchant à établir un lien.

- Iago, je veux t'aider. Mais tu dois m'ouvrir la porte, sinon je ne peux pas entrer »

La voix de Jude se fout encore de ma gueule, se mêlant aux mots du binoclard.

- Ouvre la porte ? C'est ça, Iago ? Tu sais déjà qu'il ne peut pas t'aider. Laisse-le s'en aller, et fais face à la vérité : tu es seul »

La douleur me paralysait, et je ne pouvais pas me résoudre à le regarder  dans les yeux.

«- Je... je suis désolé, lâchais-je, ma voix brisée par le chagrin. Je me sens si perdu... »

Il ne lâche pas prise.

«- Tu n'es pas seul. Je suis là, et je veux t'aider à porter ce fardeau. Mais tu dois me laisser entrer, Iago. Je ne peux pas le faire à ta place. Je sais qu'il y a quelque chose »

Les mots de Pedro résonnèrent dans ma tête, et je ressens un léger répit au milieu de ma tempête intérieure. Peut-être que, juste peut-être, je pouvais m'accrocher à sa présence...?

«- Je ne sais pas si je peux » murmurais-je, ma voix à peine audible.

La voix de Jude s'éteignit lentement, comme un murmure au loin.

«- Iago, tu as le pouvoir de changer ça, dit Pedro, et sa voix était pleine d'espoir. Je suis ici, peu importe combien de temps cela prendra. Tu dois juste accepter que tu as besoin d'aide »

Je ferme les yeux, inspirant profondément. La douleur était toujours présente, mais je commençais à réaliser

«- J'ai besoin d'aide. J'ai besoin de faire taire Jude de ma tête... »

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